Cette disposition, initialement applicable aux fonctionnaires, a été étendue aux agents contractuels par décret fin février, provoquant une vive opposition syndicale et un appel à la mobilisation unitaire.
Une mobilisation intersyndicale persistante
Depuis la mi-avril, les huit syndicats ont lancé une pétition intersyndicale visant à faire pression sur le gouvernement pour obtenir le retrait de cette mesure. Elle a recueilli plus de 108 000 signatures à ce jour. Un communiqué du 20 mai 2025 réaffirme leur volonté de « poursuivre la diffusion » de cette pétition et « de faire signer massivement » le texte dans les services publics. Les organisations syndicales dénoncent une atteinte aux droits des agents et une mesure injuste, qui pénalise les personnels les plus exposés aux risques professionnels et sanitaires, notamment dans les secteurs hospitalier, social et éducatif, où les conditions de travail sont déjà particulièrement exigeantes.
Les syndicats critiquent également l’absence de concertation préalable et le choix du gouvernement d’inscrire cette mesure dans la loi de finances, sans débat approfondi sur ses conséquences sociales et humaines. Ils y voient une dégradation supplémentaire des conditions de travail et une forme de culpabilisation des agents placés en maladie. Pour les signataires, la réduction de la protection sociale des agents publics va à l’encontre de l’exemplarité attendue de l’employeur public.
Un dialogue social mis à mal
Au-delà de la seule question du taux de remplacement, cette mobilisation traduit un malaise plus profond dans la fonction publique. Depuis plusieurs années, les représentants des personnels alertent sur la montée des tensions sociales, la perte de sens au travail et la fragilité du dialogue social. L’absence de réelles négociations sur des sujets impactant directement les conditions de travail contribue à nourrir un climat de méfiance et de défiance vis-à-vis des autorités centrales.
Cette crise pourrait raviver les revendications relatives à la reconnaissance des spécificités des missions publiques – comme les interventions d’urgence, l’accueil des publics fragiles, ou la continuité du service dans des contextes difficiles – et au besoin de garanties statutaires solides. Le recours fréquent à des mesures budgétaires contraignantes, sans concertation, met en péril les efforts engagés pour construire un dialogue social plus apaisé et constructif. En appelant à une mobilisation large et unitaire, les syndicats réaffirment leur rôle de contre-pouvoir essentiel dans la défense des intérêts des agents publics.
La mobilisation engagée contre la baisse du taux de remplacement en cas d’arrêt maladie s’inscrit dans une dynamique plus large de défense du service public et de ses agents. Le gouvernement est désormais confronté à une opposition syndicale forte, structurée et unie, qui entend peser dans le débat public. Reste à savoir si cette pression aboutira à un infléchissement de la mesure ou, à tout le moins, à une relance du dialogue social autour des conditions de travail dans la fonction publique. Les prochaines semaines seront déterminantes, notamment à l’approche des discussions budgétaires rectificatives annoncées pour début juillet.