Lors d’une conférence de presse organisée la semaine dernière, les syndicats ont tiré la sonnette d’alarme : ils fustigent une « politique de l’offre qui assèche les ressources fiscales » et qui fragilise l’ensemble des missions de la fonction publique. En d’autres termes, en choisissant de réduire drastiquement les dépenses publiques pour satisfaire des impératifs économiques, le gouvernement mettrait en péril la qualité et la pérennité des services rendus à la population.
Des économies massives qui inquiètent les syndicats
Au cœur de la contestation : les 40 milliards d’euros d’économies prévus dans le projet de loi de finances 2026, une somme colossale qui n’est pas sans conséquences. Le gouvernement prévoit notamment la fusion d’un tiers des agences et opérateurs de l’État, une mesure qui pourrait entraîner des milliers de suppressions de postes. Pour les syndicats, ce choix budgétaire est purement comptable et ne prend aucunement en compte les besoins réels des citoyens ou la charge de travail des agents.
La circulaire signée par le Premier ministre François Bayrou fin avril ne fait qu’attiser la colère. Elle invite les ministères à la « maîtrise » de la masse salariale, dans un contexte où celle-ci a crû de 6,7 % en 2024.
Mobilisation dans la rue : une démonstration de force « attendue »
Un point presse est prévu mardi 13 mai à 13h30 à proximité du ministère de l’Économie, en présence de la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. Le cortège se dirigera ensuite vers la place de la Nation à partir de 14h. Cette journée d’action vise à rappeler que les agents publics ne sont pas une variable d’ajustement et que derrière les lignes budgétaires, ce sont des femmes et des hommes qui assurent au quotidien des missions essentielles.
La précédente mobilisation, qui avait eu lieu un mois plus tôt, n’avait rassemblé que peu de grévistes, moins de 2 % dans chaque versant (État, hospitalière, territoriale). Mais les syndicats espèrent retrouver l’élan du 5 décembre 2024, quand près de 20 % des agents de la fonction publique d’État, en particulier dans l’Éducation nationale, avaient cessé le travail.
L’enseignement supérieur au cœur des inquiétudes
L’université et la recherche sont particulièrement touchées par les arbitrages budgétaires. Le 25 avril, le gouvernement a officialisé des coupes dans les crédits destinés à l’enseignement supérieur et à la recherche. Pourtant, les besoins sont croissants : flambée des prix de l’énergie, masse salariale en hausse, inflation… Malgré une hausse de 300 millions d’euros du budget alloué aux universités en 2025, le président de l’université de Bordeaux, Dean Lewis, alerte : « C’est insuffisant au regard des dépenses nouvelles, qui sont de l’ordre de plus de 600 millions d’euros ».
Les conséquences sont connues : gel de recrutements, fermetures de formations, dégradation des conditions de travail et d’accueil des étudiants. Les universités ne pourront pas assumer seules une telle pression budgétaire, surtout après des années de restrictions.
Des agents stigmatisés et déconsidérés
Au-delà des chiffres, les syndicats dénoncent une « stigmatisation » croissante des agents publics dans le discours politique. Ils refusent que les fonctionnaires soient désignés comme responsables des déficits de l’État, alors qu’ils sont au cœur des solidarités, de l’éducation, de la santé, de la sécurité et du bon fonctionnement démocratique.
Le malaise est profond : la perte de sens, la pression hiérarchique, la stagnation salariale, et maintenant, les menaces sur les emplois et les moyens. Tout cela alimente une fatigue professionnelle et un sentiment d’abandon chez ceux qui, pourtant, ont été en première ligne pendant les crises sanitaires, sociales et économiques récentes.