La CFDT et Sens du service public pointent l’urgence de revoir la politique de rémunération des agents

Publié le 24 mai 2023 à 9h00, mis à jour le 24 mai 2023 à 8h52 - par

Augmentation de la valeur du point d’indice pour tous les agents et ajout de points sur les grilles de rémunération : deux mesures indispensables pour contrer la dégradation inexorable de la rémunération des agents, due à l’inflation et au gel du point entre 2010 et 2022. Un choix budgétaire et politique…

La CFDT et Sens du service public pointent l'urgence de revoir la politique de rémunération des agents
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Cette semaine, les organisations syndicales de la fonction publique rencontreront le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini. Des réunions bilatérales sur la revalorisation du pouvoir d’achat des agents, mis à mal par l’inflation galopante et le gel du point d’indice entre 2010 et 2022. Car, « après plusieurs mois d’un conflit social inédit et inachevé sur les retraites, le pouvoir d’achat et l’attractivité de la fonction publique restent des enjeux majeurs », ont rappelé la CFDT Fonctions publiques et le think tank Sens du service public lors d’une conférence de presse le 16 mai 2023.

Ils revendiquent une augmentation de la valeur du point d’indice pour tous les agents au moins équivalente à celle de l’an dernier (3,5 %), ainsi qu’un ajout de points sur les grilles de rémunération. Cette dernière mesure étant davantage significative pour les salaires les plus faibles. Malgré l’augmentation de 3,5 % en 2022, le gel de la valeur du point pendant douze ans, cumulé à 6 % d’inflation, a largement réduit le salaire et le pouvoir d’achat des agents. En outre, chaque revalorisation du SMIC déstructure les grilles indiciaires, car le salaire moyen de la fonction publique augmente moins vite que le SMIC.

Désormais, par rapport au SMIC, un agent de catégorie A au 1er échelon perçoit 179 euros de plus que le SMIC (rémunération indiciaire) et un agent de catégorie B au 1er échelon touche 14,55 euros de plus que le SMIC…

Ce « tassement » des grilles a de multiples conséquences. Au-delà de renforcer le manque d’attractivité des métiers de la fonction publique, il entraîne des problèmes d management d’équipe et de motivation et reflète un manque de considération pour les agents. Et si les métiers du secteur public n’attirent plus, cela risque de remettre en cause la continuité de certains services, contraints de fermer ou de réduire l’amplitude des horaires d’ouverture aux usagers, faute de personnel.

« Certes, la revalorisation a un coût, mais c’est un choix budgétaire et politique », estime Johan Theuret, directeur général adjoint chargé du pôle ressources à la ville de Rennes et à Rennes Métropole, et cofondateur du think tank Sens du service public. Il en veut pour preuve que, alors que l’augmentation de 3,5 % consentie à tous les fonctionnaires en 2022 coûte 7,5 milliards d’euros pour les trois versants, supprimer la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et la redevance audiovisuelle représente un renoncement annuel à 7 milliards d’euros de recettes fiscales. « Or, le président de la République a annoncé le 15 mai 2023 qu’il veut supprimer 2 milliards d’euros d’impôts pour les ménages d’ici la fin de son mandat ».

Johan Theuret pointe l’importance du « décrochage » des traitements par rapport au secteur privé où des négociations individuelles sont fréquentes. La CFDT Fonctions publiques et Sens du service public préconisent notamment d’indexer la valeur du point en recourant aux négociations annuelles obligatoires (NAO). « Cela donne de la visibilité aux agents et aux employeurs, précise Johan Theuret. Sinon, il est impossible de construire des budgets. À Rennes, je ne peux pas agir sur le régime indemnitaire si je ne sais pas comment évolue le traitement indiciaire. Or, le régime indemnitaire provoque des inégalités de traitement ».

Sans être optimiste sur l’issue des négociations, il se déclare toutefois confiant« : « à un certain moment, la sagesse et la raison l’emporteront par une revalorisation de la valeur du point. L’État aussi est un employeur et il ne peut pas entretenir durablement des problèmes de recrutement. »

Mais il rappelle l’urgence à agir dans les plus brefs délais. « Si ce n’est pas annoncé avant l’été, je ne sais pas comment on pourra assurer la pérennité des services publics. Il n’y a pas forcément besoin de recettes supplémentaires, c’est une question d’arbitrage des dépenses publiques. Sans compter qu’avec l’inflation, les collectivités ont elles aussi bénéficié d’une dynamique de leurs recettes… » Une urgence dont le think tank n’a pas manqué de faire part à Stanislas Guerini, qu’il a rencontré fin avril.

Martine Courgnaud – Del Ry

Tandis que dans la fonction publique, le salaire moyen a augmenté de 8,83 % depuis 2011, les salariés du privé ont bénéficié d’une revalorisation de plus de 14 %.


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