La GIPA : un outil aux effets disparates sur les catégories de fonctionnaires
La garantie individuelle du pouvoir d’achat (GIPA) a été créée en 2008 pour compenser la stagnation des traitements des fonctionnaires dans un contexte où l’inflation rognait leur pouvoir d’achat. Ce mécanisme permettait aux agents de recevoir une compensation financière lorsque leurs salaires n’augmentaient pas aussi vite que l’inflation sur une période de quatre ans. Toutefois, lors de son intervention devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, le 23 octobre 2024, Guillaume Kasbarian a souligné que la GIPA, dans son application, générait des disparités entre les différentes catégories hiérarchiques de la fonction publique. Certains agents, notamment des catégories les mieux rémunérées, profitaient davantage de ce dispositif par rapport aux agents de catégories plus modestes. Selon le ministre, la suppression de la GIPA est donc une mesure visant à harmoniser les dispositifs de rémunération et à mieux cibler les aides pour les fonctionnaires les plus vulnérables. Plutôt que de maintenir un mécanisme perçu comme inéquitable, l’État souhaite orienter ses efforts vers des mesures de revalorisation salariale plus efficaces et justes pour l’ensemble des agents publics, telles que l’augmentation des primes de performance et la revalorisation des grilles salariales des catégories C et B.
Enjeux financiers, attractivité de la fonction publique et dialogue social
D’un point de vue financier, la suppression de la GIPA représente une économie pour l’État. Cependant, Guillaume Kasbarian a insisté sur le fait que cette économie serait réinvestie dans des dispositifs de revalorisation de carrière et de renforcement des conditions de travail des agents. L’objectif est de proposer des augmentations salariales plus transparentes et de réduire les disparités qui subsistent entre les différentes catégories de fonctionnaires. Pour le gouvernement, attirer de nouveaux talents dans la fonction publique passe par une réforme en profondeur de la grille salariale, et par une meilleure reconnaissance des compétences et des responsabilités, telles que la maîtrise des outils numériques, les compétences en gestion de projet, ou encore l’adaptabilité face aux nouveaux défis administratifs.
La suppression de la GIPA est ainsi présentée comme une première étape vers un système de rémunération plus dynamique et compétitif, capable de rivaliser avec le secteur privé tout en garantissant une équité entre les agents.
La suppression de la GIPA a un impact direct sur le dialogue social. Bien que cette mesure ait été perçue par certains syndicats comme une décision unilatérale, Guillaume Kasbarian a affirmé qu’elle s’inscrivait dans une volonté de renégocier les bases de la rémunération des fonctionnaires en concertation avec les partenaires sociaux. L’idée est de remplacer les mécanismes jugés inefficaces par des mesures plus inclusives et d’améliorer la reconnaissance du travail des agents à travers une politique salariale modernisée.
Le ministre a également rappelé que le contexte actuel d’inflation généralisée ne pouvait pas être ignoré, et qu’une attention particulière serait portée à la protection du pouvoir d’achat des fonctionnaires les plus exposés. Ainsi, la suppression de la GIPA s’accompagne d’un engagement à mettre en place de nouveaux dispositifs de soutien adaptés à ceux qui en ont le plus besoin.
La suppression de la GIPA est donc un choix qui illustre la volonté du gouvernement de rationaliser les dépenses publiques, tout en cherchant à proposer des réformes de fond pour améliorer l’équité salariale au sein de la fonction publique. Les défis sont nombreux, mais le ministre de la Fonction publique a réitéré son engagement à accompagner cette transition par le dialogue social et la concertation.