La déshydratation des personnes âgées

Prévenir la déshydratation chez les seniors : besoins, risques et conseils essentiels

Contexte

Les seniors sont une population à haut risque de déshydratation. Cette fragilité est liée à plusieurs facteurs :

  • une perte de la sensation de soif ;
  • une altération de la fonction rénale : le rein du sujet âgé retient moins bien l’eau et le sel et est donc moins apte à lutter efficacement contre la déshydratation ;
  • un amoindrissement de la masse maigre, qui renferme la quasi-totalité de l’eau de l’organisme.

Agissant sur la diminution des apports, la diminution de la ration alimentaire participe également à cette déshydratation.

L’ensemble de ces facteurs concourent à diminuer dangereusement l’apport hydrique chez le senior. Il est donc important de disposer de quelques repères sur l’hydratation des personnes âgées, les signes précurseurs d’une déshydratation et les moyens de la prévenir.

Les apports hydriques quotidiens nécessaires

L’apport hydrique quotidien, pour assurer une bonne hydratation de l’organisme, devrait être de un litre et demi par jour. Comment arrive-t-on à un tel chiffre ? L’organisme perd chaque jour environ deux litres et demi d’eau par les voies digestives, cutanées, respiratoires et rénales. L’apport en eau par les aliments lui fournit moins d’un litre d’eau. Il est donc nécessaire de boire un litre et demi par jour pour lui assurer un bon équilibre hydrique.

Ce repère varie selon les conditions extérieures (forte chaleur notamment, avec des pertes importantes par transpiration) et doit être adapté en fonction des données individuelles (âge, poids, intensité de l’activité pratiquée, fièvre…).

Les besoins et problèmes spécifiques des personnes âgées

Le mot d’ordre concernant l’eau pourrait être : boire sans soif. À partir de 60 ans, la perte d’eau corporelle est de 20 %, et la déshydratation peut survenir brutalement.

L’envie de boire diminue avec l’âge : c’est pourquoi il faut boire un litre et demi d’eau par jour, sans soif (en incluant la boisson du petit-déjeuner et le potage).

Les apports doivent être majorés en cas de fièvre, de diminution des prises alimentaires ou de fortes températures.

L’évolution liée à l’âge fait des seniors une population à haut risque de déshydratation. S’ajoutent à ces altérations la diminution de la faim et de la ration alimentaire, ainsi que l’augmentation du seuil de perception de la soif.

Alors que les besoins hydriques sont identiques, voire légèrement supérieurs, à ceux des adultes plus jeunes, tous ces facteurs concourent à diminuer dangereusement l’apport hydrique chez le senior.

Les signes d’une déshydratation

Environ 70 % des adultes français n’atteignent pas la recommandation d’un litre et demi de boissons par jour. Les conséquences d’une hydratation insuffisante sur la santé sont la présence de calculs dans le système urinaire (lithiase urinaire), des infections urinaires ainsi que toute une série d’autres affections probables, comme la constipation et des dysfonctionnements du système cardio-vasculaire tel que l’hypertension.

Le problème de la déshydratation est qu’elle s’installe sournoisement, sans signe d’appel majeur. En effet, lorsque la sensation de soif apparaît, le corps a déjà perdu 1 % de sa teneur en eau. En effet, contrairement aux idées reçues, la soif fonctionne comme un mécanisme d’alerte et non comme une régulation. Lorsque l’on a soif, le corps est déjà sous-hydraté.

Au-delà de cette limite, un déficit d’hydratation peut entraîner des dysfonctionnements notables, en particulier chez les seniors. Par exemple, un déficit hydrique de 2 %, en apparence relativement faible, se répercute immédiatement sur les capacités cognitives avec une baisse de la vigilance, une sensation de fatigue, une diminution de la mémoire à court terme, une diminution de l’efficacité du calcul arithmétique et une augmentation du temps de réponse.

Devant les conséquences d’une telle déshydratation, qui peut rapidement devenir aiguë et nécessiter une hospitalisation chez ces personnes plus fragiles, une prévention active doit être mise en place, particulièrement chez les seniors en perte d’autonomie.

La prévention efficace

Les moyens que nous souhaitons mettre en place pour installer une prévention efficace à long terme contre la déshydratation des personnes âgées passe par une véritable ritualisation liée à une intégration rigide de comportements quotidiens.

Nous pouvons inviter les personnes âgées autour d’une table afin de les sensibiliser au problème de la déshydratation. L’information doit débuter par un tour de table sur le contenu de la ration d’eau de chaque résident et les gestes qu’ils effectuent pour recevoir cette ration.

Après ce premier tour de table, l’animateur (ou un autre professionnel) énumère lentement les comportements souhaitables, en les mimant si possible. Puis il leur fait répéter ces gestes en précisant l’environnement.

Exemple :

« Vous vous mettez à table, vous vous asseyez. Que faites-vous ?

– Même si je n’ai pas soif, je me verse un verre d’eau et je le bois entièrement, puis je commence à manger. »

Les comportements à intégrer

  • Débuter et finir le repas par un verre d’eau.
  • Toujours avoir une bouteille d’eau sur soi.
  • Laisser dans le champ de vision un verre ou une petite bouteille, plus facile à manier et moins dissuasif qu’une grande bouteille d’eau ou une carafe.
  • Augmenter la quantité de liquide nécessaire en cas de température extérieure élevée, d’appartement surchauffé ou de fièvre.
  • Varier les boissons proposées.
  • Multiplier les occasions de boire ensemble.
  • Plus généralement, inciter le résident à boire sans soif, par petites quantités, à raison de huit verres par jour, soit un verre par heure.

Notre conseil

  • Une hydratation correcte ne peut passer chez les seniors que par la prévention. Il est nécessaire de boire régulièrement, sans attendre d’avoir soif, car alors il est trop tard et l’organisme souffre déjà de sous-hydratation.
  • L’eau est la seule boisson indispensable, mais toutes les boissons participent à une bonne hydratation. Il ne faut donc pas hésiter à diversifier les apports hydriques pour une meilleure motivation à atteindre la valeur repère de un litre et demi par jour.

Évitez les erreurs

  • Évitez une information trop rapide, susceptible de ne pas être comprise et entraînant la non-adhésion des personnes âgées.
  • Pensez à contrôler, vous-même ou les autres professionnels, les personnes les plus fragiles, dépendantes ou atteintes de troubles cognitifs, dans l’incapacité de gérer elles-mêmes ce problème de déshydratation.

Faq

Quelles boissons peut-on proposer aux personnes âgées ?

L’eau représente 72 % de notre corps. C’est le transporteur des substances hydrosolubles (protéines, glucides, minéraux, vitamines) dans le corps, entre les différentes parties du corps et entre les différents compartiments cellulaires (milieux intra- et extracellulaires).

Le café, le thé et les tisanes permettent d’augmenter l’apport hydrique quotidien, surtout chez les personnes n’aimant pas l’eau… Une sensibilité plus ou moins grande aux deux premiers, procurant insomnie et énervement, doit faire moduler la quantité et les horaires de leurs prises.

Les boissons sucrées doivent être prises exceptionnellement, lors de fêtes ou d’anniversaires. Leur fort contenu en sucre peut s’avérer délétère. Leur apport doit donc être modéré.

Les jus de fruits ne remplacent pas les fruits, dont on a retiré les fibres bénéfiques et le rassasiement lié au croquant.

L’alcool apporte 7 kilocalories par gramme. Il paraît bénéfique sur la santé grâce à l’alcool lui-même et aux tanins présents dans le vin rouge, à raison d’un à deux verres par jour chez les femmes et de deux à trois verres par jour chez les hommes. Chez les personnes âgées, cet apport bénéfique pourrait être cependant abaissé à un verre par jour, étant donné la dégradation des processus enzymatiques hépatiques.

Pourquoi les seniors sont-ils particulièrement vulnérables à la déshydratation ?

La vulnérabilité des seniors s’explique par la diminution de la sensation de soif, des fonctions rénales altérées et une masse maigre réduite. Ces facteurs limitent leur capacité à réguler l’hydratation de manière efficace.

Quel est l’apport hydrique quotidien recommandé pour les personnes âgées ?

L’apport recommandé est d’environ 1,5 litre d’eau par jour, pour compenser les pertes d’eau corporelles liées à la digestion, la respiration et la transpiration.

Quels sont les principaux signes de déshydratation chez les seniors ?

La déshydratation chez les seniors se manifeste par une baisse de vigilance, de la fatigue, une mémoire affaiblie et des difficultés de concentration. Un déficit de 2 % peut affecter la cognition et entraîner des problèmes de santé importants.

Quels gestes simples aident à maintenir une bonne hydratation chez les personnes âgées ?

Il est conseillé de commencer et finir chaque repas par un verre d’eau, de garder une bouteille à portée de main, de boire sans attendre la soif, et de diversifier les boissons pour encourager une consommation régulière.

Quelles boissons sont conseillées et lesquelles sont à éviter pour les seniors ?

L’eau, le thé, les tisanes et de petites quantités de jus de fruits sont conseillés. Les boissons sucrées et l’alcool doivent être limités, car ils peuvent être déshydratants ou délétères en excès.

Publié le 25/10/2024

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