700 000 personnes âgées en perte d’autonomie en plus d’ici 2050

Publié le 29 octobre 2025 à 13h45 - par

L’Insee et la Drees viennent de publier des projections d’effectifs de personnes âgées en perte d’autonomie à l’horizon 2070.

700 000 personnes âgées en perte d'autonomie en plus d’ici 2050
© Par Photographee.eu - stock.adobe.com

En 2021, parmi les 18 millions de personnes de 60 ans ou plus vivant en France, plus de 2 millions étaient en perte d’autonomie, dont un tiers (670 000) en perte d’autonomie sévère. Si les tendances démographiques récentes se poursuivent et si l’état de santé continue de s’améliorer, explique l’Insee dans une étude publiée le 22 octobre 2025 en partenariat avec la Drees (Insee Première – n° 2078 – Octobre 2025), le nombre de seniors en perte d’autonomie augmenterait jusqu’aux années 2050 pour atteindre son maximum en 2052, avec 2,8 millions de personnes. En 2070, ils seraient encore 2,7 millions. À cette date, 4 % des personnes de 60 ans ou plus seraient en perte d’autonomie sévère.

Une trajectoire de la perte d’autonomie liée au vieillissement des générations du baby-boom

Selon cette trajectoire, la France compterait 700 000 seniors en perte d’autonomie de plus au début des années 2050 qu’en 2021, soit une évolution annuelle moyenne de + 1 %, et une évolution globale de + 36 %. La perte d’autonomie sévère augmenterait plus rapidement. Il y aurait 300 000 seniors supplémentaires en perte d’autonomie sévère entre 2021 et le début des années 2050, traduisant une évolution annuelle moyenne de + 1,2 % et une évolution globale de + 45 %.

Cette augmentation de seniors en perte d’autonomie entre 2021 et 2052 résulte de l’équilibre entre trois tendances, commentent l’Insee et la Drees. À elle seule, l’augmentation de la population des seniors dans son ensemble représenterait 550 000 seniors en perte d’autonomie supplémentaires. En outre, la population des 60 ans ou plus continuera de vieillir, entraînant une hausse de 750 000 personnes âgées en perte d’autonomie. Cependant, dans le même temps, les progrès en matière de santé et d’autonomie à âge donné permettraient d’éviter environ 600 000 situations de perte d’autonomie. L’augmentation des effectifs de seniors en perte d’autonomie due au vieillissement serait atténuée par un meilleur état de santé, résument l’Insee et la Drees.

Les territoires ruraux davantage touchés par la perte d’autonomie

La part de seniors en perte d’autonomie était plus élevée en 2021 dans les départements ruraux. Ainsi, elle se situe entre 13,5 % et 14,3 % en Ardèche, en Haute‑Loire, dans la Creuse, le Cantal et la Lozère. Cela s’explique en partie par la structure de la population. Dans ces départements, les seniors sont plus âgés qu’au niveau national : entre 36 % et 38 % des seniors y ont 75 ans ou plus, contre 35 % au niveau national.

Une hausse du nombre de seniors en perte d’autonomie qui varie selon les territoires

Selon l’étude, entre 2021 et 2052, la hausse du nombre de personnes en perte d’autonomie serait plus forte sur le littoral atlantique, en Corse, en Île-de-France sauf Paris, dans l’est de la région Auvergne‑Rhône‑Alpes et en Alsace, ainsi que dans les DOM, et  plus faible dans les départements du nord-est et du centre. Cela s’expliquerait par une augmentation du nombre de seniors, proche des 50 % dans les départements les plus urbanisés de l’ouest – Gironde, Ille‑et‑Vilaine, Loire‑Atlantique –, plus élevée dans l’Ain (+ 57 %) et en Haute‑Savoie (+ 60 %) et très forte dans les DOM, à savoir : Mayotte + 375 % à Mayotte et + 149 % en Guyane ! Ces évolutions sont toutefois à relativiser au vu du faible nombre de seniors en 2021 dans ces deux territoires, respectivement 13 000 et 29 000, tempèrent l’Insee et la Drees.

Le pic de seniors en perte d’autonomie ne serait pas atteint la même année selon les territoires, indique l’étude. Dans 55 départements, ce serait avant l’année 2050, notamment dans une zone allant de l’est de l’Hexagone vers le Massif central, où la part de personnes âgées dans la population est déjà élevée aujourd’hui. Par exemple, les départements de la Nièvre, du Cher, de la Marne, de l’Allier ou encore des Ardennes attendraient leur maximum au début des années 2040. À l’inverse, sept départements atteindraient leur pic de seniors en perte d’autonomie dans les années 2060 et treize départements, dont Mayotte, la Guyane, la Haute‑Corse et le Val‑d’Oise, à partir de 2070.

Les migrations contribueraient, de façon contrastée selon les départements, à accentuer ou atténuer cette évolution, développent l’Insee et la Drees. En effet, si les migrations suivaient les tendances observées, des seniors quitteraient l’Île-de-France, le Nord, ainsi que les métropoles, pour s’installer à l’ouest et au sud de l’Hexagone. Les mouvements migratoires entre 2021 et le début des années 2050 contribueraient donc à la hausse du nombre de personnes âgées en perte d’autonomie dans la moitié sud de l’Hexagone et en Bretagne et limiteraient cette hausse dans les départements du Nord et de l’Île-de-France, et dans ceux contenant une grande métropole.