Dans les collèges et lycées, une rigueur budgétaire « préoccupante » pèse sur la rentrée

Publié le 25 septembre 2025 à 13h30 - par

« On n’a jamais vu ça. C’est préoccupant ». Chefs d’établissements et enseignants alertent sur la baisse des enveloppes budgétaires dans les collèges et lycées en cette rentrée, obligeant à des arbitrages difficiles sur les projets, sorties et priorités affichées par le ministère de l’Éducation.

Dans les collèges et lycées, une rigueur budgétaire « préoccupante » pèse sur la rentrée
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« Les dotations sont en forte baisse partout, pour toutes les enveloppes », résume un proviseur de lycée en Bretagne qui souhaite rester anonyme. « Ça a un impact direct sur les projets qui devaient être mis en place », ajoute-t-il. « J’avais un projet prévu pour une section européenne. Il va tomber à l’eau ».

Si la ministre de l’Éducation démissionnaire Élisabeth Borne a affirmé que « la rentrée se faisait avec des moyens préservés » – avec un budget globalement stable –, sur le terrain les syndicats constatent des coupes budgétaires. Elles produisent « des effets bien concrets », a résumé la secrétaire générale de la CFDT Éducation, Catherine Nave-Bekhti, lors de sa conférence de presse de rentrée.

Le premier syndicat des chefs d’établissements, le SNPDEN-Unsa, a alerté lui aussi sur les « effets immédiats » de la « dynamique de tension budgétaire déjà à l’œuvre depuis quelque temps », selon les mots de son secrétaire général Bruno Bobkiewicz.

Heures supplémentaires, Indemnités pour mission particulière (IMP), « Pacte enseignant », « Pass Culture », subventions des collectivités locales… : autant de dispositifs sont impactés dans les collèges et lycées.

« Plus d’indemnités »

Pour le Pacte enseignant, mis en place en 2023 et qui prévoit des hausses de rémunérations conditionnées à de nouvelles missions, « l’enveloppe a énormément diminué » hors remplacement de courte durée, alors que « les besoins sont énormes », explique le principal d’un collège breton.

Le ministère assure, lui, que les dotations pour le Pacte « ont été globalement fixées sur la base des constats de consommation » pour 2024-2025, avec un accent mis sur « l’accompagnement aux devoirs et les stages de réussite ».

Mais alors que de nouvelles priorités s’ajoutent au fil des réformes, les chefs d’établissements témoignent d’une difficulté à rémunérer les différents « coordonnateurs » et « référents » qui se multiplient : culture, numérique, développement durable, égalité, ou désormais Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars), santé mentale…

Les heures supplémentaires et indemnités aussi « ont déjà été énormément réduites », indique le principal breton. « Ça devient très compliqué ».

« On doit nommer des référents qui ne veulent plus l’être parce qu’il n’y a pas d’indemnités en face », abonde un chef d’établissement de l’académie de Strasbourg souhaitant rester anonyme. « Pour l’éducation à la vie affective et sexuelle, il n’y a pas de moyens en place », détaille-t-il. « Pour le référent culture, il n’y a pas non plus d’indemnités ».

Projets annulés

Le « Pass culture » collectif apparaît aussi fortement touché en cette rentrée. Ce dispositif, qui permet de financer des projets et sorties culturels de collégiens et lycéens, avait été gelé au deuxième semestre de l’année scolaire dernière, pour éviter de dépasser l’enveloppe de 72 millions d’euros prévue pour 2025.

Si 15,2 millions d’euros ont été débloqués pour le premier trimestre de l’année scolaire, le budget pour 2026 est encore inconnu. Et les sommes attribuées aux établissements apparaissent minimes.

« Tous les projets réfléchis en juin et début juillet par les équipes sont remis en question », explique Nicolas Carli-Basset, principal d’un collège dans l’académie d’Orléans-Tours et membre du secrétariat national d’ID-FO. « La provision qu’on a pour commencer l’année correspond à un budget divisé au moins par trois ».

« On n’imaginait pas que ce serait à ce point », renchérit Estelle, enseignante et référente culture dans un lycée de l’académie de Nancy-Metz. « C’est la douche froide », avec aussi une baisse de subvention de la région de « 20 % par rapport à ce qui était prévu ». « J’ai procédé à des annulations », « supprimé des rencontres avec des artistes » et « je n’ai plus de budget pour les sorties cinéma ou théâtre », énumère-t-elle. « J’avais un spectacle qui devait concerner environ 200 élèves. J’ai dit que je ne pouvais pas ».

« On a parfois 2,50 euros par élève pour finir l’année. C’est vraiment une honte », abonde Didier Georges, secrétaire national du SNPDEN-Unsa. « Ça fout plein de projets en l’air ».

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