Chaque année, les établissements sanitaires et médico-sociaux produisent plus de 700 000 tonnes de déchets et représentent 12 % de la consommation énergétique du secteur tertiaire, rappelle la FHF. À eux seuls, les établissements de santé publics dépensent 29 milliards d’euros d’achats. Ce secteur prépare, chaque année, 1,5 milliard de repas et pèse 8 % du total des émissions de gaz à effet de serre (GES) françaises. « Le défi de la transition écologique du système de santé est aujourd’hui plus prégnant que jamais », est donc convaincue la Fédération.
« Face à l’urgence d’agir pour préserver la santé de demain », la FHF a présenté, fin novembre, 50 propositions à l’usage de tous les acteurs de la transition écologique en santé. « Il est indispensable d’agir pour garantir la soutenabilité du système de santé et assurer sa pérennité, argumente la Fédération. Souvent restée en marge du débat sur l’urgence environnementale, la question de la transition écologique du système de santé doit devenir prioritaire. » Outre l’enjeu environnemental (consommation d’eau et d’énergies, déchets, réduction des émissions de gaz à effet de serre…), cette transition relève « d’un enjeu de santé publique. » En effet, les conséquences de la crise écologique pourraient causer jusqu’à 100 000 décès prématurés en France chaque année et générer un afflux de patients vers les établissements de santé. « Il est donc urgent d’adapter sans délai le système de santé », insiste la Fédération hospitalière de France.
Les 50 propositions concrètes de la FHF émanent de son comité « Transition écologique en santé », créé en septembre 2022. Présidé par le Pr Patrick Pessaux et composé de professionnels et de représentants d’établissements, tous déjà engagés dans une démarche forte de transition, ce comité a déjà formulé de nombreuses propositions et mené plusieurs actions pour accompagner la transformation écologique des établissements publics. Ses nouvelles propositions ont été conçues pour couvrir l’ensemble des problématiques : pilotage et stratégie, bâtiments et énergie, achats, restauration, médicaments et dispositifs médicaux, soins écoresponsables, traitement des déchets, mobilités durables, sobriété numérique formation et recherche, rôle des usagers, santé environnementale et prévention.
Voici les principales :
- renforcer le réseau des conseillers en transition énergétique et écologique en santé (CTEES) en permettant à chaque territoire de santé de disposer d’une ressource pour aborder, respectivement, la transition énergétique, la transition écologique ou la santé environnementale ;
- sauvegarder la ressource en eau et améliorer la qualité et le suivi des réseaux ;
- favoriser les repas végétariens et limiter la viande rouge à l’hôpital ;
- réduire au maximum les déchets et la pollution en lien avec les médicaments ;
- améliorer la pertinence des soins en revoyant les pratiques professionnelles, mais aussi la tarification des actes, afin de supprimer les niches de rentabilité et l’incitation à la surconsommation des actes ;
- diminuer le volume d’emballage et généraliser les consignes et la récupération des contenants et développer la formation initiale et continue des professionnels sur la transition écologique.
Pour mener à bien ces chantiers, la FHF réclame un soutien des pouvoirs publics, qui « doit se traduire par l’instauration de nouveaux financements. » La Fédération propose, notamment, la création d’un fonds vert pour des bâtiments rénovés, performants et résilients. Celui-ci pourrait être doté de 5 milliards d’euros, à raison de 1 milliard par an pendant 5 ans. Ces crédits dédiés aux établissements publics dans leur ensemble, avec des spécificités pour les établissements publics de santé, seraient une source d’accélération de la rénovation du patrimoine et de production rapide d’économies d’énergie, ainsi que de bien-être pour les usagers, estime la FHF. Selon elle, ce dispositif permettrait, notamment, de financer la rénovation et la construction de bâtiments performants, d’accroître leur efficacité énergétique et de soutenir la production d’énergie renouvelable.
Ces mesures financières doivent s’accompagner de moyens humains supplémentaires et de l’élaboration d’objectifs et d’indicateurs d’évaluation précis. La FHF préconise donc la nomination d’un(e) délégué(e) ministériel(le) à la transformation écologique du système de santé, le recrutement de référents transformation écologique dédiés à plein temps dans chaque ARS ou encore l’insertion d’objectifs de transformation écologique dans les CPOM.
