Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi 15 septembre, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l’abandon de la suppression de deux jours fériés samedi. « Il ne s’est engagé à rien du tout. Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n’est enterrée ! », a-t-elle lancé.
Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des « ruptures sur le fond » et « pas que sur la forme ». Il a reçu vendredi 12 et lundi 15 septembre les syndicats représentatifs, à l’exception de Frédéric Souillot (FO) qui s’entretiendra avec le Premier ministre le 22 septembre à 11h00, a appris l’AFP auprès de FO. Mais les leaders syndicaux maintiennent leur appel à la mobilisation du 18, espérant ainsi peser sur les futures orientations budgétaires.
Mobilisation syndicale contre un budget jugé « brutal »
CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront ainsi unis jeudi 18 septembre dans la rue, une première depuis le 6 juin 2023 – date de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites.
Dans un communiqué commun diffusé fin août, les organisations syndicales qualifiaient les mesures avancées cet été de « brutalité sans précédent », regrettant que l’ancien gouvernement choisisse « encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·es, les malades ».
Parmi les mesures pointées du doigt dans le budget 2026 figurent :
- des coupes dans les services publics,
- une énième réforme de l’assurance chômage,
- le gel des prestations sociales et celui des salaires des fonctionnaires comme des contractuel·les,
- la désindexation des pensions de retraite,
- le doublement des franchises médicales,
- et la remise en cause de la 5e semaine de congés payés…
L’abandon de la suppression de deux jours fériés, unanimement décriée par le monde syndical, constitue « une première victoire », qui « confirme que nous sommes en position de force », a estimé Sophie Binet.
Même la CFDT, pourtant peu rompue aux cortèges syndicaux, maintient sa participation : vendredi 12 septembre, Marylise Léon a réaffirmé que son syndicat était « plus que jamais motivé pour aller dans la rue ». « Le budget tel qu’il a commencé à être construit n’est pas compatible avec la justice sociale, fiscale et environnementale donc il y a vraiment besoin de le revoir de fond en comble », a-t-elle estimé lundi 15 septembre sur France Inter. Sur la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat, Mme Léon a pourtant apprécié que le Premier ministre dise être conscient de la nécessité de « faire quelque chose ».
« Le budget va se décider dans la rue » : grève nationale et manifestations jeudi 18 septembre
« Le budget, il va se décider dans la rue », souligne Mme Binet. Ainsi, « il faut faire une démonstration de force jeudi prochain et après », laissant entrevoir une mobilisation inscrite dans la durée.
Plus de 220 manifestations sont d’ores et déjà annoncées pour le 18 septembre, un chiffre qui pourrait encore augmenter, selon la CGT. À la RATP, les syndicats CGT, FO, Unsa Mobilité et CFE-CGC ont appelé à une grève qui pourrait entraîner une « journée noire » sur les lignes parisiennes, selon Force ouvrière.
Les organisations syndicales parviendront-elles à dépasser l’affluence du mouvement citoyen « Bloquons tout » – qui a rassemblé près de 200 000 personnes le 10 septembre selon le ministère de l’Intérieur, sans toutefois parvenir à paralyser le pays ? Les manifestants du 10, parfois méfiants vis-à-vis des syndicats, participeront-ils à cette nouvelle journée ?
Aucune inquiétude côté syndical : « Nous avons déjà d’excellents retours sur la mobilisation de jeudi », assure Frédéric Souillot.
« Nous avons l’objectif d’avoir un million de personnes avec nous », avance de son côté Cyril Chabanier (CFTC).
Les autorités, de leur côté, estiment que la participation pourrait atteindre plus de 400 000 personnes, soit le double du 10 septembre. Elles craignent la présence de plusieurs centaines de manifestants radicaux dans des cortèges.
À Paris, le cortège syndical s’élancera à 14h00 de Bastille pour rallier Nation, en passant par l’emblématique place de la République.
À l’école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes, selon les prévisions de la FSU-Snuipp, premier syndicat du primaire.
Après le 18, ce sera au tour des agriculteurs de la FNSEA, le 26 septembre, de mener « une grande journée d’actions » autour des échanges internationaux de produits agricoles.
