Les internats d’excellence : avancée ou renoncement ?

Publié le 1 octobre 2010 à 2h00 - par

Les « » peuvent être aussi «  », affirmait le chef de l’État le 9 septembre 2010, en inaugurant à Marly-le-Roi l’un des onze internats d’excellence qui ont ouvert leurs portes en cette rentrée scolaire 2010. Certes, mais que penser de ces internats ? Illustrent-ils une avancée ou un renoncement à l’ambition de démocratisation pour tous ?

Les internats d’excellence : avancée ou renoncement ?

L’opinion et les médias ne critiquent guère explicitement cette mesure. On le comprend : qui désapprouverait une aide à des adolescents défavorisés ? Cependant, que penser d’un dispositif qui accueille 6 000 élèves et dont le coût est estimé à terme à 500 millions d’euros (chiffres révélés par Les Échos du 11 septembre 2010) ? Superbe cadre de vie, équipement numérique, encadrement renforcé, activités culturelles de haut niveau, équitation, aviron ou golf, initiation à la musique avec un orchestre parisien, rien ne manque dans les internats d’excellence. Les intéressés et leurs familles apprécient sûrement une telle sollicitude.

Parallèlement, on supprime massivement des postes dans l’Éducation nationale, on ampute la formation des enseignants, on coupe dans l’accompagnement éducatif, priorité présidentielle en son temps. On puise dans les moyens dédiés aux autres élèves, parmi lesquels les 2 millions issus des quartiers défavorisés et scolarisés dans des établissements parfois vidés de leur élite du fait de l’assouplissement de la carte scolaire, autre mesure présidentielle.

Nicolas Sarkozy avance que l’internat d’excellence est destiné à « tous les jeunes qui veulent s’en sortir ». Sont-ils seulement 6 000 sur 2 millions ? Comme le faisait remarquer récemment la sociologue Agnès Van Zanten dans Le Monde du 14 septembre 2010, « ces politiques ne concernent qu’un nombre d’élèves très réduit… ». Si, pour eux, l’internat représente une opportunité, cette mesure va-t-elle dans le sens de l’intérêt général ? On peut en douter car, comme l’affirme la sociologue également, « le risque est grand de délaisser ainsi les actions globales nécessaires pour améliorer l’efficacité et l’équité du système d’enseignement… Le parrainage des meilleurs ne saurait tenir lieu de politique éducative ambitieuse ».

« La République doit moins parler de l’égalité des chances et plus la faire vivre », affirmait le président. Or il n’est pas certain que les internats d’excellence œuvrent en ce sens. Avec la multiplication des dispositifs « d’excellence », on a en réalité changé de politique éducative. Comme l’indique le chercheur Jean-Yves Rochex dans L’enseignement public (n° 124, revue de l’Unsa publiée le 22 septembre 2010), « il ne s’agit plus d’améliorer la réussite scolaire pour tous, mais de promouvoir vers « l’excellence » une petite minorité ».

Il faudra, dans quelques années, tirer un bilan de ce dispositif…


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