Tous les lycées et les centres de formation des apprentis lorrains sont connectés à l’ENT

Publié le 9 mai 2011 à 0h00 - par

Pascal Faure est inspecteur de l’Académie de Nancy-Metz, inspecteur pédagogique régional et conseiller pour les technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement (TICE). Il raconte son expérience de déploiement et de suivi d’un des espaces numériques de travail (ENT) pionniers en France.

Tous les lycées et les centres de formation des apprentis lorrains sont connectés à l’ENT

Weka.fr Actualités : Où en est le déploiement de la plate-forme Lorraine d’accessibilité et de communication pour l’éducation (Place) ?

Pascal Faure : Tous les lycées (publics, privés, agricoles) et les centres de formation des apprentis (CFA) lorrains sont connectés à l’ENT Place depuis la rentrée 2010. Il convient d’ajouter aussi les 72 collèges de Meurthe-et-Moselle.
L’espace numérique de travail donne accès aux ressources et services utiles à chaque membre de la communauté éducative : enseignants, élèves, parents, personnels administratifs et de direction, entreprises, collectivités, rectorat. La région et le département ont investi, avec l’accompagnement du rectorat. Au total, 272 établissements sont reliés, soit environ 300 000 comptes. Mais attention, cela ne signifie pas que tous les comptes soient actifs. Seuls environ 110 000 d’entre eux sont réellement utilisés aujourd’hui.

Weka.fr Actualités : Quels sont justement les indicateurs de fonctionnement de l’ENT Place ?

Pascal Faure : Tous les matins, je reçois trois chiffres dans ma boîte mail : le nombre d’accès des lycées, celui des collèges et celui de 12 autres collèges pilotes en Moselle. Tant que ces chiffres suivent le calendrier scolaire, tout va bien, car – et je ne vous révèle pas de scoop – personne ne se connecte durant la nuit ni pendant les vacances ! Les records de connexions ont lieu les mardis et jeudis, ainsi qu’au retour à la maison vers 18 h.
Concernant ces indicateurs quantitatifs dans le temps, les pics ont lieu fin août ou en début d’année scolaire, après la validation de la charte de fonctionnement. Je m’intéresse à trois courbes : celle des professeurs, celle des élèves et celle des parents. Les enseignants activent leurs comptes rapidement durant les trois premières semaines de l’année. Quant aux élèves, 80 % d’entre eux se sont connectés avant la fin janvier, l’an dernier, et avant fin novembre cette année. Pour les parents, c’est plus difficile. Certains comptes ne sont même jamais activés.

Weka.fr Actualités : D’un point de vue qualitatif, quels sont les services les plus populaires ?

Pascal Faure : Les élèves utilisent évidemment la messagerie et le cahier de texte numérique. Pour le moment, nous ne savons pas prendre en compte la consultation des notes, mais nous nous doutons qu’il s’agit d’une fonction qui les intéresse. Concernant les professeurs, c’est surtout l’espace d’échanges qui est plébiscité. Globalement, nous pourrions nous inquiéter si un service était dans les choux : ce n’est pas le cas, tous les services sont utilisés.
Pour affiner ces indicateurs, nous menons des audits dans les lycées, avec le chef d’établissement. Pour cela, nous nous faisons accompagner d’autres proviseurs ou principaux pour qu’ils voient les usages et le fonctionnement dans un autre contexte que celui de leur lycée ou collège. Nous passons la journée à interviewer les parents – c’est décevant car nous en rencontrons peu –, les élèves et les enseignants.
Deux audits ont déjà été réalisés sur une douzaine prévue. Je me souviens, par exemple, d’une élève de sixième qui demandait aux professeurs de se concerter pour qu’ils mettent tout le travail à faire à la maison dans la même rubrique de l’ENT. « Certains enseignants utilisent le cahier texte, d’autres envoient les devoirs par e-mail, d’autres encore mettent les documents dans l’espace partagé : c’est fatigant car on ne sait jamais où chercher ! », se plaignait-elle. Une remarque intéressante qui montre combien les enfants ont déjà compris l’intérêt du système…

Weka.fr Actualités : Comment convaincre les collectivités de financer ces services et équipements ?

Pascal Faure : Nous pouvons fournir un dossier argumenté et des retours d’expérience des TICE pour convaincre les élus. Au départ du projet d’ENT, nous avons constitué un comité de pilotage avec la Région Lorraine et le Conseil général de Meurthe-et-Moselle. Nous y avons également associé les trois autres départements : Meuse, Moselle et Vosges. Ceux-ci participent aux réunions, donc nous nous voyons et nous avançons.

Avec la Meuse par exemple, nous avons finalisé un projet d’équipement de baladeurs numériques pour l’enseignement des langues vivantes : trois ans de travail pour équiper 25 sites et 24 collèges dans ce département rural et étendu, avec une population disséminée. Pour aboutir, nous avons fini par emmener le président du conseil général lui-même dans une salle de classe afin de lui montrer concrètement l’intérêt de la dépense.
Cette opération n’est certes pas au niveau de la diffusion de 3 300 iPad pour les collégiens en Corrèze ou d’équipement de tous les élèves en ordinateurs portables dans les Bouches-du-Rhône et les Landes, mais cela aura peut-être autant d’impact pédagogique. Dès la rentrée prochaine, les 24 collèges de la Meuse accéderont d’ailleurs à l’ENT. Le département des Vosges est également convaincu de rejoindre Place.
Nous devons désormais résoudre des problèmes juridiques et financiers pour permettre à ces départements de bénéficier d’un marché public en cours. Nous pensons constituer un groupement de commande pour lancer un ENT Place 2 dès la rentrée 2012.

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