Réunion des recteurs lundi 26 août 2024, suivie le lendemain par la traditionnelle conférence de presse de rentrée, pré-rentrée des enseignants vendredi 30 août 2024, l’Éducation nationale donne le coup d’envoi de la nouvelle année scolaire avant la rentrée de quelque 12 millions d’élèves, le 2 septembre 2024.
Mais si l’année dernière, Gabriel Attal alors en poste au ministère de l’Éducation, avait fait de la rentrée 2023, avec l’interdiction de l’abaya, le prélude à une série de mesures annoncées à un rythme effréné, la rentrée 2024 s’effectuera dans l’incertitude des lendemains avec une ministre sur le départ.
Rue de Grenelle, on assure que « le contexte politique ne doit pas impacter la rentrée scolaire des élèves ».
« C’est une rentrée qui est quand même très étrange » et « un peu suspendue, dans l’attente d’arbitrages et de décisions politiques, alors qu’en fait, il n’y a plus le temps d’attendre vu l’état de l’école », oppose Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées).
Grégoire Ensel, vice-président de la Fédération de parents d’élèves FCPE évoque lui une « situation inédite ». La rentrée est selon lui un « moment fort de dialogue, de démarrage qui donne un tempo pour l’année ». Il souhaite un futur ou une future ministre « qui dialogue, apaise, construise et qui soit présent pour longtemps ».
Après le long passage de Jean-Michel Blanquer (2017-2022) au ministère, l’Éducation nationale a connu depuis deux ans quatre ministres. Une instabilité inédite. Le cinquième est attendu sous peu.
« Il faut quelqu’un qui connaisse au minimum la maison », analyse Jean-Rémi Girard du Snalc. « Ce n’est pas vraiment une question de personne, mais de budget, de prise de conscience des enjeux », ajoute-t-il.
« Zones d’ombre »
« C’est une rentrée dans le flou : il y a des zones d’ombre et il n’y a pas de ligne claire sur ce que va être la méthode de la politique éducative », déplore Élisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE Unsa.
Dans un communiqué, le syndicat enseignant Sud éducation alerte, lui, sur « une rentrée sous tension », avec une « école qui est à un point de bascule ». « La mise en œuvre à marche forcée du choc des savoirs avec la généralisation des évaluations nationales dans le premier degré et l’enseignement du français et des mathématiques en groupes en sixième et en cinquième font l’objet de fortes résistances dans les écoles et les collèges », écrit-il.
Le choc des savoirs
Les groupes de niveau en 6e et 5e au collège, mesure controversée du gouvernement démissionnaire, seront mis en place « avec souplesse et pragmatisme », a déclaré la ministre de l’Éducation démissionnaire lors de sa première conférence de presse de rentrée dans un contexte politique inédit. « Aux établissements et aux équipes d’agir pour atteindre les objectifs de la réforme », a ajouté Nicole Belloubet.
Mais pour Sophie Vénétitay, « il n’y aura pas de groupes de niveau partout, ça c’est une certitude ». Autre sujet brûlant, les postes d’enseignants non pourvus, l’une des « urgences structurelles, qui sont en même temps des sujets de long terme », ajoute-t-elle.
La crise perdure encore cette année, avec plus de 3 000 postes non pourvus aux concours enseignants du public et du privé. Comme l’année dernière, l’enjeu sera d’assurer un enseignant devant chaque classe. À la rentrée et sur la durée.
« Dans le premier degré, toutes les académies, à l’exception de Créteil, Versailles, Mayotte et la Guyane, ont pourvu l’intégralité des postes offerts » et « dans le second degré, le rendement des concours s’est amélioré de deux points par rapport à l’année dernière en passant de 86,3 % à 88,3 % et les postes non pourvus baissent de 15 % », a détaillé la ministre.
Nicole Belloubet a également clarifié le flou sur l’avenir du brevet, qui évolue dans une nouvelle version dès l’année scolaire 2024-2025. Les chefs d’établissement demandaient à ce que la ministre face des annonces à ce sujet avant le 2 septembre.
« Les nouvelles modalités d’évaluation de la session 2025 du brevet concernent le passage de 50/50 à 40/60 pour augmenter la part donnée aux épreuves de fin d’année, la prise en compte de toutes les disciplines de 3e pour les 40 % de contrôle continu et la mise en place des commissions d’harmonisation académiques », a expliqué la ministre.
En raison du contexte politique, « ces textes sur les nouvelles modalités d’évaluation ont dû être reportés. Dès la fin de cette période, nous devrions pouvoir en assurer la publication pour qu’ils puissent entrer en vigueur pour le brevet 2025 », a-t-elle promis.
Elle a aussi précisé que l’obtention du brevet ne sera probablement pas obligatoire pour le passage en classe de seconde. « Ces nouvelles modalités d’évaluation ne sont pas nécessairement corrélées avec l’obligation d’obtention du brevet pour intégrer le lycée, le décret prévu à cette fin étant gelé à ce stade ».
À la suite des préconisations de la commission écrans voulue par Emmanuel Macron, la ministre démissionnaire a également annoncé l’expérimentation de l’interdiction du téléphone portable dans 200 collèges avant une possible généralisation de cette « pause numérique » en janvier 2025.
Plus globalement, concernant le contexte de cette rentrée particulière, elle a évoqué un « contexte un peu inédit sur le plan politique » mais « les affaires courantes ne sont ni un temps suspendu pour l’école, ni un temps mort. C’est un temps d’action car l’école n’attend pas », a-t-elle justifié.
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