Portraits d'acteurs

Brice Dayot, Directeur de l'éducation de la ville de Bondy

Brice Dayot

Directeur de l'éducation de la ville de Bondy

« J'aimerais tellement que l'action des collectivités territoriales soit reconnue à sa juste valeur. La grande majorité des agents sont très impliqués et ont développé un fort sentiment d'appartenance à leur organisation. Tout n'est pas parfait mais le service rendu est très satisfaisant malgré des moyens contraints. »

Quelles sont vos fonctions actuelles ?

Brice Dayot : Je suis directeur de l'éducation de la ville de Bondy (93), ville attachante et riche de ses 55 000 habitants dont 7 350 enfants scolarisés dans les écoles primaires publiques de la ville.

Les 600 collaborateurs de la direction de l'éducation œuvrent dans les services enfance, vie scolaire, restauration et au sein du dispositif de réussite éducative.

Concrètement, il s'agit pour moi de piloter la politique éducative municipale en direction des enfants de 2 à 11 ans au côté des acteurs éducatifs locaux et principalement des familles et de l'éducation nationale.

Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Brice Dayot : Certains pourraient parler d'un parcours atypique avec deux années d'étude consacrées à l'administration publique, deux autres en histoire pour finalement obtenir un Master 2 en Développement social urbain. J'ai eu la chance de pouvoir effectuer 3 de ces 5 années d'étude à l'étranger.

Après une première expérience professionnelle en milieu associatif - j'étais responsable des séjours de vacances -, j'ai intégré le service jeunesse d'une ville de l'Essonne en tant qu'agent de développement culture et vie associative. J'ai ensuite rejoint une ville de Seine-Saint-Denis en tant que directeur de la vie associative, de la coopération décentralisée et des relations publiques.

Et c'est à Bondy, après ces années, que je suis revenu dans le milieu de l'éducation, il faut croire que ça me manquait !

Citez le projet qui vous a le plus marqué et dont vous êtes le plus fier ?

Brice Dayot : Difficile d'en choisir un seul, d'une manière générale j'apprécie les projets menés en collaboration avec des partenaires aux cultures métier différentes et avec les usagers. C'est ce que nous avons pu faire avec la loi de refondation de l'école et la place prise par les villes en tant que coordinateur du projet éducatif de territoire (PEDT). C'était contraignant mais surtout riche de rencontres et d'objectifs partagés.

Je me rappelle en particulier d'échanges passionnants avec des parents que l'on aime à désigner comme « premiers éducateurs » de leurs enfants mais que l'on associe finalement très peu ou mal. Nous les avions non pas face à nous mais avec nous, on construisait ensemble un projet éducatif sur le territoire.

Avez-vous un rêve que vous souhaitez concrétiser ?

Brice Dayot : Un rêve ? J'aimerais tellement que l'action des collectivités territoriales soit reconnue à sa juste valeur. La grande majorité des agents sont très impliqués et ont développé un fort sentiment d'appartenance à leur organisation. Tout n'est pas parfait mais le service rendu est très satisfaisant malgré des moyens contraints.

Alors mon rêve serait que tous les citoyens soient fiers de leur service public, il nous est précieux même s'il doit continuer à s'améliorer et à s'adapter sans cesse.

Comment décririez-vous votre engagement personnel en tant qu’acteur public ?

Brice Dayot : Au-delà de mes fonctions, je m'efforce de réinterroger le plus souvent possible l'intérêt général. Par exemple, quand il s'agit de construire un équipement éducatif ça questionne nécessairement la vie du quartier en matière de circulation, d'aménagement urbain, d'acceptation par les riverains... On se projette dans la ville de demain, c'est complexe mais passionnant !

Mon engagement personnel c'est aussi la volonté de partager mes expériences, mes projets et apprendre des autres. Pour ce faire, je suis membre actif d'un réseau professionnel regroupant des acteurs publics de l'éducation des collectivités territoriales : l'ANDEV (Association Nationale des Directeurs et Cadres de l'Éducation des Villes et Collectivités Territoriales).

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Brice Dayot : Outre des compétences techniques attendues d'un cadre territorial, la dimension humaine est primordiale avec une nécessité d'écouter, de motiver, de rassurer, de rassembler, de partager les informations et d'associer aux décisions.

Il faut être à la fois aux côtés des équipes dans la gestion du quotidien avec son lot d'imprévus et assurer le pilotage à moyen et long terme de l'activité. On jongle entre l'opérationnel et le stratégique.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marqué dans votre carrière ?

Brice Dayot : Je pense en tout premier lieu à ceux, membres de direction générale et élus, qui m'ont fait confiance en me positionnant sur les différents postes que j'ai occupés et qui m'ont accompagné dans mes prises de fonction.

Je n'oublie pas certains proches collaborateurs brillants et mes premiers contacts avec des agents au relationnel parfois rude mais avec le service public chevillé au corps. J'ai beaucoup appris à leur contact. J'y pense quand je me dois de distinguer l'intérêt général de l'intérêt individuel. Tous m'ont fait grandir.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Brice Dayot : Le premier changement, c'est le constat de l'évolution de la demande de service public vers des intérêts particuliers de la part de certains usagers, vers une relation de client-fournisseur. Cela requiert une vigilance accrue au moment de déterminer ce qui est du ressort du besoin collectif et ce qui est du domaine de la satisfaction d'une demande individuelle.

Le second changement, c'est la remise en cause du modèle de l'organisation qui décide pour le public, l'acceptation et l'adaptation de l'action publique nécessite la prise en compte des attentes et des besoins des citoyens. Il nous faut de plus en plus faire preuve de pédagogie dans l'explication de nos choix. C'est à un changement de paradigme auquel nos organisations sont confrontées, elles se doivent d'expliquer et doivent s'autoriser les expérimentations. Le design de services publics, qui utilisent le dessin ou les maquettes pour mobiliser l'expertise et l'intelligence des agents et des usagers, est un défi enthousiasmant ; nous en sommes aux balbutiements mais quelques expériences sont prometteuses.

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