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Portrait de Driss Bennis

Driss Bennis

Directeur adjoint en charge de la Performance et de la Contractualisation au sein du Groupe hospitalier Artois-Ternois

« Finalement, qu’est-ce que le métier de manager hospitalier sinon celui d’un « fabricant d’harmonie » qui, à la manière d’un chorégraphe, cherche à articuler des talents et des personnalités singuliers au service d’une création collective qui a son sens en elle-même ? »

Quelles sont vos fonctions actuelles ?

Driss Bennis : J'occupe des fonctions de directeur adjoint en charge de la Performance et de la Contractualisation au sein du Groupe hospitalier Artois-Ternois (GHAT) (Pas-de-Calais), qui rassemble trois établissements publics de santé représentant environ 3 100 agents et 275 M € de budget. Le portefeuille de la Performance a ceci de particulier au sein du GHAT qu’il recouvre à la fois le pilotage budgétaire et financier d’une part, le management des organisations par la qualité d’autre part. L’idée est que l’équilibre économique d’un hôpital dépend de sa capacité à proposer des prises en charge de qualité aux usagers dans un contexte fortement concurrentiel, ainsi qu’à proposer des conditions de travail optimales aux professionnels de santé pour les attirer et les fidéliser. Quant au portefeuille de la Contractualisation, il recouvre un mode de gouvernance devant permettre l’atteinte de ces objectifs, à travers la signature de contrats pluriannuels entre la direction hospitalière et les pôles d’activités cliniques et médico-techniques qui réalisent l’activité au quotidien.

Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Driss Bennis : Mon parcours professionnel n’est pas bien long, car je sors tout juste de l’École des hautes études en santé publique (EHESP) qui, entre autres missions, forme les directeurs de la fonction publique hospitalière. Cette formation a duré 2 ans. Elle alternait périodes de cours à l’EHESP et stages en milieu hospitalier. Avant cela, j’ai très classiquement suivi une préparation aux concours de la Haute fonction publique délivrée par l’université Paris 1 Sorbonne et l'École normale supérieure de la rue d’Ulm, après avoir étudié pendant 5 ans à Sciences Po Bordeaux. En parallèle de ma scolarité à Sciences Po Bordeaux, j’ai également suivi un cursus universitaire en Droit dans le cadre d’une formation à distance.

Citez le projet qui vous a le plus marqué et dont vous êtes le plus fier ?

Driss Bennis : Mon expérience professionnelle en milieu hospitalier est encore mince ! Avant d’intégrer la fonction publique, j’ai eu une carrière de danseur-chorégraphe dont je tire énormément d’enseignements pour l’exercice de mes fonctions actuelles. Lors de mes années de formation à l’EHESP, j’ai eu l’occasion – incongrue – de conjuguer ces deux univers en coorganisant le projet de comédie musicale des élèves-directeurs d’hôpital baptisé « Célestin ». C’était un grand projet de cohésion au sein de la promotion et un message adressé à l’ensemble de la communauté hospitalière, pour promouvoir l’entrée des arts à l’hôpital à des fins thérapeutiques et de bien-être des équipes. Nous avons ainsi monté un spectacle alliant jeux d’acteurs, musiques et chansons composées pour l’occasion, chorégraphies, décors et costumes que nous avons nous-mêmes confectionnés, et nous nous sommes produits dans plusieurs hôpitaux devant patients et agents, ainsi que dans plusieurs théâtres de ville. C’était une expérience formidable, à laquelle je suis heureux et fier d’avoir participé. Et finalement, qu’est-ce que le métier de manager hospitalier sinon celui d’un « fabricant d’harmonie » qui, à la manière d’un chorégraphe, cherche à articuler des talents et des personnalités singuliers au service d’une création collective qui a son sens en elle-même ?

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Driss Bennis : J’ai des rêves, qui m’appartiennent. Mais j’ai surtout une forte ambition pour le service public et les agents qui le mettent en œuvre au quotidien. C’est le sens de mon engagement au sein de l’association FP21 – Fonction publique du 21e siècle -, qui s’est donnée pour projet de porter la voix des jeunes agents publics dans le débat actuel sur les transformations du secteur public, ainsi que de favoriser l’égalité d’accès aux emplois publics et de valoriser les réalisations quotidiennes des agents sur le terrain. Voilà 2 ans que j’œuvre pour cette association, dont j’ai signé le statut fondateur en qualité de trésorier, et qui a cette double particularité de s’adresser aux jeunes agents publics de moins de 35 ans, tous statuts ou fonctions publiques confondus.

Comment décririez-vous votre engagement personnel en tant qu’acteur public ?

Driss Bennis : Je me définis à la fois comme un serviteur de l’intérêt général, dont la notion constitue la colonne vertébrale de ma construction intellectuelle, et comme un agent hospitalier, parce que l’hôpital public n’est pas à mes yeux un service public comme les autres. Il est la manifestation la plus éclatante de ce qu’on appelle l’État-providence, c’est-à-dire de cette conception de la République qui veut que la modernité ne soit pas limitée au champ politique, mais doive également développer ses effets dans le champ social pour que la vie individuelle et collective reste possible. Mon engagement dans la fonction publique hospitalière est donc d’abord une affaire de conviction. Une autre idée à laquelle je crois énormément est celle de la performance, en ce sens que le service public doit non seulement délivrer des prestations, mais les délivrer bien, c’est-à-dire de manière qualitative, et au juste coût. Et j’ai la volonté, profonde, de participer au développement de cette culture dans les administrations publiques.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Driss Bennis : Le métier de directeur d’hôpital est d’abord un métier de manager : il requiert donc de savoir fixer un cap, fédérer et emmener les agents avec soi, ce qui exige d’être à leur écoute, mais aussi de savoir s’adjoindre les bonnes compétences, de récompenser l’engagement des agents. Le métier de directeur d’hôpital est ensuite un métier de visionnaire : il doit être capable d’imaginer l’administration et le service public de demain, d’anticiper les besoins des usagers, de se placer dans une démarche d’évaluation continue des organisations et de transformation, car une organisation pertinente aujourd’hui ne le sera pas forcément demain. Enfin, le métier de directeur d’hôpital est un métier de gestion : il requiert donc une bonne connaissance technique des sujets, sans que cette dimension ne prenne jamais le pas sur la vision.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marqué dans votre carrière ?

Driss Bennis : Au cours de la formation de directeur d’hôpital, le premier stage en milieu hospitalier est dit « de découverte » : les élèves-directeurs font le tour, pendant 2 mois, de tous les services cliniques, médicotechniques et logistiques d’un hôpital, et participent aux tâches des agents pour mieux comprendre leur réalité quotidienne, appréhender ce terrain sur lequel leurs décisions futures auront un impact qu’ils ne percevront pas toujours de la façon la plus fine. Je garde de cette expérience un souvenir très vif, ému même. C’est une ressource précieuse dans mon exercice quotidien. Il m’a permis de prendre toute la mesure de l’engagement des agents du service public hospitalier et de la diversité de leurs métiers, conditions de travail et enjeux. D’autant que j’ai eu la chance de prendre mon premier poste dans l’hôpital au sein duquel j’avais réalisé ce stage de découverte !

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