Portraits d'acteurs

Gabriel Fraga, Directeur Général Adjoint Mairie des Ulis

Gabriel Fraga

Directeur Général Adjoint Mairie des Ulis

« Chaque territoire a ses spécificités, sa sociologie. Renier l’essence d'un territoire et ne le traiter que comme une entité lambda c'est déjà renoncer à la mission de service public. L'unité n’est pas l'uniformité. »

Quelles sont vos fonctions actuelles ?

Gabriel Fraga : Je suis actuellement Directeur Général Adjoint en charge notamment des affaires familiales au sein d’une commune de 25 000 habitants.

Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Gabriel Fraga : Je suis issu du secteur social. Ma formation initiale est celle d'éducateur spécialisé. J’ai eu l’occasion d'intervenir dans le champs du handicap mais surtout dans celui de la prévention spécialisée et notamment auprès des gens du voyage. J’ai notamment rédigé un mémoire sur ce thème et précisément sur l’observation participante.

C’est par ma formation initiale que j’ai découvert, il y a plusieurs années, l’action éducative au sein de la fonction publique territoriale.

Devenu adjoint du chef d’un service enfance, j’ai pu progresser au gré de différentes formations qualifiantes mais aussi des concours de la fonction publique. J’ai ainsi pu devenir chef de service enfance, puis responsable d’un pôle éducation jeunesse. Profitant d’une mobilité externe, j’ai pris les fonctions de directeur adjoint de l’éducation. Fonction cumulée à celle de coordinateur du Projet de Réussite Éducative.

Quelques années plus tard, j’ai pu postuler sur le poste de Directeur Éducation que j’ai exercé plusieurs années.

Par la suite, l'opportunité d’un poste de DGA en charge des affaires familiales et de la modernisation des services à la population m’a été proposé, et je l’occupe maintenant depuis deux ans.

En parallèle, j’ai toujours conservé des missions de formation auprès des acteurs du social et de l'éducation pour différents organismes ou collectivités.

À ce jour, outre mes fonctions de DGA, j'anime la E-communauté du CNFPT « politiques éducatives ». En sus, je m’investis au sein de l’ANDEV, dont je suis administrateur depuis plusieurs années.

Citez le projet qui vous a le plus marqué et dont vous êtes le plus fier ?

Gabriel Fraga : Même si cela remonte à "quelques décennies", je garde une affection particulière à la création du premier conseil municipal des enfants d’une commune de l’Essonne au début des années 2000. Le bon sens des enfants, la fraîcheur de leur réflexion, leur appétence naturelle vers des actions intergénérationnelles et même internationales, un partenariat avec le Sénégal m’ont permis d’apprécier l’action politique libre de gamins motivés.

La citoyenneté si souvent souhaitée se nourrit naturellement dans ce type d’instance.

La responsabilisation et l’autonomie laissée génèrent de fantastiques projets, et concourent naturellement à la vraie signification du mot Éduquer !

Avez-vous un rêve que vous souhaitez concrétiser ?

Gabriel Fraga : Un rêve  ? Osons des rêves ! Je suis admiratif des réflexions issues de l’éducation nouvelle. Freinet, Steiner ou Montessori ont encore des longueurs d’avance même un siècle plus tard. Aujourd’hui, ce sont de vrais repères pour travailler l'école et le périscolaire de demain sous des formes innovantes et au service de chaque enfant et non d’un groupe d’élèves ! Car il est évident que maintenant les temps scolaires et périscolaires doivent être indissociables et étroitement imbriqués. Créer des alliances éducatives sur les territoires est un enjeu majeur non pas de réussite scolaire mais bien plus encore de réussite éducative. Alors mon second rêve, au final réaliste, c’est qu’enfin les PEDT soient l’expression de l'ambition collective et singulière de chaque territoire avec tous les acteurs réunis. Chacun est aussi majeur que l’autre : parent, école, temps périscolaire, temps associatif.

Aujourd'hui, tout acteur éducatif doit porter cette ambition et être convaincue que la transversalité doit être active et génératrice de nouveaux modèles. L’avenir du service public de l’éducation passe clairement par ce nouveau paradigme.

Comment décririez-vous votre engagement personnel en tant qu’acteur public ?

Gabriel Fraga : Mon engagement personnel en tant qu'acteur public c'est d'être avant tout attentif et dans l’empathie vis-à-vis d’un territoire. Chaque territoire a ses spécificités, sa sociologie. Renier l’essence d'un territoire et ne le traiter que comme une entité lambda c'est déjà renoncer à la mission de service public. L'unité n’est pas l'uniformité.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Gabriel Fraga : Il y a une qualité qui me semble indispensable : l’optimisme réaliste ! Ne pas être ingénu mais toujours penser que rien n’est jamais totalement sombre ou totalement à jeter.

Churchill disait : « Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté ». Quand on se rappelle ce que l'Angleterre a subi pendant des années avant de triompher en 1945, on peut lui faire confiance non ?

Si je devais valoriser une seconde qualité ce serait la résilience. À l'image du service public, les acteurs publics doivent avoir cette capacité à subir les chocs, à résister, à transformer, à se transformer pour finalement se développer positivement. C'est cohérent c'est deux qualités non !

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marqué dans votre carrière ?

Gabriel Fraga : La rencontre, qui me marque le plus, c’est celle que je ferai demain. Chaque jour, je vois des administrés porteurs d'initiatives locales attrayantes, mais aussi des fonctionnaires passionnés par le service public de proximité. Chaque jour, je devine des synergies qui génèrent des projets probants au service de l'intérêt public. Donc ce serait manquer de respect à chacun de mes collègues, de personnaliser cette réponse à une ou deux personnes. Ces collègues qui sans le savoir me rechargent chaque jour. La passion est souvent contaminante de réflexion et de progression.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Gabriel Fraga : La modernisation attendue de la part des usagers concernant leur service public a nécessité de réinterroger les fonctionnements et de développer un service public "digitalisé" mais toujours à visage humain. C'est un vrai équilibre qu'il faut savoir trouver. La modernité engendre pour les personnes une immédiateté... Celle-ci doit par conséquent s’allier aux raisons d'être du service public. Un administré ne sera jamais un client. Une attention doit persister sur ce sujet du tout numérique.

Au niveau humain, il est évident que le sujet des RPS et de la bienveillance au travail a permis de vraies avancées qualitatives. Cela a engendré la fin du modèle du petit chef qui a toujours raison à celui du manager. Celui qui donne du sens, qui accompagne et qui mobilise les ressources humaines et pluridisciplinaires au service des projets d’un territoire. Celui qui sait qu’il ne sait pas tout !

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