Portraits d'acteurs

Marie-Christine Delaunay-Felix

Marie-Christine Delaunay-Felix

Responsable du Service de la réussite éducative à la Mairie de Nantes

« Je crois dans le pouvoir d’agir de chacun pour construire ensemble ce service public dont nous, cadres territoriaux avec toutes nos équipes, sommes les passeurs pour lutter ensemble contre les inégalités. »

Quelles sont vos fonctions actuelles ?

Marie-Christine Delaunay-Felix : Je me mets en retrait de la vie professionnelle après avoir dirigé pendant 12 ans le Service réussite éducative au sein de la direction de l’éducation de la ville de Nantes.

Le projet éducatif “Bien grandir à Nantes” est la déclinaison opérationnelle de la “charte nantaise de la réussite éducative” dont j’ai piloté la co-écriture avec la communauté éducative.

Premier budget de la ville, l’engagement politique pour une éducation émancipatrice qui tienne compte des besoins des enfants, des jeunes et leurs familles, a permis d’expérimenter des initiatives innovantes dans les territoires éducatifs au plus près des familles.

La mobilisation des ressources institutionnelles, associatives, en coordination avec tous les acteurs des territoires renforce la cohérence, la cohésion, mais aussi l’efficacité et l’efficience de l’action publique. Que ce soit pour l’accueil quotidien des 20 400 enfants scolarisés à la rentrée 2020, sur le temps scolaire, dans un engagement de développement durable pour les locaux et la restauration scolaire entre autre, ou sur les temps péri et extra-scolaire pour une offre éducative inscrite dans une continuité éducative et inclusive sur tous les temps de vie de l’enfant et du jeune, de la petite enfance à l’adolescence.

L’ouverture culturelle, sportive, la présence d’un service de santé scolaire, l’échange de pratiques au niveau européen, participent d’une offre éducative de qualité pour tous avec une attention particulière pour ceux qui en ont le plus besoin.

Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Marie-Christine Delaunay-Felix : J’ai eu la chance de démarrer ma vie professionnelle en 1983 dans un projet d’ouverture de tous les publics à la culture scientifique, qui est devenu la Cité des sciences à Paris. J’y ai découvert le plaisir de travailler collectivement pour le bien commun et l’ouverture à la culture par tous, pour tous. J’ai continué ce choix de m'investir dans des projets innovants, en rejoignant l’équipe de ce qui est devenu la Cité de la musique toujours à Paris.

De retour en région, je me suis engagée dans la formation d'adultes et je suis fière d'avoir expérimenté ce qui est devenu la valorisation des acquis de l'expérience avec des femmes pleines de bosses de vie qui repartaient confiantes dans leurs compétences et leurs savoir-faire et savoir-être pour continuer leurs parcours.

Ma formation universitaire, qui s’est poursuivie tout au long de ma vie professionnelle, m’a conduit à soutenir un DEA sur les compétences de prédiction des enseignants de maternelle dans le domaine de l’écrit. J’avais entre temps intégré l'Éducation nationale par concours du professorat des écoles, puis la qualification de maître formatrice. J’ai beaucoup appris de ces 10 années de pédagogie, de transmission, de l’accompagnement par valorisation des compétences des enfants, des adultes en situation de formation initiale et continue, la direction d’école, l’enseignement dans des environnements diversifiés. Ce qui m’était nécessaire pour légitimer ce choix de m’engager dans ce travail universitaire.

Nommée auprès du Directeur Académique adjoint au 1er degré, pour coordonner le partenariat avec la ville de Nantes, j’ai découvert la place des collectivités territoriales dans le pouvoir d’agir pour réduire les inégalités, favoriser l’émancipation de chacun, accompagner l’enfant dans sa construction citoyenne. Je me suis donc engagée dans une carrière territoriale dont je pars en qualité d’Attachée principale hors classe, après 12 ans pour mettre en œuvre une politique éducative ambitieuse, qui laisse place à l’expérimentation, à l’évaluation et au dialogue.

Enfin, les deux dernières années j’ai eu pour mission de développer des financements innovants dans les domaines de la cohésion sociale, auprès du Directeur Général de la Cohésion Sociale. Les notions de "philantreuprenariat", dotation d’action territoriale pour lutter contre la pauvreté, d’économie solidaire, ont été pour moi une nouvelle expérience d’ouverture aux acteurs économiques pour une action publique collective.

Citez le projet qui vous a le plus marquée et dont vous êtes le plus fière ?

Marie-Christine Delaunay-Felix : Au-delà de l’inauguration de la Cité des sciences, je suis très fière de mon recrutement pour la mise en place du service public de la réussite éducative inscrit dans le projet politique nantais dès 2006. Je suis très fière d’avoir largement contribué à la mise en place du service public de la réussite éducative inscrit dans le projet politique nantais dès 2006. J’ai eu le plaisir de travailler en co-construction et dialogue avec toute mon équipe, mais aussi nos collègues des directions concernées par les questions éducatives, en  transversalité, les partenaires éducatifs, institutionnels et associatifs et les parents. Ce furent des années d’innovation, d’expérimentation, d’évaluation, de partage dans une relation de confiance entre élus et techniciens pour la réussite de tous.

Ce qui m’a conduit à piloter l’écriture de la "charte nantaise de la réussite éducative" avec les acteurs éducatifs, et les enfants eux-mêmes, pour définir collectivement les valeurs, les principes et les engagements de cette charte qui est elle même fondatrice de sa déclinaison opérationnelle qu’est le projet "bien grandir à Nantes".

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Marie-Christine Delaunay-Felix : Ne plus m’entendre dire que je suis une utopiste par mon engagement continu de lutte contre les déterminismes sociaux, ce que je concrétise par mon investissement dans une association nationale qu’est l’ANDEV pour agir avec les professionnels de l'Éducation dans les collectivités territoriales et mettre en place une véritable continuité éducative et une éducation inclusive dans toutes les dimensions de l’inclusion y compris sociale.

Comment décririez-vous votre engagement personnel en tant qu'acteur public ?

Marie-Christine Delaunay-Felix : Je suis une femme de conviction et je crois dans le pouvoir d’agir de chacun pour construire ensemble ce service public dont nous, cadres territoriaux avec toutes nos équipes, sommes les passeurs pour lutter ensemble contre les inégalités.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Marie-Christine Delaunay-Felix : La capacité d’adaptation est essentielle. Adaptation au cadre politique donné par nos élus. Adaptation aux besoins de nos publics. Adaptation aux évolutions managériales pour soutenir l’épanouissement de nos équipes. Adaptation aux situations et aux cultures professionnelles partenariales. Ce qui suppose qualité d’écoute, de dialogue, de souplesse, de bienveillance et rigueur, créativité, gestion des paradoxes.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marquée dans votre carrière ?

Marie-Christine Delaunay-Felix : Ma première responsable hiérarchique qui m’a accompagnée dans le monde professionnel avec bienveillance et fermeté pour respecter les délais et prendre en compte le collectif dans la réussite du projet. Elle est aujourd’hui une fidèle amie et reste mon modèle managérial.

Le directeur académique qui m’a soutenue dans mon passage de l'État vers la Territoriale confiant dans cette double culture professionnelle que j’allais développer.

Mon équipe qui est passée de 7 à près de 40 personnes dans une même dynamique de co-construction avec une énergie et une complicité formidable.

Et cette enseignante, qui en grande section de maternelle, m’a délivré une mention "assez bien", précisant que si mon travail était satisfaisant, je ne savais pas obéir. Car j’ai toujours cherché à faire plus et mieux, en osant, non pas désobéir, mais résister à la routine.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Marie-Christine Delaunay-Felix : Le 15 février 1983, lorsque j’ai accepté le poste du département conception des expositions au sein de l’établissement du parc de la Villette, alors que j’étais reçue au concours d’entrée à la Banque de France. Je préférais l'incertitude d’un projet innovant et émergent à l’assurance d’un plan de carrière.

La décision du Maire de Nantes de créer un service public de réussite éducative en 2008 dont on m’a confié la mise en œuvre. La fierté de relever ce défi avec la confiance de l’élue à l'Éducation devenue depuis, Maire de Nantes à son tour.

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