Portraits d'acteurs

Mathilde Perdriel, Responsable de l'Antenne du Val-d'Oise du CNFPT

Mathilde Perdriel

Responsable de l'Antenne du Val-d'Oise du CNFPT

« Fille d'enseignants, la question de la transmission et de l'accroissement du « pouvoir d'agir » de tous a toujours été au cœur de mes préoccupations, que ce soit dans mon approche managériale ou dans les différents projets que j'ai pu conduire. »

Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Mathilde Perdriel : Je suis responsable départementale du CNFPT pour le département du Val-d'Oise. Je coordonne à ce titre l'offre de formation de l'établissement en direction des agents valdoisiens et accompagne les collectivités du territoire en mettant en œuvre une offre de services sur–mesure.

J'ai démarré ma carrière dans le domaine sportif et c'est à travers cette spécialité que j'ai rapidement rejoint le monde territorial. Fille d'enseignants, la question de la transmission et de l'accroissement du « pouvoir d'agir » de tous a toujours été au cœur de mes préoccupations, que ce soit dans mon approche managériale ou dans les différents projets que j'ai pu conduire. C'est donc très naturellement que je me suis tournée au bout de quelques années vers la formation pour adultes. Après 4 années d'expérience comme formatrice auprès des agents territoriaux, j'ai intégré le CNFPT, initialement comme conseillère formation, pour accéder 4 ans plus tard à ce poste de direction.

Depuis 5 ans, en parallèle, je m'investis dans la coopération internationale comme intervenante dans le cadre de différents projets d'appui à la décentralisation conduits principalement en Afrique du Nord. La nécessaire adaptation des formations aux pratiques et à la culture publique locales transforme chaque mission en un exercice de créativité pédagogique particulièrement stimulant !

Si vous deviez décrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?

Mathilde Perdriel : Accompagnement, Innovation, Ouverture.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Mathilde Perdriel : Les fonctions que j'occupe nécessitent une inlassable curiosité pour pouvoir être en prise constante à la fois avec les évolutions du monde territorial, qu'elles soient techniques, réglementaires, sociétales, politiques mais aussi avec la vie quotidienne et concrète de mon territoire, des (toutes) petites aux (très) grandes collectivités qui l'animent. Cette connaissance approfondie de la sphère territoriale et de ses enjeux, micros ou macros, est un préalable incontournable au déploiement d'une offre de formation adaptée et pertinente, qui vienne à la fois concrètement soutenir la mise en œuvre des projets des collectivités et favoriser le développement de compétences individuel de leurs agents.

C'est également un poste qui à mon sens appelle de l'audace et une énergie à toute épreuve pour pouvoir conduire dans le même temps des projets aussi divers que l'animation de réseaux professionnels, la professionnalisation de nos intervenants, l'accompagnement de projets structurants dans des collectivités de toutes tailles ou le développement de l'innovation publique !

Et enfin - mais est-il bien nécessaire de l'ajouter - on ne peut exercer ce métier sans une bonne dose d'empathie et d'ouverture aux autres !

Qu'est-ce qui vous fait lever chaque matin ?

Mathilde Perdriel : L'idée que mon action est utile et concrète et qu'elle contribue à sa juste mesure à faire évoluer le service public ; plus modestement encore, le sentiment que quelques hommes et femmes, par notre intervention, vont gagner en confiance, en aisance, en intérêt pour leur métier et donner du sens à leur investissement dans le secteur public.

Et je mentirai si je ne disais pas que ce qui me fait me lever le matin, c'est aussi le plaisir de retrouver la belle équipe qui m'accompagne au quotidien !

Quel est le projet qui vous a le plus marquée et dont vous êtes le plus fière ?

Mathilde Perdriel : Il s'agit d'un projet en cours de réalisation mais dont je suis déjà très fière ! Je travaille depuis 2 ans à la conception de nouveaux locaux pour accueillir les stagiaires et collectivités du territoire à partir de l'automne 2021. C'est une démarche que je conduis selon les principes fondamentaux de l'innovation publique, basée sur une approche usager ; j'associe donc étroitement nos futurs utilisateurs internes et externes à la réflexion conduite autour des aménagements des espaces et du développement de nouveaux services. Mon objectif est de créer un beau lieu innovant, convivial et ergonomique, qui vienne renouveler et dynamiser l'offre de services du CNFPT en direction des intervenants, agents et collectivités du territoire. Au-delà, je suis animée par le souci de concevoir ce futur bâtiment de 2 200 m2 comme un tiers lieu ouvert sur l'extérieur et ancré naturellement dans le paysage public local.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Mathilde Perdriel : Voyager, voyager, voyager ! Mais je me heurte à ce hiatus très frustrant rendant inconciliables une soif de découvertes inextinguible et la conscience d'un nécessaire retour à une frugalité écologique dans les déplacements lointains...

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marquée dans votre carrière ?

Mathilde Perdriel : Il y en a beaucoup ! Ce ne sont pas des personnalités en vue que je vais évoquer mais des professionnels de terrain qui ont jalonné mon chemin pour mon plus grand bonheur.

Je pense en premier lieu à certains intervenants, qui ont une fibre pédagogique « extraordinaire », et auprès desquels j'ai beaucoup appris à tous points de vue. J'ai aussi eu la chance de côtoyer quelques managers d'exception dans ma carrière, de cette veine qui savent embarquer les équipes avec eux (ou elles !) sans user d'artifice, ancrés dans le réel et néanmoins visionnaires.

J'ai enfin eu le bonheur au CNFPT de travailler en proximité avec quelques collègues extrêmement brillants et engagés. Je souhaite à tout un chacun de vivre dans sa carrière ces mêmes moments de grâce d'intelligence collective, de créativité empreinte de bienveillance réciproque que j'ai pu partager avec eux. Aujourd'hui encore, même éloignés géographiquement, nous formons un réseau amical et professionnel indéfectible et soutenant. Alors merci à vous, les Sandrine Belleinguer-Thilie, Sébastien Nani, Jacky Le Bihan, Frédéric Livenais-Sintès, Nathalie Lenglet...

Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?

Mathilde Perdriel : « Au rugby (…), tout le monde regarde l'équipe, personne ne regarde le ballon. Or l'important, c'est le ballon, c'est lui qui fait l'équipe. C'est la passe qui fait la relation entre les gens, et une équipe n'existe que par le ballon, que par la passe ». Michel Serres (2014). Une jolie métaphore pour illustrer le fondement du vivre ensemble... qui fait qui plus est particulièrement écho chez la Toulousaine que je suis !

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Mathilde Perdriel : Indiscutablement, le premier changement qui a fondamentalement impacté mon cœur de métier d'ingénieur de formation et pédagogique est le développement de la place des outils numériques dans les interventions pédagogiques. Le monde de la formation vit aujourd'hui une transformation majeure à travers la diversification foisonnante des modalités et approches formatives et à travers l'évolution du rapport des apprenants à la connaissance et au savoir-faire. L'usage du numérique dans ce contexte ouvre des perspectives extraordinaires pour rendre - de façon plus ou moins complémentaire aux formations présentielles selon les cas - plus attractives, flexibles, réactives, accessibles les nouvelles offres de formation. M'approprier puis intégrer ces nouvelles technologies dans mes approches formatives s'est révélé pour moi un défi passionnant qui est venu complètement requestionner les pratiques plus traditionnelles.

Dans un domaine relativement corollaire, la généralisation du télétravail très rapide – mais aujourd'hui pérenne - qui s'est imposée à nous vient percuter assez brutalement les pratiques professionnelles de tous. En tant qu'encadrante, comme tous mes homologues de tous niveaux et tous secteurs d'activité, cela m'a conduit à requestionner en partie mon management pour l'adapter à la distance et aux évolutions extrêmement rapides de l'organisation du travail qui en découle. Cette transformation profonde promet de faire durablement bouger les lignes du management public comme privé. Mais cela promet de belles heures de créativité et de réinvention collective, n'est-ce pas ?

Propos recueillis par Hugues Perinel

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