Portraits d'acteurs

Pascale Martinetto

Pascale Martinetto

DGA services aux publics Agglomération et ville de Montélimar

« J'ai toujours beaucoup de respect pour le mandat politique dont l'exercice est de plus en plus complexe et exigeant mais je suis aussi très sensible à la réalité des équipes qui sont dans un environnement de plus en plus turbulent, mouvant et insécurisant. »

Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Pascale Martinetto : Après un cursus en droit public à Lyon et l'Université du Québec, j'ai finalisé mon parcours par un DESS Aménagement et développement local à l'Université d'Aix Marseille 3. J'ai ainsi découvert les politiques publiques en faveur du logement et de la politique de la ville. J'ai eu la chance de commencer à travailler au Grand Lyon pour la finalisation du PLH intercommunal. J'ai pris goût aux politiques transversales et au pilotage de projets faisant appel aux approches croisées.

À l'issue de cette expérience, j'ai intégré les équipes du contrat de ville de la Ville de Marseille puis celles du Conseil régional Provence Alpes Côte d'Azur. J'y suis restée, au final, 15 ans sur différentes fonctions dans les domaines de la politique de la ville, de la sécurité/prévention de la délinquance, du développement rural (FEADER) ou encore collaboratrice d'élu. Pendant ces années, j'ai surtout eu la chance de construire la politique régionale de sécurité, domaine non prévu par les lois de décentralisation pour les régions et j'ai contribué à une approche inédite avec notamment une convention unique entre Région et ministère de la Justice. Cela a surtout conforté mon souhait d'être au cœur des politiques essentielles à la République et à l'exercice de la démocratie.

En 2013, j'ai été recrutée comme DGA à la Ville de Chambéry pour la mise en place de cette nouvelle direction axée sur la cohésion sociale et la proximité. J'ai ensuite intégré la Ville de Grenoble comme directrice éducation jeunesse et suis actuellement, DGA mutualisée Ville/agglomération à Montélimar sur les services à la population.

Si vous deviez écrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?

Pascale Martinetto : Stratégie : c'est ce qui me plaît le plus dans le poste de DGA, trouver l'articulation entre les attentes des élus et l'opérationnalité des équipes.

Vision : donner un cap aux équipes qui permet à la fois de donner le sens à l'action tout en identifiant, avec les managers, les objets de travail communs aux différents domaines dont ils ont la charge.

Adéquation : je m'attache dans la conduite des projets à veiller à l'adéquation entre les actions validées et les moyens humains et financiers mais aussi en tenant compte de l'état d'esprit des équipes.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Pascale Martinetto : Écoute : savoir être disponible pour sentir les besoins des managers mais aussi les recueillir.

Accompagnement : tant des équipes des directions dont j'ai la charge que des élus surtout pour celles et ceux dont c'est le premier mandat et qui doivent s'acculturer ! J'ai toujours beaucoup de respect pour le mandat politique dont l'exercice est de plus en plus complexe et exigeant mais je suis aussi très sensible à la réalité des équipes qui sont dans un environnement de plus en plus turbulent, mouvant et insécurisant.

Fermeté : savoir arbitrer, tenir un cap, faire respecter un cadre tout en veillant à être juste et équitable.

Qu'est ce qui vous fait lever chaque matin ?

Pascale Martinetto : Retrouver les collectifs : celui de mes équipes, celui de la DG, celui avec les élus. Participer, à mon niveau, à l'équité républicaine.

Quel est le projet qui vous a marquée et dont vous êtes la plus fière ?

Pascale Martinetto : Constituer une direction sécurité prévention à la Ville de Chambéry. À mon arrivée, la police municipale était en grande difficulté suite à un évènement traumatisant et son activité n'était pas assez lisible. Le DGS et la maire m'ont chargée de structurer une véritable direction dédiée à la sécurité et à la prévention de la délinquance : traduire la volonté politique de développer les conditions du vivre ensemble dans une ville apaisée, donner un sens à l'action des policiers municipaux, permettre une collaboration constructive et efficace avec les forces de police, la Justice et les acteurs sociaux pour une politique de prévention complète.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez voir concrétiser ?

Pascale Martinetto : Trouver un équilibre et la sérénité entre mon rôle de maman célibataire d'un jeune de 18 ans qui passe son bac et se lance dans la vie étudiante et ma charge de travail.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marquée dans votre carrière ?

Pascale Martinetto : L'idéal serait de pouvoir citer les collègues remarquables, que j'ai pu croiser quelles que soient leurs fonctions surtout celles et ceux qui restent dans l'ombre humble au quotidien mais un livre n'y suffirait pas !

Je souhaite pouvoir citer 2 hommes remarquables par leur souci de cohérence entre leurs propos et leurs actions, leur humanisme et leur très grande humilité. À l'heure où nombreux sont ceux qui se revendiquent d'une bienveillance aussi affirmée que creuse, ces 2 collègues là m'ont prouvé que la grandeur d'âme et l'intelligence du cœur peuvent s'incarner ! Je veux donc citer mon chef de service sécurité/prévention à la Région Sud, Jean Christian Sinsoilliez qui m'a tout appris dans ces domaines : nous avons construit une politique régionale inédite répondant aux attentes politiques de l'exécutif. J'ai eu un immense plaisir à découvrir le monde de la Justice et celui de la sécurité publique mais surtout constater à quel point, ces deux piliers sont essentiels à la démocratie et combien ils sont malmenés, maltraités créant confusion, surenchère et débats délétères.

Des années plus tard, j'ai eu la très grande chance d'être recrutée en tant que DGA à la Ville de Chambéry par Philippe Lejeune, DGS à l'époque. Alors que jamais je ne m'étais projetée sur ce type de poste, cette nomination lui a semblé tout à fait naturelle. Grâce à lui, j'ai pris goût à ces fonctions et découvert toutes mes potentialités. J'ai surtout rencontré un homme aussi vif et intelligent que profondément humain avec une exigence professionnelle, respectueuse à l'égard de toutes et tous.

Ces deux hommes ont surtout été des très grands serviteurs de la politique publique au service de toutes et tous, ce qui a marqué, durablement ma manière de servir et de manager les équipes.

Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?

Pascale Martinetto : « Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément » Nicolas Boileau-Despréaux. J'y retrouve ce qui me plaît dans ce poste de DGA : appréhender la complexité des sujets qui me sont confiés et les rendre accessibles et compréhensibles.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Pascale Martinetto : Le vote présidentiel de 2002 et malheureusement celui de 2022. Je ne reprendrai pas tout ce qui a déjà été dit et écrit sur ce sujet mais j'étais en 2002, chargée de mission régionale sur la politique de la ville et je me souviens de notre stupeur professionnelle. J'ai su, à ce moment-là que je voulais être au cœur de l'action publique et être au plus près des centres de décision. Je ne cesse de voir depuis 20 ans le morcellement de la politique publique, l'autosatisfaction de certaines et certains professionnels, l'aveuglement de certains décideurs... je sais l'humanité capable du meilleur comme du pire et je continue à croire que nous pouvons, collectivement trouver des perspectives enthousiasmantes.

 

Propos recueillis par Hugues Perinel

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