Portraits d'acteurs

Philippe Bluteau

Philippe BLUTEAU

Avocat au Barreau de Paris, intervenant en conseil et en contentieux pour les collectivités locales, leurs élus et leurs agents

« Vivre mon action quotidienne comme un engagement au service du public et, plus précisément, au service du bon accomplissement du mandat que le peuple souverain a confié à ses représentants pour défendre l’intérêt général. »

Quelles sont vos fonctions actuelles ?

Philippe Bluteau : Je suis avocat au Barreau de Paris, travaillant presque exclusivement pour des collectivités locales, leurs établissements publics, leurs élus et leurs agents. J’interviens quotidiennement sous la forme de conseils ou d’interventions contentieuses, sans oublier une activité de publication et de formation en direction des décideurs publics locaux et des étudiants, qui me semble indispensable.

Cette spécialité de fait, qui n’est pas reconnue en tant que telle, implique de couvrir à la fois du droit administratif en ses différentes branches (fonctionnement institutionnel, contrats publics, urbanisme), du droit électoral et du droit pénal.

Quelles sont les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Philippe Bluteau : Diplômé de Sciences Po Paris en 1997 (section service public), j’ai ensuite obtenu une maîtrise de droit public à Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines puis un DESS de Juriste territorial à Paris II Assas.

Avant de devenir avocat en janvier 2006, j’ai toujours travaillé avec et pour des élus, comme juriste en collectivité, assistant parlementaire à l’Assemblée nationale ou encore chargé de mission au sein de l’Association des petites villes de France.

Citez le projet qui vous a le plus marqué et dont vous êtes le plus fier ?

Philippe Bluteau : Tous mes confrères avocats vous confirmeront qu’il n’y a pas de « petits » dossiers. Dans mon domaine, accompagner juridiquement le montage des politiques publiques, ou défendre l’honneur d’un élu mis en cause, sont des occasions quotidiennes d’épanouissement. Bien sûr, certains dossiers vous marquent pour longtemps. Par exemple, la question prioritaire de constitutionnalité que j’ai portée pour la commune de Salbris en 2014, depuis le départ et jusqu’à l’obtention de la décision du Conseil constitutionnel que beaucoup d’élus et d’agents connaissent désormais.

Il ne s’agissait plus seulement de défendre les intérêts d’une ville, mais à travers elle le principe fondamental d’égalité de chaque citoyen devant le suffrage.

Avez-vous un rêve que vous souhaitez concrétiser ?

Philippe Bluteau : Vous savez, dans une vie d’homme, à partir du moment où l’on est édité chez Weka…

Comment décririez-vous votre engagement personnel en tant qu’acteur public ?

Philippe Bluteau : Nécessairement différent de celui d’un cadre de la fonction publique territoriale, puisque je ne suis pas un acteur « public » au sens strict, mais bien un acteur privé, exerçant en toute indépendance une profession libérale. Pour autant, cette différence de statut ne m’empêche pas de vivre mon action quotidienne comme un engagement au service du public et, plus précisément, au service du bon accomplissement du mandat que le peuple souverain a confié à ses représentants pour défendre l’intérêt général.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Philippe Bluteau : Rigueur et imagination : la rigueur la plus intransigeante, sans laquelle il ne peut pas y avoir d’analyse juridique précise sur l’état du droit et les moyens d’action qu’il offre ; l’imagination la plus libre, sans laquelle il ne peut pas y avoir de conseils pertinents permettant à la collectivité d’exploiter tous ces moyens d’action. Car la fonction d’un avocat en droit public local n’est pas de dire ce qui est légal ou pas, elle consiste à trouver les voies et moyens permettant de traduire dans les faits un projet politique, souvent en l’amendant, parfois en le conservant avec une dose de risque assumée par l’élu.

J’ajouterais, dans le cas particulier d’un avocat exerçant en droit public, qu’il est préférable d’avoir une bonne connaissance, pratique, des rouages et des enjeux de la vie politique.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marqué dans votre carrière ?

Philippe Bluteau : Le secret professionnel qui s’impose à l’avocat m’empêche de raconter les anecdotes les plus savoureuses. Mais je garde un souvenir ému de certaines personnalités, dont le dévouement à la chose publique est précieux : ce sénateur qui tond lui-même la pelouse du cimetière de sa commune, ce directeur général des services qui vous appelle un dimanche à 18h parce qu’il a une nouvelle idée, ce député-maire concentré sur sa tâche plus de quinze heures par jour, connaissant à la fois les difficultés réelles de ses électeurs, les principes idéologiques qu’il a décidé de suivre et les derniers ajustements à apporter à la loi en préparation.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Philippe Bluteau : Depuis vingt ans, sur le fond, l’émergence de l’intercommunalité comme niveau stratégique de l’action publique et, sur la forme, la dématérialisation des échanges.

L’émergence de l’intercommunalité a imposé de nouveaux conseils, provoqué de nouveaux contentieux, appelé un autre type d’échanges entre l’avocat et les élus. Mais c’est incontestablement la dématérialisation qui a le plus bouleversé le métier : non seulement l’intégralité des bases documentaires est désormais accessible immédiatement et partout, mais le service lui-même, qu’il se présente sous forme de consultations ou de mémoires contentieux, peut être rendu immédiatement et partout. C’est une formidable chance, dès lors que cette dématérialisation ne nous fait pas perdre deux choses indispensables, aussi bien à la qualité du service qu’au bonheur de chacun : la réflexion critique et le contact humain.

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