Portraits d'acteurs

Rémi Teillet

Rémi Teillet

Directeur Général des Services de la Ville de Valras-Plage

« Le Directeur général des services d'une collectivité doit épouser en tous points les compétences d'un Chef d'orchestre. Connaitre parfaitement la musique pour faire jouer des musiciens, experts dans leurs domaines sur une partition écrite par les élus d‘un territoire. Le tout sans aucune fausse note et dans une merveilleuse harmonie pour le plus grand bonheur des habitants. »

Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Rémi Teillet : J'exerce actuellement les fonctions de DGS de la commune de Valras-Plage, commune touristique et balnéaire surclassée du littoral héraultais qui possède la singularité de multiplier par 10 sa population de mai à octobre. Avant cela, alors que rien ne me prédisposait à la fonction publique territoriale au regard de mes études dans la filière de l'expertise comptable, la réussite au concours de Rédacteur puis d'Attaché m'a projeté au sein de cette grande famille passionnante : d'abord comme directeur financier du Centre départemental de gestion de Seine-et-Marne, puis DGAS de la commune de Lagny-sur-Marne (20 000 habitants) avant de rejoindre la Communauté d'agglomération Val de France (95, 140 000 habitants) et la commune du Kremlin-Bicêtre (94, 26 000 habitants) aux portes de Paris. Je suis ensuite passé pendant une décennie du côté obscur de la force en créant et animant un cabinet conseil exclusivement dédié au secteur public. Après avoir sillonné la France de tous les côtés, j'ai posé mes valises en terre catalane où j'ai été DGS de la commune du Boulou pendant 6 ans.

Si vous deviez décrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?

Rémi Teillet : En trois mots, c'est simple : Chef d'orchestre. Tout est dans cette définition, le Directeur général des services d'une collectivité doit épouser en tous points les compétences du Chef d'orchestre. Connaitre parfaitement la musique pour faire jouer des musiciens, experts dans leurs domaines sur une partition écrite par les élus d‘un territoire. Le tout sans aucune fausse note et dans une merveilleuse harmonie pour le plus grand bonheur des habitants. Soyons clairs, il faut parfois beaucoup de temps pour parvenir à cette prouesse et ce n'est pas une science exacte.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Rémi Teillet : Bienveillance, exigence et sens de l'humour. Sans bienveillance, aucune espèce de chance de faire avancer un collectif, sans exigence non plus d'ailleurs. C'est le savant dosage entre les deux qui permet de faire sens pour les agents publics dans la conduite de leur action tout en préservant la vertu cardinale dévolue à un manager, la justice. Le sens de l'humour est par ailleurs l'ingrédient indispensable sans lequel rien n'est jamais possible.

Qu'est-ce qui vous fait lever chaque matin ?

Rémi Teillet : L'irrépressible envie de savoir ce qui va se passer dans la journée. Comme tous les optimistes, je crois être l'homme le plus heureux du monde chaque matin car c'est le moment où le champ des possibles est grand ouvert. En même temps, le soir est un excellent moment aussi, puisqu'il prépare à merveille le lendemain matin.

Quel est le projet qui vous a le plus marqué et dont vous êtes le plus fier ?

Rémi Teillet : Les projets les plus difficiles et les plus ambitieux sont ceux qui marquent le plus. Aussi, je retiens les nombreuses fusions d'EPCI à fiscalité propre et les fusions de communes que j'ai accompagnées lorsqu'il s'est agi de rationaliser la carte intercommunale au début des années 2010. Sur ce registre, faire se réunir des élus de territoires qui n'ont pas forcément envie de faire route commune n'est pas une sinécure mais s'avère être un projet enthousiasmant.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Rémi Teillet : À titre personnel, de nature plutôt heureuse, je n'ai pas de rêve inaccessible à souhaiter voir se concrétiser si ce n'est la poursuite le plus longtemps possible de ce que la vie m'offre déjà quotidiennement. Sur le plan collectif, un environnement national et international moins agressif et martial me comblerait.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marqué dans votre carrière ?

Rémi Teillet : Sans hésitation, je retiens la figure filiale de Patrice Pagny qui a été le Maire de la commune de Lagny-sur-Marne pendant 3 mandats successifs entre 1995 et 2012. Depuis mon recrutement en 1999 au sein des services de sa commune et à maintes reprises ensuite, il m'a fait confiance et permis de devenir l'homme que je suis aujourd'hui. Je lui en suis excessivement reconnaissant. Bienveillance, générosité et grandeur d'âme constituent son ADN.

Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?

Rémi Teillet : J'apprécie tout particulièrement la formule de Saint-Exupéry, « Pour ce qui est de l'avenir, il ne s'agit pas de le prévoir mais de le rendre possible ». Elle souligne la capacité de chacun à agir sur son propre destin et renforce l'envie et l'enthousiasme que l'on doit avoir en permanence pour accompagner les changements collectifs.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Rémi Teillet : Ce sont essentiellement les grandes évolutions réglementaires qui ont fortement impacté ma carrière. L'alignement des planètes m'a souvent placé au bon endroit et au bon moment de l'actualité législative. Formé en comptabilité privé, j'intègre la fonction publique territoriale le 1er janvier 1997, soit le même jour que les nouvelles instructions comptables qui viennent révolutionner les pratiques budgétaires. La loi Chevènement du 12 juillet 1999 à l'initiative du développement de la coopération intercommunale va me permettre d'accompagner la création ex-nihilo et le développement d'EPCI à fiscalité propre à une époque où nous étions très peu nombreux à être formés et expérimentés à la vie intercommunale. Que dire enfin de la loi portant réforme des collectivités territoriales de décembre 2010 qui m'a offert pendant 10 ans un terrain de jeu merveilleux pour la fusion de nombre d'EPCI et la création de communes nouvelles.

 

Propos recueillis par Hugues Perinel

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