Portraits d'acteurs

Sandy Vercruysse

Sandy Vercruysse

Chargée d'accompagnement managérial pour les cadres de l'action sociale au sein de la DGA Enfance Familles Santé du Département du Nord

« Chacun est porteur de ressources pour avancer sur son chemin, on a juste parfois besoin de quelqu'un pour nous aider à les voir ou nous mettre sur les chemins pour aller les chercher. »

Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Sandy Vercruysse : Je suis Chargée d'accompagnement managérial pour les cadres de l'action sociale au sein de la Direction Générale Adjointe Enfance Familles Santé du Département du Nord et coach professionnelle dans le réseau des coachs internes. Pour résumer, j'offre aux cadres un espace d'écoute et de soutien dans leurs problématiques managériales du quotidien, qu'il s'agisse de consultations ou d'accompagnement. Sur l'autre partie de mon poste, je gère des marchés d'accompagnement collectif à destination des cadres et des équipes. Depuis peu, je participe au réseau des facilitateurs CODEV de la collectivité et je commence à déployer des accompagnements collectifs suite à ma nouvelle formation de coaching systémique des relations et des organisations chez OSRC.

Mon parcours professionnel a démarré dans l'Éducation nationale puisque je me destinais à être professeur documentaliste. Mais une formation au CREPS de Coordonnateur d'actions socioculturelles - Chef de projet politique ville/jeunesse m'a amenée à faire mes premiers pas dans la Fonction publique territoriale dans les dispositifs de Réussite éducative avant d'aller explorer l'action sociale puis plus spécifiquement l'insertion professionnelle avec le poste de Responsable de la Maison Départementale de l'Emploi et de l'Insertion de Lille.

Si vous deviez décrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?

Sandy Vercruysse : Conseil, soutien aux pratiques, développement du pouvoir d'agir.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Sandy Vercruysse : L'écoute active, l'accueil dans le non-jugement et la reconnaissance de ce qui est vécu par l'autre, la confidentialité, être garant de son cadre, ne rien vouloir pour l'autre. J'attache aussi beaucoup d'importance à la délicatesse et à l'élégance dans la relation.

Qu'est-ce qui vous fait lever chaque matin ?

Sandy Vercruysse : Les petits oiseaux dans mon jardin ; les sourires de mon compagnon et ma fille de 5 ans dès le réveil... Je rêverais d'avoir à nouveau 5 ans pour vivre tout aussi intensément et simplement !

Savoir que chaque jour je suis nourrie des échanges de ma journée, de mon lien aux autres, que je vais découvrir des univers passionnants (et complexes aussi) derrière chaque personne qui passe la porte de mon bureau. Me dire aussi que j'ai la chance de pouvoir offrir quelque chose de simple mais précieux selon moi : une écoute sincère et un espace de respiration

Quel est le projet qui vous a le plus marquée et dont vous êtes la plus fière ?

Sandy Vercruysse : Il y a beaucoup de projets professionnels pour lesquels j'ai ressenti de la joie et du partage et qui ont tous en commun le fait d'avoir été portés en transversalité donc dans la richesse de la diversité.

Ce qui m'a sans doute le plus marquée et dont je pourrais parler avec une forme de fierté, une fierté collective, est celui d'une équipe en cohésion malgré de grandes différences (de tempérament, de pratiques, de vision), lors de mon dernier poste de cadre Responsable de la Maison de l'Emploi et de l'Insertion. J'ai pris vraiment beaucoup de plaisir à créer ce nouveau collectif, à accompagner chacun à prendre sa place. Grâce à ma certification de coach, je suis arrivée là où je souhaitais être « humainement » en tant que cadre et à le vivre dans ma relation au travail avec mon équipe. Nous avons de plus traversé ensemble la période Covid et je n'oublierai pas les liens qui se sont tissés dans cette période trouble, ce supplément d'âme que j'ai pu partager avec chacun. Je leur serai toujours reconnaissante de ce que nous avons partagé, de la confiance mutuelle que nous nous sommes donnés et de leur engagement dans le collectif malgré les multiples adaptations auxquelles nous devions faire face.

Impossible de ne pas évoquer également le dispositif d'accueil de collégiens exclus. Il s'agissait d'un projet expérimental mené avec des principaux de collèges motivés à trouver des solutions pérennes pour des jeunes un peu perdus et qui renouvelaient, de par leurs comportements inadaptés, des exclusions de leur collège. Ce projet a réuni à leurs côtés une psychologue, une sophrologue, un comédien et un professeur d'EPS. Pendant une semaine, ces collégiens étaient plongés en « immersion à l'intérieur d'eux-mêmes » pour tenter de comprendre ce qui faisait mal et les poussaient à des comportements limites. Une expérience très riche, intense qui visait à les remettre en alignement tête cœur corps.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Sandy Vercruysse : Oui, je rêverais d'avoir un salon de thé bibliothèque un peu comme Cook & Book à Bruxelles mais avec en plus un espace développement personnel et coaching à destination des jeunes et de leurs parents. Il y aurait un espace ressources, les personnes employées pour la restauration seraient en insertion et ainsi je mêlerai tout ce qui a été important pour moi et a jalonné ma carrière professionnelle.

Plus modestement et plus actuel, je rêve d'avoir ma « petite entreprise » de coaching relationnel. Nous avons tous besoin d'être en lien avec les autres, c'est ce qui donne de l'essence à notre vie la relation aux autres mais c'est aussi ce qui peut nous abîmer. Alors autant bien se connaître et avoir des clés de compréhension de ce qui nourrit ou détruit les relations, de ce qui peut nous permettre de vivre en étant pleinement soi dans la complexité et le changement permanent.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marquée dans votre carrière ?

Sandy Vercruysse : Caroline Aunos, coach, qui a réalisé mon bilan de compétences en 2017 : cette étape a été le point de départ vers ma nouvelle vie professionnelle puisque je suis entrée en formation de coaching un an après.

Le coach qui m'a formée, Dominique Mousset, résonne encore en moi beaucoup de ses enseignements, essentiellement dans la posture du coach plus que dans les outils.

Mon manager, Élodie Hamard, quand j'ai été Responsable de la Maison Départementale de l'Emploi et de l'Insertion. J'ai admiré sa grande humanité, son incroyable capacité à « faire tampon » et à rassurer, sa force dans une grande douceur et son sourire inébranlable. Élodie, c'est le calme et la stabilité même dans la tempête.

Voilà pour le passé, mais dans les personnes importantes dans ma carrière, il y a ma responsable actuelle, Audrey Hoffmann. La relation est simple et enrichissante. On peut discuter de tout même dans le désaccord. Les échanges sont quelquefois "musclés" mais j'apprécie sa capacité à rechercher ce qui est juste et satisfaisant pour les deux dans la relation, elle est extrêmement humaine et a une grande capacité à se remettre en question si nécessaire. Elle m'est d'une grande aide quand j'ai besoin de prendre du recul car accompagner des professionnels au sein d'une institution dont on fait partie soi-même ce n'est pas toujours simple.

Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?

Sandy Vercruysse : « On est trop préoccupé par ce qui était et ce qui sera. Un proverbe dit : hier c'est de l'histoire ancienne et demain est un mystère, mais aujourd'hui est un cadeau. C'est pourquoi on l'appelle le présent » Oogway dans Kung Fu Panda. Cette citation m'accompagne depuis longtemps et elle a toujours été affichée dans les espaces que j'ai occupés. La vie autour de nous nous montre par suffisamment d'exemples que c'est là maintenant et qu'elle offre toujours quelque chose de positif dans notre journée, aussi infime soit-il, que c'est là maintenant dans le présent en étant ancré que l'on peut avancer vers demain.

Il y en a une seconde à laquelle je tiens beaucoup : « Si tu cherches encore cette personne qui va changer ta vie, regarde-toi dans le miroir » Roman Price. Je pense que l'on peut passer sa vie à chercher de l'aide à l'extérieur de soi mais que si l'on ne change pas le regard qu'on porte sur soi, les autres, le monde, on ne peut pas changer en profondeur. J'ai encore récemment lu un livre qui parle de cela « Guérir sa vie », Gustave-Nicolas Fischer. Personne ne peut opérer de transformation à notre place. Mon rôle en tant que coach c'est donc d'aider la personne à prendre conscience de ce pouvoir intérieur, de lui révéler son potentiel et d'être garante du cadre dans lequel je le fais. Chacun est porteur de ressources pour avancer sur son chemin, on a juste parfois besoin de quelqu'un pour nous aider à les voir ou nous mettre sur les chemins pour aller les chercher.

Quelle est votre routine quotidienne pour prendre soin de vous ?

Sandy Vercruysse : Elle est très simple et plutôt basique :

  • dormir suffisamment,
  • m'hydrater,
  • manger sainement - j'entends par là le moins de produits industriels possibles - je cuisine maison et le temps de repas est important pour moi.
  • Bouger, sortir prendre l'air, je déteste rester enfermée trop longtemps.
  • Partager le repas du soir avec ma fille et mon compagnon car nous avons un rituel auquel je tiens : on partage chacun ce que l'on n'a pas aimé de notre journée pour s'en débarrasser et ensuite, ce qui nous a fait plaisir, nous a rendus heureux.
  • Enfin, la cohérence cardiaque est devenue mon meilleur ami.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Sandy Vercruysse : La rencontre avec un manager toxique dans ma carrière a opéré un tournant dans mon positionnement au travail en terme d'affirmation de soi et dans mes choix d'environnement de travail en étant davantage à l'écoute en entretien de recrutement sur ce que je ressentais de mon/ma potentiel(le) future responsable en face de moi : est-ce que sa posture m'inspirait confiance ? Me donnait envie de travailler avec lui/elle ?... L'objectif n'était plus de décrocher le poste mais de le décrocher au bon endroit avec les bonnes personnes. J'ai aussi travaillé sur mes limites dans ce que je peux accepter de la relation à l'autre et comment je me fais entendre quand ça n'est pas ok.

Et bien sûr le Covid comme beaucoup de personnes m'a amenée à reconsidérer mon rapport au temps entre le travail et le personnel, à trouver plus d'équilibre. J'ai pas mal exploré aussi la question du sens, de ce que je voulais vraiment réaliser et il m'est apparu qu'un poste dédié à l'accompagnement des individus me correspondrait davantage.

 

Propos recueillis par Hugues Perinel

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