Portraits d'acteurs
Virginie Grguric
DRH de la Ville de Fresnes
« Ce sont les managers qui permettent à un projet politique d'être mené à bien car ils sont la courroie de transmission indispensable entre les décisions du top management et la réalité du terrain et vice-versa. »
Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?
Virginie Grguric : Mon parcours de formation initiale est double : études universitaires en droit (Master 2 en administration internationale) et Master en gestion des ressources humaines, communication interne en école de commerce. J'ai débuté ma vie professionnelle dans le secteur public (ambassade puis ministère de la Justice) avant d'intégrer le secteur privé sur des fonctions juridiques et de consulting, qui m'ont permis de découvrir le paritarisme et les relations collectives de travail mais surtout donné envie de travailler dans les ressources humaines. J'ai mûri ce projet et après une expérience en tant que déléguée générale d'une organisation professionnelle, je suis retournée à l'école - école de commerce - en l'occurrence, dans les conditions de la formation initiale, pour obtenir un Master en gestion des ressources humaines. J'ai commencé ma carrière en ressources humaines d'abord en tant que responsable RH dans la FPT, et après un passage de 2 ans à l'État, je suis revenue dans la territoriale depuis 2022 sur mon poste actuel. Je suis DRH à la Ville de Fresnes depuis 3 ans et demi.
Si vous deviez décrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?
Virginie Grguric : Anticipation, accompagnement, transformation.
Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?
Virginie Grguric : Tout d'abord avoir un positionnement macro, avoir une vision de là où l'on veut aller en tenant compte de l'existant et du point d'arrivée. À mes yeux, un DRH est tout sauf un gestionnaire. Si la dimension « gestion » est importante au sein d'une direction des ressources humaines, le directeur ne peut quant à lui pas résumer ses fonctions à cette dimension. Ce qui me plait dans mon métier c'est de partir d'un point A et d'arriver à un point B : toute la plus-value d'un DRH est dans le chemin qu'il va construire pour relier les 2 points et la concrétisation du point B. D'ailleurs, le DRH va contribuer à faire évoluer ce point B le cas échéant.
Un DRH doit être curieux, avoir le goût des autres et des métiers. Les métiers me passionnent tout autant que ceux qui les mènent. Je peux passer des heures sur des études de poste : observer les manières de faire, questionner les professionnels sur leurs pratiques, comprendre pourquoi telle technique ou tel outil va être utilisé(e) plutôt qu'un(e) autre, etc. Il doit avoir un grand sens de l'écoute et de l'analyse. Par ses fonctions, le DRH reçoit une somme très importante d'informations, avec souvent des versions variables pour une même situation. Il doit donc être attentif et avoir suffisamment en recul pour analyser ce flot d'informations sans le laisser influencer.
Le courage et la ténacité sont nécessaires pour s'affirmer et affirmer le positionnement des ressources humaines dans une organisation de travail. La masse salariale est souvent le premier poste budgétaire et je m'étonne systématiquement quand j'entends des pairs me dire qu'ils ne font pas partie du comité de direction.
Qu'est-ce qui vous fait lever chaque matin ?
Virginie Grguric : L'envie de changer le monde, en tout cas celui qui m'entoure, et de me dire que par ce que j'entreprends, par ce que mes équipes et moi faisons et mettons en place, la vie des autres va s'en trouver meilleure : la vie de la collectivité parce que la Maire va pouvoir mettre en œuvre son programme, mais aussi la vie des agents par une évolution professionnelle, une amélioration de leurs conditions de travail, voire de leurs conditions personnelles.
Le projet de lutte contre l'illettrisme que nous lançons me tient particulièrement à cœur à cet égard. Certes, il va permettre d'améliorer les compétences rédactionnelles des agents, qui sont capitales pour le service public. Mais cela va aussi impacter leur quotidien : savoir lire et écrire est un gage d'autonomie et de liberté, voire de fierté.
La seconde réside dans le fait que je ne supporte pas l'ennui. Or en ressources humaines, l'être humain rend chaque journée imprévisible. Vous ne savez pas ce qui vous attend, comment vous allez y faire face et vous adapter.
Quel est le projet qui vous a le plus marquée et dont vous êtes la plus fière ?
Virginie Grguric : D'aucuns remettent en cause son utilité, mais je suis une tenante de la ligne managériale. Ce sont les managers qui permettent à un projet politique d'être mené à bien car ils sont la courroie de transmission indispensable entre les décisions du top management et la réalité du terrain et vice-versa, ce qui est souvent périlleux.
À Fresnes, avec le soutien de la direction générale, un véritable plan d'accompagnement des managers a été mis en place : parcours de formation dédié (posture, communication, mode projet, commande publique, etc.), temps de réunion mensuels avec des thématiques spécifiques récurrentes sur certains mois (ex : focus juridique en juin, revue de projet en septembre), séminaire annuel dédié au management avec un fil conducteur sur 5 ans, mise en place de coachings individuels et collectifs, etc.
À côté de cet accompagnement, les managers sont véritablement considérés en tant que tels dans leurs décisions : ils ne sont pas infantilisés mais responsabilisés, ce qui leur permet d'asseoir leur position.
Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?
Virginie Grguric : Faire ce portrait pour Hugues Périnel.
Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marquée dans votre carrière ?
Virginie Grguric : Je ne sais pas comment mesurer l'impact d'une rencontre sur une carrière. La somme de plusieurs rencontres, en apparence peu importantes, peut vous impacter de manière plus importante qu'une seule rencontre. Cela étant, Philippe Vivien, que j'ai eu la chance de rencontrer, est un véritable modèle professionnel. J'ai toujours à portée de vue un article qui lui a été dédié pour le Trophée du DRH de l'année 2010. Quand j'ai un doute ou une baisse de motivation, je le regarde en me disant que s'il a pu mener aux côtés d'Anne Lauvergeon la superbe aventure AREVA, je trouverais bien une solution aux tracas professionnels que je rencontre à mon niveau. Et ça marche !
Je ne peux pas ne pas citer Laurence Molossi, actuelle DGS de la Ville d Fresnes. Nous pouvons être diamétralement opposées, voire en désaccord, mais notre rencontre professionnelle à Fresnes, dans un contexte post-crise sanitaire, a été l'opportunité de mener quasiment tous les projets que je souhaitais en RH. Il en reste encore...
Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?
Virginie Grguric : « L'acte de décider est plus important que la nature même de la décision que l'on prend » et « Celui qui veut faire trouve toujours un moyen ; celui qui ne veut rien faire trouve toujours une excuse » revêtent toutes les deux quelque chose de l'ordre du courage, de la volonté et de la détermination. Le fait de ne pas décider est une décision malgré tout, mais c'est une décision non assumée. Alors autant en être acteur et agir.
Quelle est votre routine quotidienne pour prendre soin de vous ?
Virginie Grguric : Le sommeil est très important. Je m'attache également à avoir une activité physique régulière, éviter les excès et être à l'écoute des signaux que mon corps peut m'envoyer. J'adore rire : l'humour permet de surmonter des situations parfois difficiles. Il paraît même que l'humour permet de réussir là où la force et l'intelligence échouent.
J'ai la chance d'exercer un métier que j'aime et que j'ai choisi, ce qui peut donner l'apparence d'un côté « addict au travail », mais qui me permet de m'investir pleinement. Je fais partie des personnes pour lesquelles le travail est fondamental, au sens littéral du terme. Mais quand je ne suis pas au travail, je déconnecte totalement et recharge les batteries. Les week-ends et les congés sont dédiés à ma vie personnelle : je profite de mes proches, je prends le temps, le temps de faire du sport, de lire, d'aller dans les musées et j'écoute beaucoup de musique.
Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?
Virginie Grguric : La guerre en ex-Yougouslavie (je suis d'origine croate) a probablement accentué un trait de caractère, à savoir mon attachement à choisir ce que sera ma vie professionnelle. Ma liberté de décider et de faire mes propres choix est essentielle. Je n'ai pas de « carrière » et n'en ai aucun regret car toutes mes expériences professionnelles sont des choix.
Mon passage au sein de la fonction publique d'État durant la crise sanitaire a aussi été marquant en ce qu'il m'a fait comprendre que ma place était dans la territoriale.
Propos recueillis par Hugues Perinel
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