Grande cause nationale pour 2025, la santé mentale est aussi essentielle que la santé physique. Début 2024, le bureau de la formation de la ville de Paris a entrepris de créer un réseau d’agents capables de former, en interne, aux premiers secours en santé mentale. Cette initiative répond à la circulaire du 23 février 2022, relative aux actions de sensibilisation et de formation au secourisme en santé mentale dans la fonction publique, qui incite les employeurs publics à généraliser le secourisme en santé mentale, sur la base du volontariat des agents. Réalisée en partenariat avec l’association Premiers secours en santé mentale France (PSSM), la formation est ouverte aux 56 000 agents de la ville. L’idée : apprendre les gestes qui sauvent, mais en aucune manière prodiguer des soins ou se substituer aux médecins et aux psychiatres. Après avoir reçu une semaine de formation, un vivier de douze formateurs est opérationnel depuis septembre 2024. Il sera bientôt rejoint par six formateurs supplémentaires. Marilène Duditlieux, responsable de la section prévention des risques professionnels/santé et sécurité au travail du bureau de la formation de la ville de Paris, nous donne des précisions sur cette démarche qui a été récompensée le 21 novembre 2025 par un Territoria Or parrainé par WEKA.
Pouvez-vous nous en dire davantage sur le réseau de formateurs en santé mentale de la ville de Paris ?
Ces agents volontaires forment en deux jours des secouristes, capables de venir en aide à quelqu’un qui présente un problème, une aggravation ou une crise, de santé mentale. Chaque agent peut suivre cette formation au secourisme. En présence d’une situation particulière, il saura ainsi détecter le problème, recueillir la parole et orienter la personne soit vers le service interne de la ville en charge de ce type de troubles, soit vers une association externe. Chacune des vingt-trois directions ainsi que la direction des ressources humaines disposent de leur propre service dédié aux troubles mentaux. Pour le moment, la formation est assurée en binôme pour soulager la charge émotionnelle qu’elle représente.
Quel est le budget de cette opération ?
Le coût total s’élève à 24 320 euros pour les douze premiers formateurs. Cela comprend deux sessions de formation initiale de deux jours, dispensée par PSSM à 2 680 euros chacune, plus la réalisation de 32 livrets à 30 euros, ainsi que la formation de formateurs, qui revient à 1 500 euros pour chacun des douze formateurs. Une fois que les formations sont effectuées en interne, leur coût diminue beaucoup : chaque session de deux jours, animée par un binôme de formateurs internes, revient à 1 220 euros, contre 3 100 euros en externe. En outre, l’organisation de sessions est plus facile car il n’y a pas de devis ni de bons de commande.
Avez-vous rencontré des difficultés pour créer ce vivier de formateurs ?
En effet, la première difficulté a été de recruter les agents volontaires pour devenir formateurs car nous ne savions pas vers quels profils nous tourner. Nous nous sommes d’abord concentrés sur des gens déjà sensibilisés à ces sujets, comme le personnel d’accueil du public ou en contact avec de jeunes enfants. Aujourd’hui, pour les nouveaux recrutements, nous avons élargi notre champ d’action. Le parcours formateurs avec l’association PSSM a été difficile, car il est assez exigeant : présélection des agents, questionnaire, formation de cinq jours, tests… Même en ayant suivi la totalité de la formation, un agent n’est pas sûr d’être habilité en fin de parcours. Certains ont abandonné en route. Car c’est un engagement lourd, fatigant et chronophage, qui vient en plus de leur métier. Pour conserver l’habilitation, il faut dispenser trois formations de deux jours par an pendant les trois premières années. À quoi s’ajoutent tout ce qui entoure les sessions : la préparation, la gestion administrative… C’est pourquoi nous essayons de relancer une nouvelle formation de formateurs, pour maintenir le vivier dans l’hypothèse où, au bout de trois ans, ils seraient nombreux à cesser leur participation.
Propos recueillis par Martine Courgnaud – Del Ry
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