Le ministre des Solidarités et de la Santé et la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques ont adressé à leurs collègues du gouvernement et aux directeurs généraux des Agences régionales de santé (ARS) une circulaire datée du 23 février 2022 visant à encourager les actions de sensibilisation et de formation au secourisme en santé mentale dans la fonction publique. « Cette démarche contribue au développement d’une culture de la prévention des situations de détresse psychique et à la lutte contre la stigmatisation des troubles psychiques », expliquent Olivier Véran et Amélie de Montchalin. L’offre de formation en santé mentale, portée conjointement par les deux ministères, doit permettre aux employeurs publics de « se saisir de ce dispositif concret pour le proposer à leurs agents, sur la base du volontariat, et ainsi poursuivre une dynamique en faveur de la prévention en santé mentale ».
Le secourisme en santé mentale vise à prévenir des situations de crise et orienter les personnes en situation de détresse psychique vers les professionnels de la santé mentale. Les secouristes sont formés pour reconnaître les signes indiquant qu’une personne est peut-être en train de développer un trouble de santé mentale ou de vivre une crise de santé mentale, pour lui venir en aide et l’orienter vers les ressources professionnelles appropriées. Ce dispositif, conçu sur le modèle des « gestes qui sauvent », ce dispositif ne se substitue en rien à une prise en charge des personnes concernées par des professionnels de santé (médecine du travail, psychiatres, infirmiers, psychologues).
La circulaire précise les objectifs et les modalités de cette offre déclinée en trois niveaux.
Une action de sensibilisation à destination de l’ensemble des agents publics
Il est recommandé d’organiser des demi-journées de sensibilisation et de prévention à la santé mentale annuellement, à partir de 2022, dans chaque administration et établissement public, afin de favoriser l’émergence d’une culture commune de la promotion du bien-être mental, de la prévention des situations de détresse psychique et de la lutte contre la stigmatisation des troubles psychiques.
Une action de formation de secouristes en santé mentale
Elle s’adresse à des agents volontaires, qui doivent exposer leur motivation pour suivre cette formation.
Une action de formation de formateurs au secourisme en santé mentale permettant aux ministères de constituer un vivier de formateurs internes
Cette formation hybride (enseignements à distance et en présentiel), complémentaire aux deux précédentes, s’adresse à des agents volontaires ayant été formés au secourisme en santé mentale, qui ont une connaissance des risques psychosociaux et une expérience en matière de formation. Ils sont désignés par leur administration parmi les agents volontaires.
Ces trois actions sont articulées entre elles et partagent un socle commun qui définit les enjeux de la santé mentale, les facteurs susceptibles de l’altérer, ceux qui la favorisent, ainsi que des notions générales sur des troubles psychiques, indique les deux ministères. Par ailleurs, la circulaire détermine les modalités de pilotage de ce dispositif et les acteurs qui y sont impliqués, pour les trois fonctions publiques. Conformément à leurs missions réglementaires, les médecins du travail devront être associés à l’élaboration du projet de formation. Une évaluation qualitative sur les résultats du dispositif de secourisme en santé mentale, pour les agents et pour les collectifs de travail, sera réalisée et présentée a minima une fois par an dans les instances représentatives du personnel compétentes en matière de santé au travail.
Formalisé par le programme « Mental health first aid », le secourisme en santé mentale est né en Australie en 2000 et a fait ses preuves dans 26 pays. Adapté en France depuis 2019, celui-ci a déjà été mis en place dans les universités, au ministère de la Justice à destination des personnels pénitentiaires et des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), et par l’Assurance-maladie dans le cadre de sa stratégie de prévention 2019-2022 à destination des jeunes de 16 à 25 ans non étudiants. Des retours très positifs ont été remontés par les institutions ayant déjà déployé cette offre de formation, rapportent les deux ministères.
« La crise sanitaire a questionné profondément les modes d’organisation au travail. Cette période nous invite à une vigilance redoublée sur les risques psychosociaux. Je souhaite qu’une attention toute particulière soit portée à la préservation de la santé mentale des agents dans les politiques de santé au travail. Le déploiement de ces actions de sensibilisation et de formation au secourisme en santé mentale dans la fonction publique, sur la base du volontariat et dans le cadre d’un dialogue social soutenu, constitue un levier important pour accompagner les managers et les agents », conclut la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques.
