Le management public doit se centrer sur la qualité au travail dans les établissements de soins

Publié le 13 août 2013 à 0h00 - par

HOSPIMEDIA – Le Fonds national de prévention des risques professionnels (FNP) propose des pistes, dans un rapport récemment diffusé, pour prévenir durablement les risques psycho-sociaux dans les établissements de soins. Trois points de vigilance à surveiller : culture professionnelle, management des services et procédures avec les instances.

Le management public doit se centrer sur la qualité au travail dans les établissements de soins

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« Les risques psycho-sociaux sont un symptôme des recompositions contemporaines qui affectent les organisations et singulièrement les services publics », relève le Fonds national de prévention (FNP) des risques professionnels dans son rapport « Pour une prévention durable des risques psycho-sociaux dans les fonctions publiques territoriale et hospitalière ». Ce document daté du printemps mais qui vient d’être mis en ligne sur le site Internet du fonds de la Caisse nationale de retraite pour les agents des collectivités locales (CNRACL) présente les réflexions d’un groupe de travail réunissant des experts en santé au travail, des cadres de gestion et des syndicalistes issus des deux fonctions publiques concernées. Le groupe s’est réuni à l’Institut de sciences politiques de Bordeaux de fin octobre 2012 à mi-mars 2013, signale le FNP. Alors que les réorganisations qui visent les établissements sont parfois pointées du doigt et que certains syndicats dénoncent une détérioration des conditions de travail au sein des structures de soins, ce rapport analysant le management public apportent de nouveaux arguments. Il faut dire que le secteur connaît des transformations majeures en raison notamment des évolutions de la planification dans le monde de la santé.

Des risques aux origines multi-factorielles

Concernant l’état des lieux des RPS, quelques bémols sont toutefois à retenir. Ainsi, il est très difficile d’évaluer les RPS de manière chiffrée, relève le FNP. L’origine des risques psychosociaux est en effet qualifiée de multi-factorielle. Elle peut concerner le contenu du travail à effectuer, l’organisation et les relations de travail ou encore l’environnement physique et socio-économique… En préambule, les auteurs signalent donc qu’il n’ont pas souhaité faire une étude exhaustive sur les risques psychosociaux, ni un guide méthodologique pour y faire face. Ce qui ne les empêche pas de détailler dans leur troisième partie les « points de vigilance pour une prévention durable » et d’insister sur les spécificité des deux fonctions publiques étudiées.

Trois niveaux de vigilance

Ils ont ainsi identifié trois niveaux possibles : les cultures professionnelles (identités au travail), le management des services et les instances et procédures en tant que lieux et moyens d’intelligence collective du travail. Toute évolution doit donc tenir compte de ces impératifs ou toute amélioration des RPS passe par ces niveaux. Les auteurs insistent aussi sur le fait que les RPS se posent dans des formes spécifiques dans le secteur public. « Le service public n’est pas une activité banale dans la mesure où ce dernier s’affecte une finalité « universelle » quelle que soit par ailleurs la trivialité des activités concrètes qui le composent », écrivent-ils, évoquant notamment le concept « d’intérêt général ». L’héritage culturel est aussi présenté comme quelque chose de lourd. « Le fonctionnement par corps et cadres d’emploi bien qu’ayant évolué notamment pour s’infléchir de la logique « qualification » vers la logique « compétence » et plus largement les modèles de gestion statutaires, cristallisent souvent des oppositions fortes », relèvent-ils.

De fortes résistances

Alors pas étonnant dans ces conditions que les nouvelles formes de management proposées se heurtent à de fortes résistances. Ce n’est donc qu’en les dépassant qu’une amélioration des conditions de travail semble envisageable. Les fonctionnaires paraissent redouter les modèles de management en vigueur dans les entreprises de marché. Pourtant selon les auteurs « le management public doit sortir des visions technocratiques qui l’ont souvent animé : ce sont les hommes et les femmes qui y sont employés qui font et feront les services », estiment-ils. Avec ce concept managerial centré sur la qualité du travail arrive dans la foulée la notion de qualité de vie au travail.

Troisième élément fondamental pour agir sur les RPS, il faut aussi « parvenir à un bon usage des instances et des procédures ». Cela concerne tout particulièrement les établissements de la Fonction publique hospitalière (FPH) où « les questions de santé au travail se sont inscrites de longue date dans un cadre réglementaire développé ». Pour illustrer leurs propos, les auteurs évoquent la multiplicité des instances et intervenants sur la thématique des RPS dans les hôpitaux et de citer le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), le Comité technique d’établissement (CTE), les médecins du travail, les directeurs des ressources humaines… Ils suggèrent ainsi, et pour conclure, de clarifier le rôle des élus et des cadres dirigeants, afin de faire progresser cette prévention des risques psycho-sociaux, ingrédient fondamental d’une meilleure prise en charge dans les établissements.

Lydie Watremetz
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