Partie 7 - L'action sociale en Europe

7/5 - Immigration, humanité et protection : la situation des mineurs isolés étrangers

Un sujet de crainte et de manipulation

L’immigration est l’invitée de nombreux débats dans l’ensemble des pays européens, pour échanger moins sur les perspectives de coopération, de richesse partagée, de politique d’accueil et de répartition que sur ses effets jugés néfastes par une partie de la classe politique européenne, généralement située à droite de l’échiquier politique, mais pas uniquement.

Les modèles d’intégration sont montrés du doigt : le multiculturalisme cher aux pays anglo-saxons se met en berne, tandis que les pourfendeurs du modèle républicain français s’évertuent à en montrer l’échec. En ces temps de crise économique, l’immigré, comme toujours et sous toutes les latitudes, tient une place de choix dans le panthéon des boucs émissaires. Les peurs se sont ancrées dans l’opinion publique, faisant du même coup reculer l’esprit public, l’intérêt général et la compréhension réelle d’un phénomène complexe.

Depuis la première crise économique en 1973, trois peurs principales sont à l’œuvre. Elles prospèrent sur les incertitudes de la mondialisation et la remise en cause en France d’un schéma de protection hérité de la Seconde Guerre mondiale ; la peur de l’invasion génère celle de l’insécurité et débouche sur la question très instrumentalisée de l’identité des peuples, des nations et des ensembles politiques.

Vers la protection des personnes

Quel est l’échelon géopolitique pertinent pour aborder la question migratoire ? Peut-on imaginer la mise en place d’une politique convergente dans l’Union européenne qui aille au-delà du contrôle des frontières, qui combine sécurité et protection des personnes venues demander asile ? Autrement dit, à côté de l’agence Frontex, peut-on imaginer une agence de protection, Protext ? Au-delà des injonctions faites à l’immigré de s’intégrer aux sociétés d’accueil et de respecter les règles, ce qu’ils font dans leur immense majorité, est-il raisonnable de penser une politique d’intégration « des deux pas », dans laquelle à la volonté exprimée par le nouvel arrivant s’articule une vraie politique d’accueil et d’accompagnement impulsée par l’État ? Est-il possible de renforcer une approche de droit et de dignité, d’intérêt partagé ?

Cette réponse globale – impossible à développer dans le cadre de cet article – est d’un intérêt vital, du moins si l’on a pour ambition européenne un autre dessein que celui d’une grande Suisse vieillissante repliée sur ses richesses, volontiers xénophobe.

Le cas...

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