Partie 7 - L'action sociale en Europe
7/2 - Les politiques sociales au service de la cohésion sociale en Europe : regard prospectif sur les propositions du Conseil de l’Europe
Cela devient un lieu commun de dire que nous ne sommes pas en crise, mais que nous changeons de monde. Nous postulons que les pays européens ne sont pas dans une crise avec ce que ce terme suppose de passage critique momentané dans un développement linéaire, mais que nous sommes dans des changements de références. Ces changements s’étalent depuis maintenant trente ans environ ; ils prennent actuellement une tournure décisive dont nous ne mesurons pas bien l’ampleur et dont nous ne savons pas si nous pourrons en faire une épreuve féconde pour les pays européens et leurs habitants.
Pour comprendre comment les politiques sociales peuvent et doivent être au service de la cohésion sociale en Europe, il faut que nous soyons au clair avec plusieurs déplacements du centre de gravité de nos univers :
L’accélération du basculement de la richesse vers les pays du Sud et de l’Est : Les pays industrialisés de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ne pèseront que 43 % du produit brut mondial en 2030, contre 60 % en 2000.
Une croissance mondiale très diversement répartie : Les différentiels de croissance estimés par le Fonds monétaire international (FMI) pour 2010 pointent le dynamisme des pays émergents, par contraste avec la stagnation des pays avancés : 10 % en Chine, 8,8 % en Inde, 5,5 % au Brésil, contre une moyenne de 1 à 1,5 % pour les pays de la zone euro et 3,5 % pour les États-Unis.
Des budgets publics très contrastés : Du fait de leurs excédents budgétaires et des réserves monétaires constituées pendant ces dernières années, les pays émergents ont des situations de bilans plus favorables que les pays développés : selon le FMI, leur endettement sera autour de 40 % quand celui des pays européens sera autour de 100 %.
Des capacités d’innovation en fort développement dans les pays émergents : Longtemps « fabriques » du monde occidental, ces pays, ayant investi dans les formations de haut niveau (ingénieurs, chercheurs), prennent place désormais en amont dans la chaîne de valeur, attirant ainsi le déplacement de centres de recherche américains en Inde et en Chine, par exemple.
Ces années ne vont pas changer uniquement nos systèmes économiques et industriels, mais aussi nos modes de vie, de pensée. Ces derniers, largement influencés par l’univers anglo-saxon, sont issus pour un bon nombre des modes de management, des goûts musicaux et culturels des États-Unis au cours du dernier siècle. Ils ont, selon Martin Walker, directeur senior du Global Business Policy Council et professeur...
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