Les jeunes de 18 à 25 ans, une « génération précaire »

Publié le 14 novembre 2011 à 0h00 - par

Dans son rapport sur l’évolution de la pauvreté en France en 2010, le Secours Catholique constate que « le risque de pauvreté des jeunes est plus élevé que celui des plus âgés. »

Le Secours Catholique a rendu public, le 8 novembre, son rapport statistique annuel sur l’évolution de la pauvreté en France. L’étude analyse particulièrement la précarité des jeunes de 18 à 25 ans, « qui représentent la classe d’âge la plus pauvre de France. »

•   Les jeunes plus touchés que les autres

« Les jeunes subissent de plein fouet la crise économique et sociale, ils sont plus diplômés, plus qualifiés que les générations précédentes, mais paradoxalement plus précaires, observe l’association. Ils cumulent tous les risques et toutes les difficultés. Ils devraient bénéficier d’un certain nombre de droits (formation, emploi, santé, logement), mais ce n’est pas le cas. L’Etat est globalement peu présent à leurs côtés. »

Ainsi, 30% des jeunes accueillis par le Secours Catholique sont sans aucunes ressources, 36% vivent en logement précaire et plus de 40% sont au chômage ! « L’ensemble des données recueillies montre l’extrême précarité de la situation des jeunes, qu’il s’agisse de leur logement, de leur niveau de formation, du montant des dettes ou du découvert bancaire », résume François Soulage, président national du Secours Catholique.

•   La pauvreté des jeunes et de leurs familles

« La pauvreté de ces jeunes est aussi celle de leurs familles », note l’association. Autant que les autres, les familles en difficulté gardent leurs enfants avec elles tant qu’ils ne sont pas en mesure d’être indépendants. Cette prise en charge pèse lourdement sur le budget de ces familles.

Exemples : un couple voit son niveau de vie diminuer de 25% lorsqu’il a à sa charge un jeune sans revenu ; pour une mère seule, la diminution est de 33% ! « Ce n’est pas une surprise, mais il faut indiquer que les jeunes en difficulté viennent fortement de familles en difficulté. Or, ceux qui ne peuvent pas prendre leur indépendance restent à l’intérieur de leur famille. La présence de ces jeunes, ne générant plus d’allocations familiales et d’aide spécifique, devient un poids très important pour les familles en difficulté », commente François Soulage.

•   L’emploi, une préoccupation majeure

Une préoccupation majeure et centrale se dégage chez les jeunes : l’emploi. Dans le cadre d’une enquête spécifique, menée en mars-avril 2011 auprès de 1 000 jeunes, à la question « Qu’est-ce que vous souhaitez le plus dans l’avenir ? », 42% répondaient : avant tout trouver du travail. « Il faut retisser de la confiance entre les jeunes- spécialement les jeunes en précarité- et la société », estime le Secours Catholique. Pour cela, l’association formule 17 propositions, regroupées en six thématiques.

•   Autonomie et ressources

–   Créer une allocation de soutien à l’autonomie des jeunes.
–   Extension du RSA « activité » à tous les jeunes en situation de travail dès 18 ans.
–   Maintenir les prestations familiales jusqu’à l’âge de 20 ans pour le dernier enfant rattaché au foyer.

•   Mobilité, formation et emploi

–   Actuellement, les missions locales ont une vocation généraliste. « Il faut en faire les chefs de file d’une politique territoriale ambitieuse en faveur des jeunes précaires, qui passe par une augmentation de leurs moyens », préconise le Secours Catholique. Et, en particulier, doter les missions locales de l’ensemble des moyens disponibles actuellement gérés par Pôle Emploi (aides à la mobilité, contrat de professionnalisation, aide à la formation…) et renforcer les partenariats entre les missions locales et les acteurs de la politique de la jeunesse : Education nationale, collectivités, associations…
–   Développer la possibilité de formation en alternance dans tous les secteurs, comme passerelles performantes pour les jeunes pour accéder à l’emploi, avec des objectifs chiffrés.
–   Créer, dans le secteur non lucratif, des emplois aidés pour les jeunes comme tremplin vers un emploi pérenne et répondant à des besoins sociaux non couverts. Développer l’accompagnement des personnes en emploi aidé.

•   Insertion sociale et citoyenne

–   Susciter une vraie montée en puissance du service civique et une pérennisation de ce statut. « Il s’agit de reconnaitre la capacité d’engagement des jeunes et le rendre possible, en France et en Europe », souligne l’association.
–   Garantir des possibilités d’accompagnement social pour des jeunes sortants de l’aide sociale à l’enfance (ASE) à 18 ans ou en rupture familiale, si les jeunes l’acceptent.

•   Logement/hébergement

–   Poursuivre l’effort de construction de logements sociaux, financièrement accessibles (T1 et T2), et affecter, sous l’autorité du préfet, un contingent de logements réservé aux jeunes. Promouvoir la colocation dans le parc social.
–   Faire du dispositif « loca pass », ou de dispositifs analogues, le sésame unique et interdire le recours à toute autre type de caution.
–   Développer une offre de logement de transition type foyer de jeunes travailleurs (FJT), résidence sociale…, qui permette une prise d’autonomie progressive par rapport au foyer parental, mais aussi une vie sociale et un soutien potentiel d’adultes.
–   Développer la cohabitation intergénérationnelle dans le logement, avec une notion de service mutuel associée au projet.
–   L’accueil inconditionnel doit être rendu effectif pour toute personne, française ou étrangère, présente sur le territoire, affirme le Secours Catholique.

•   Justice

–   Concernant les jeunes adultes sous main de justice, « l’éducatif doit primer sur le coercitif. » Il faut privilégier les mesures alternatives à l’enfermement et accentuer l’accompagnement des phases de retour à la liberté.

•   Parentalité

–   Renforcer les dispositifs d’accompagnement de jeunes parents et des jeunes familles. Faciliter l’accès à ces dispositifs, par une information claire sur ce qu’ils apportent, dispensée dès l’enseignement secondaire.
–   Le devoir d’assistance et de protection à tout enfant, français ou étranger, en famille ou isolé, dont la situation financière nécessite un soutien, doit être garanti, exige l’association.
–   Tout enfant n’étant pas né en France et ayant grandi sur le territoire français avec ses parents doit pouvoir bénéficier, s’il le souhaite, d’un titre de séjour ou de la nationalité française à sa majorité, ajoute le Secours Catholique.

Afin d’exposer les constats et préconisations de son rapport, mais aussi d’en débattre avec des acteurs institutionnels et associatifs, le Secours Catholique organise un colloque, qui aura lieu le 18 novembre à Paris.
Le rapport complet est à consulter sur : www.secours-catholique.org


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