« La faim progresse, de plus en plus de personnes sont en difficultés en raison de l’inflation », a commenté auprès de quelques médias, dont l’AFP, Patrice Douret, président de l’association fondée par Coluche en 1985.
La hausse des prix a atteint 4 % en octobre, selon les dernières données de l’Insee, celles de l’énergie (+ 5,2 %) et de l’alimentation (+ 7,8 %) restent fortes.
Les Restos du Cœur reçoivent actuellement les demandes d’inscription des potentiels bénéficiaires de l’aide alimentaire pour la campagne à venir.
Pour son lancement, le président des Restos du Cœur a accueilli des partenaires de l’association ainsi que les ministres des Solidarités et de l’Agriculture, Aurore Bergé et Marc Fesneau, dans un centre de distribution à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine). « Plus de 7 millions de personnes dépendantes de l’aide alimentaire », a indiqué Marc Fesneau, qui a assuré que le Gouvernement portera « un soutien indéfectible aux associations ».
En ce qui concerne les inscriptions, « les tendances ne sont pas rassurantes » : « entre 5 et 10 % des personnes accueillies l’hiver dernier se voient refuser l’aide alimentaire cette année » et « nous observons un nombre important de nouvelles personnes admissibles », a expliqué Patrice Douret.
L’incertitude plane sur le nombre de personnes qui seront accueillies cet hiver. Or, les Restos du Cœur doivent réduire leur nombre car ils ne parviennent plus à faire face à l’afflux de demandes d’aide, d’un point de vue logistique, comme financier.
« Résignation »
L’association a accueilli 1,3 million de personnes en 2022-2023, contre 1,1 million lors de la période précédente. Et ces derniers mois, son budget pour les achats alimentaires, redistribués ensuite gratuitement aux bénéficiaires, a doublé à cause de l’inflation.
Mères célibataires, retraités, salariés aux emplois peu rémunérateurs, étudiants : cette hausse des demandes concerne tous les profils, dans tous les départements. Les ménages accueillis vivent avec moins de 550 euros par mois pour 60 % d’entre eux.
Pour la première fois de leur histoire, les Restos du Cœur ont baissé le niveau de revenu qui donne droit à l’aide alimentaire.
Chez les recalés, « il y a beaucoup de résignation, les gens savent qu’on n’est pas en capacité d’accueillir tout le monde », a précisé Patrice Douret. Ces personnes peuvent toutefois bénéficier des autres services de l’association, comme le don de vêtement ou l’accompagnement à la recherche d’emploi.
Encore des dons ?
Malgré cette mesure, les Restos avaient lancé un appel en septembre : il lui manquait 35 millions d’euros pour terminer l’exercice à l’équilibre. « Notre appel a été entendu, il y a eu un élan de générosité exceptionnel », a souligné le président de l’association.
Le Gouvernement a accordé 10 million d’euros supplémentaires aux Restos – qui assurent 35 % de l’aide alimentaire en France. La famille de Bernard Arnault, propriétaire du numéro un mondial du luxe LVMH, a offert 10 millions d’euros. Le reste de la somme est provenu de dons d’entreprises et de particuliers.
La survie de cette association emblématique est-elle à présent assurée ? « Je ne sais pas », répond prudemment son président. « Nous avons vraiment besoin de continuer à être soutenus ».
Il s’interroge encore sur les finances de la structure car 60 % des dons qu’elle perçoit sont habituellement effectués entre novembre et décembre. « Les Français pourront-ils encore donner en cette fin d’année ? Les dons reçus en septembre provenaient-ils de nouvelles personnes ou s’agissait-il de dons de nos soutiens habituels qui ne pourront pas forcément renouveler leur geste en fin d’année ? », questionne Patrice Douret.
Pour passer ce cap difficile, les Restos du Cœur demandent notamment au Gouvernement de mettre en place un « plan d’urgence alimentaire », « en portant le budget dédié aux associations d’aide alimentaire à 200 millions d’euros, contre autour de 150 aujourd’hui », indique un communiqué de l’association.
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