Nuit de la solidarité : 400 personnes dorment sous les ponts à Paris, selon la mairie

Publié le 25 janvier 2024 à 8h30 - par

Environ 400 personnes sans-abri dorment en plein hiver sur les quais de Seine, s’abritant « sous les ponts », indiquait l’adjointe aux solidarités de la mairie de Paris, à la veille de la 7e Nuit de la solidarité jeudi 25 janvier 2024.

Nuit de la solidarité : 400 personnes dorment sous les ponts à Paris, selon la mairie
© Par Yann Vernerie - stock.adobe.com

Cette estimation se base sur les remontées des maraudes, qui signalent jusqu’à « 20 personnes par pont », précisait mercredi 24 janvier 2024 Léa Filoche à l’AFP.

Reposant sur la mobilisation des bénévoles, la Nuit de la solidarité, lancée en 2018 par la maire PS Anne Hidalgo, permet d’obtenir un décompte précis des sans-domicile fixe dans la capitale, et ainsi de « mettre en place un rapport de force avec l’État sur l’hébergement d’urgence », souligne Mme Filoche.

En janvier 2023, 3 015 personnes avaient été recensées dormant dans les rues de la capitale. Cette année, 1 500 bénévoles sont attendus à Paris pour cette initiative qui a essaimé ailleurs en France.

Une proposition de loi pour l’instauration d’un décompte national annuel des sans-abri partout en France a d’ailleurs été adoptée mercredi 24 janvier au Sénat. À une large majorité malgré quelques oppositions à droite de l’hémicycle, les sénateurs ont soutenu ce texte du sénateur de Paris Rémi Féraud, qui impose à toutes les communes de « collecter et transmettre annuellement (…) les données relatives au nombre de personnes sans-abris sur son territoire ».

La proposition de loi va plus loin en ce qui concerne les communes de plus de 100 000 habitants, qui devront organiser chaque année une opération sur le mode de la « Nuit de la solidarité », un décompte effectué en quadrillant la ville lors d’une nuit.

En l’absence de ministre du Logement dans l’attente de sa désignation dans une deuxième vague du remaniement, le ministre de la Cohésion des territoires Christophe Béchu s’est montré ouvert à l’idée « de recenser avec davantage d’exactitude la réalité des besoins », mais il a regretté que le texte ne concerne pas uniquement les grandes villes. « Si dans les villes de plus de 100 000 habitants il y a une méthode et dans les autres villes une autre méthode, nous n’aurons pas des chiffres fiables », a-t-il dénoncé.
Il aurait également souhaité que le décompte ne soit imposé qu’une fois tous les deux ans et non annuellement, mais tous ses amendements ont été rejetés par le Sénat.

Début janvier, lors d’un épisode de froid intense, le gouvernement annonçait des crédits supplémentaires de 120 millions d’euros, correspondant à 10 000 places supplémentaires au plan national.

C’est une pomme de discorde entre l’État et la mairie, qui reproche à ce dernier de devoir se substituer à lui sur un secteur dont il a la charge.

Actuellement, quatre gymnases parisiens accueillent ainsi « autour de 400 personnes » SDF, « soit un public familial, soit un public de jeunes en recours de reconnaissance de minorité », indique Léa Filoche.

Et depuis décembre, un lycée professionnel du XVIIIe arrondissement accueille une centaine de personnes dans « un dispositif plus pérenne », car ce bâtiment appartenant à la Ville est inoccupé depuis la rentrée, ajoute l’élue Génération.s.

L’État a ouvert un autre lycée inoccupé, et lui appartenant, pour l’hébergement d’urgence dans le XXe arrondissement.

Résultat, il y a « beaucoup moins de campements » dans la capitale comparé à quelques mois auparavant, même s’il reste « beaucoup de tentes sur les quais, sous les ponts » avec « à peu près 400 personnes », souligne Mme Filoche.

Ces sans-abri sont « essentiellement des jeunes, de l’Afrique de l’ouest pour l’essentiel, pour qui faire valoir des droits relève du parcours du combattant », ajoute-t-elle.

Au-delà de la vague de froid, l’hébergement d’urgence revêt cet hiver un aspect très politique, après le vote de la loi immigration, sur laquelle le Conseil constitutionnel doit justement se prononcer jeudi 25 janvier.

L’État récuse en outre les accusations de « nettoyage social » en vue des Jeux olympiques en juillet, assurant vouloir débloquer des « places supplémentaires » pour laisser un « héritage social ».

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