E-santé : quel impact sur le service public ?

Publié le 15 juillet 2014 à 0h00 - par

L’Université de la e-santé qui vient de s’achever au Technopole de Castres-Mazamet a mis en évidence le formidable potentiel de développement de ce domaine : télémédecine, objets connectés… pour lequel la France serait l’un des pays les plus innovants.

L’e-santé au quotidien

En télémédecine, des progrès et des innovations sont chaque jour avancés : consultations à distance de radios, diagnostics à distance… Pour exemple, le CHU de Nancy a annoncé fin juin 2014 la mise en place de téléconsultations gériatriques entre le CHU et des EHPAD lorrains, permettant de bénéficier d’un avis gériatrique rapide et spécialisé (pathologies cardio-vasculaires et pulmonaires, psychiatrie, dermatologie, soins palliatifs…) en évitant la multiplication des déplacements.

D’autres formes existent dans d’autres CHU : envoi de SMS au malade avant ou après hospitalisation, écrans multimédias connectés sur Internet permettant de joindre ses proches via Skype, bracelets électroniques permettant de connaître la position des bébés (CHR Metz Thionville), bornes d’orientation pour des personnes arrivant à l’hôpital (AP HP, CHR Metz-Thionville…), mais aussi suivi clinique à domicile de patients souffrant d’insuffisance cardiaque (CHU Caen), divertissements des enfants hospitalisés via des tablettes permettant de diminuer les doses de médicaments sédatifs ou des jeux pour les préparer à ce qu’est une opération…

D’autres expériences ou décisions sont en cours : par exemple le décret – suspendu depuis – sur la PPC (ventilation en Pression Positive Continue) pour 500 000 personnes appareillés pour le syndrome de l’apnée du sommeil. La nécessité faite dans ce décret de connexion des appareils permettant de mesurer le niveau d’utilisation a été contestée par les associations de patients et les fournisseurs de matériels. La Sécurité sociale, qui prend en charge la location de ces appareils fournis aux patients, estime un gain de 80 millions d’euros annuels dus à la sous-utilisation de ceux-ci.

Contextes de l’e-santé

Plusieurs freins ont été mis en avant au cours de des échanges de l’Université e-santé, entre entrepreneurs, institutions, professionnels de santé et représentants des pouvoirs publics :

  • la difficulté de notre pays à diffuser, commercialiser ses solutions,
  • la sécurisation des données de santé et leur utilisation: la réglementation française est plus stricte que dans certains pays et la population plus attentive et soucieuse de la confidentialité de ses données,
  • l’absence d’un modèle économique reconnu du fait de la diversité des acteurs nécessaires pour créer et fournir l’offre, faisant appel à différentes sources de financements (sanitaire, médico-social, privée) à différents niveaux de décision, individuel, local (région/département) ou national.

Un livre blanc sur douze préconisations pour le développement de l’e-santé a été publié en avril 2014 par un réseau multidisciplinaire nommé CATEL. Ces préconisations concernent cinq grands thèmes : le concept global et évolutif de la e-santé ; la question des usages ; le cadre législatif, réglementaire et  ; la  ; l’innovation et l’industrialisation.



L’e-santé, un nouveau business

L’e-santé est un secteur économique et industriel en plein développement, qui peut être un vecteur de croissance et de création d’emploi pour l’avenir. Estimé en 2012 à 2,4 milliards d’euros, le marché de l’e-santé devrait progresser de  % à 7 % en moyenne par an, à l’horizon 2017 (étude publiée par le cabinet Xerfi-Precepta). Ne s’agissant que de la télémédecine, le Syntec numérique, un syndicat professionnel des entreprises du numérique, évalue le marché de la télémédecine en France entre 80 et 140 millions d’euros, avec des perspectives de croissance de l’emploi comprises entre 13 et 28 % pour les cinq prochaines années. Enfin, selon une étude américaine, le marché de la santé mobile (m-mobile) pourrait représenter 26 milliards de dollars en 2017 (environ 19 Mds d’euros) dont 1,2 milliard de dollars en Afrique avec l’espoir de sauver plus d’un million de vies en Afrique subsaharienne.

Des conséquences sur la notion de santé publique

Si la télémédecine n’existe pas officiellement au niveau de la Sécurité sociale puisqu’il n’existe pas encore d’acte de télémédecine identifié rendant son remboursement difficile, elle est pourtant bien présente et des aménagements réglementaires seront à réaliser. À l’Université de l’e-santé, un des thèmes abordés portait le titre « Numérique : la fin du système de santé publique ». C’est la politique actuellement défendue par le représentant français du numérique auprès de la Commission Européenne qui dénonce « […]nos politiques de santé, le conservatisme inexplicable des régulateurs à l’égard des possibilités d’usages des données médicales […] ».

DT.

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