Après six mois de travail et une quarantaine d’auditions, une mission d’information copilotée par Nathalie Colin-Oesterlé (Horizons) et Anne Stambach-Terrenoir (LFI) constate l’écart entre les besoins croissants de soins et l’offre « contrainte, liée à la pénurie de professionnels de santé, à une disparité territoriale ainsi qu’à une diminution des moyens hospitaliers », et « souvent illisible pour les parents ».
À l’unisson de précédents rapports et remontées de professionnels, elles soulignent les « conséquences néfastes » (prise en charge tardive, recours accru aux psychotropes, embolie des urgences…) et insistent, chacune, sur « l’urgence » à agir, dans une année où la santé mentale est « grande cause » nationale.
On estime que la moitié des troubles psychiatriques se déclarent avant 15 ans.
Consolider l’offre de soins existante
Dans ses 54 recommandations, pas toutes partagées par les deux corraporteures, le rapport préconise de consolider l’offre de soins existante « plutôt que de développer de nouveaux dispositifs et de multiplier les centres experts ».
Cette offre doit être « graduée » et sectorisée, s’appuyant notamment sur les médecins généralistes et les maisons des adolescents, ainsi que sur les Centres médico-psychologiques, aux moyens à renforcer, et sur des centres de crise adossés aux urgences pédiatriques et aux hôpitaux psychiatriques, à créer.
Les secteurs sanitaire, social, médico-social et éducatif doivent aussi mieux se coordonner, plaident les élues, notamment pour les jeunes de l’aide sociale à l’enfance (ASE), « surreprésentés dans la file active de patients atteints de troubles psychiques sans pour autant bénéficier de soins au long cours ».
Le financement doit aussi être à la hauteur, plaide le rapport, qui recommande entre autres une réforme du financement de la psychiatrie et une revalorisation des consultations de pédopsychiatrie.
Prévention, gradation des soins
Parallèlement, il faut plus de prévention dans les différents environnements des mineurs (famille, école, numérique…) : soutien aux femmes enceintes, aux jeunes parents ; nombre suffisant de médecins scolaires, d’infirmiers scolaires et de psychologues ; régulation de l’environnement numérique pour contrer les effets néfastes de l’exposition aux écrans et aux réseaux sociaux.
Le gouvernement avait dévoilé en juin 2025 un plan pour mieux repérer et soigner les troubles psychiques, ainsi que pour rendre plus attractive la psychiatrie publique, mais sans convaincre nombre de soignants qui ont regretté des mesures insuffisantes et un flou sur les moyens financiers.
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