Le gouvernement veut refonder la psychiatrie

Publié le 24 juin 2025 à 10h15 - par

Le ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins a présenté mi-juin 2025 les 26 mesures d’un plan « de sursaut et de refondation » de la psychiatrie.

Le gouvernement veut refonder la psychiatrie
© Par Alex_Po - stock.adobe.com

« Nous devons à la psychiatrie une réparation. Et aux Français une promesse : celle de ne plus laisser la souffrance psychique sans réponse », a déclaré le 11 juin 2025 le ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, lors de la présentation de son Plan psychiatrie. Alors que la santé mentale est la Grande cause nationale 2025, dont le parrain est le judoka Teddy Riner, le plan ministériel s’articule autour de trois axes – repérer, soigner, reconstruire – et 26 mesures. « Nous allons mieux repérer, mieux soigner, mieux accompagner », assure Yannick Neuder.

Axe 1 : Repérer

La détection précoce des troubles psychiques s’inscrit au cœur du plan. Pour mieux les repérer dès le plus jeune âge, celui-ci prévoit qu’à partir de la rentrée 2025-2026, deux personnels repères, accessibles aux équipes et élèves, seront formés dans chaque circonscription du premier degré et chaque établissement du second degré. D’ici 2027, un modèle national de repérage et d’intervention précoce, ciblant particulièrement les 12-25 ans, sera déployé sur tout le territoire. Parallèlement, 100 % des professionnels de santé scolaire (infirmiers, médecins, psychologues, assistantes sociales) devraient être formés au repérage des troubles psychiques à la fin 2025. Enfin, un kit de repérage et d’intervention sera diffusé à toute la communauté éducative dès 2026.

Axe 2 : Soigner

Le plan veut faire de la psychiatrie « une offre de soins lisible et graduée. » Pour mieux soigner, dans la proximité, en amont, pendant et en avant d’une crise, les centres médico-psychologiques (CMP) seront renforcés. Un soutien ciblé sera mis en place via les Agences régionales de santé (ARS), avec des enveloppes régionales attribuées en priorité aux établissements proposant des créneaux non programmés et des dispositifs de suivi ambulatoire post-urgences. Parallèlement, 30 filières psychiatriques du Service d’accès aux soins (SAS) seront déployées avant la fin de l’année. Le  nombre de psychologues conventionnés du dispositif Mon soutien psy sera doublé d’ici 2027, passant de 6 000 à 12 000. Un infirmier référent en santé mentale sera désigné dans chaque maison de santé pluriprofessionnelle (MSP), communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) et service d’urgence générale sans équipe psychiatrique. Une instruction ministérielle sera adressée aux ARS au second semestre 2025. De même, le plan vise à outiller les médecins généralistes pour mieux prendre en harge la santé mentale. Un socle national d’outils pratiques sera donc déployé pour les généralistes, incluant des guides cliniques de repérage rapide.

Par ailleurs, pour sécuriser la sortie d’une hospitalisation ou d’un passage aux urgences psychiatriques et éviter toute rupture, un dispositif de suivi intensif sera mis en place dans chaque région, reposant sur des équipes mobiles, des consultations rapides et un accompagnement médico-social renforcé. À cet effet, les Groupements hospitaliers de territoire (GHT) devront intégrer une offre de suivi post-urgence dans leur projet médical partagé. Dans le même esprit, pour éviter les impasses de sortie, chaque projet territorial de santé mentale (PTSM) devra prévoir une solution concrète d’aval pour les patients sortants d’hospitalisation ou de crise. Cela inclura, notamment :

  • des partenariats formalisés entre établissements, structures médico-sociales, collectivités et bailleurs sociaux ;
  • l’identification de lieux d’hébergement ou de répit à court terme ;
  • la mobilisation d’équipes de liaison psychiatrie-ville-social.

Les ARS devront, dans le cadre de la nouvelle instruction PTSM prévue fin 2025, intégrer cet objectif comme un critère structurant de validation des projets territoriaux.

Axe 3 : Reconstruire

Enfin, le plan psychiatrie entend répondre à la crise structurelle de la psychiatrie publique en revoyant la formation, le recrutement et la coordination. « Pour mieux reconstruire le système psychiatrique », le plan prévoit notamment de :

  • renforcer la formation initiale des étudiants en médecine en psychiatrie ;
  • former 600 internes en psychiatrie par an d’ici à 2027 ;
  • lancer dès fin 2025 une mission nationale sur les conditions de travail en psychiatrie.

Enfin, le plan prévoit d’outiller les collectivités locales pour la gestion des situations complexes en santé mentale. Ces situations sont souvent à l’interface entre les champs du soin, du social, du médico-social, de la sécurité et de l’habitat, sans réponse coordonnée. Cette mesure vise donc à mieux équiper les élus et les professionnels territoriaux pour comprendre, anticiper et gérer ces réalités. Celle-ci passera par le renforcement des collaborations entre Conseils locaux en santé mentale (CLSM) et Conseils locaux et intercommunaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) et l’élaboration d’un guide national pratique à destination des collectivités, sur la base des initiatives existants ayant fait leurs preuves sur le terrain.


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