La santé mentale et le bien-être des enfants constituent des enjeux majeurs de santé publique. En effet, ils peuvent influencer les apprentissages, la vie sociale et, à court, moyen ou long terme, leur état de santé futur. Santé publique France a donc publié, mi-décembre 2024, les premiers résultats d’une étude nationale inédite baptisée Enabee visant à mesurer la santé mentale et le bien-être des enfants scolarisés à l’école maternelle (enfants âgés de 3 à 6 ans). Cette étude a vocation à être répétée à intervalles réguliers afin de mieux comprendre comment évoluent la santé mentale et le bien-être des enfants en France.
L’objectif du rapport de Santé publique France est d’estimer la prévalence des difficultés émotionnelles, des difficultés d’opposition et d’inattention/hyperactivité probables, le niveau de bien-être, et d’évaluer le recours aux soins pour des raisons de santé mentale parmi les enfants scolarisés de la petite section à la grande section de maternelle.
246 écoles ont participé à l’étude Enabee. Sur les 9 038 enfants éligibles à l’enquête, un questionnaire enseignant a été complété et analysé pour 5 721 d’entre eux (63,3 %) et un questionnaire parent pour 3 785 enfants (41,9 %). Pour 2 683 enfants (29,7 % des enfants éligibles), un questionnaire parent et un questionnaire enseignant étaient disponibles. Résultat : en intégrant le point de vue du parent et de l’enseignant sur ce dernier échantillon, 8,3 % des enfants de 3 à 6 ans présentaient au moins un type de difficultés probables ayant un retentissement sur leur vie. Et un tiers d’entre eux (33,7 %) avait consulté un professionnel de santé mentale au cours de l’année précédente en rapport avec ces difficultés. À noter : les comparaisons du niveau de bien-être selon le sexe de l’enfant n’ont pas mis en évidence de différence significative entre les filles et les garçons.
Selon ses auteurs, l’étude Enabee constitue une première étape déterminante dans l’observation épidémiologique de la santé mentale des enfants, jusqu’alors peu explorée en France. Après avoir interrogé parents et enseignants, l’étude suggère que de nombreux enfants expriment des symptômes évocateurs de difficultés d’opposition (de l’ordre de 6 %) et, dans une moindre mesure, des difficultés émotionnelles ou d’inattention/hyperactivité (de l’ordre de 2 %). Et ce dès la maternelle. À ces âges précoces, les attentes des adultes et leurs évaluations peuvent diverger ; de plus les problèmes de comportements et émotionnels peuvent évoluer rapidement : il importe donc d’être prudent quant à l’interprétation des résultats, préviennent les auteurs de l’étude. « Il ne s’agit pas d’identifier ou de stigmatiser tel ou tel enfant, mais bien d’avoir une représentation épidémiologique des besoins des enfants dans leur ensemble et de pouvoir développer à terme une politique de prévention plus adaptée et pertinente, répondant aux besoins des nouvelles générations », insiste Santé publique France.