Éducation nationale : Amélie Oudéa-Castéra dans un couloir étroit

Publié le 12 janvier 2024 à 13h30 - par

Emmanuel Macron a fait de l’école son « domaine réservé », Gabriel Attal a dit « emmener » avec lui la « cause de l’école » : la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, toujours aussi chargée des Sports et des JO, pourrait n’avoir qu’une marge de manœuvre réduite.

Éducation nationale : Amélie Oudéa-Castéra dans un couloir étroit
© Par Florence Piot - stock.adobe.com

Dès la passation de pouvoirs ce vendredi 12 janvier avec M. Attal rue de Grenelle, la nouvelle ministre s’est inscrite dans les pas de son prédécesseur, louant son action et affirmant qu’elle allait « poursuivre ses chantiers ».

« Ma feuille de route sur ce périmètre Éducation nationale et Jeunesse est claire : elle est celle que vous avez portée ces derniers mois avec une exceptionnelle vigueur, guidée par le cap fixé depuis 2017 par le président », a déclaré Mme Oudéa-Castéra.

« Je poursuivrai vos chantiers, Monsieur le Premier ministre, jusqu’au succès », a-t-elle ajouté. « Je sais que vous aurez à cœur de m’accompagner et même de me coacher ».

Juste avant, le nouveau Premier ministre avait assuré que tous les chantiers qu’il avait engagés à l’Éducation nationale iraient « jusqu’au bout », et que le cap n’avait « pas changé d’un iota ».

Signe de cette continuité, et de la place importante que M. Attal souhaite occuper sur les dossiers éducatifs, le Premier ministre et sa nouvelle ministre de l’Éducation nationale se rendront ensemble vendredi après-midi dans un collège d’Andrésy (Yvelines) sur le thème du « choc des savoirs », vaste train de réformes destinées à augmenter le niveau scolaire des élèves.

Mme Oudéa-Castéra, qui garde ses fonctions de ministre des Sports et des Jeux olympiques, s’est par ailleurs voulu rassurante sur ce super-ministère, évoquant des « synergies nombreuses ».

« Ministre à mi-temps »

Mais depuis l’annonce de ce ministère rassemblant l’Éducation, la Jeunesse, les Sports et les JO, les syndicats enseignants s’inquiètent d’« une ministre à mi-temps », selon les mots de Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées.

Le SE-Unsa a, lui, fait part de ces craintes face à la possibilité d’« un ministère sous tutelle » de Matignon, « où elle gère le sport et lui l’éducation ». D’autant que Gabriel Attal a affirmé dès sa nomination emmener à Matignon « la cause de l’école », « mère de nos batailles ».

Le président de la République, Emmanuel Macron, avait dit en août faire de l’éducation le « domaine réservé du président ». Lors de ses vœux aux Français le 31 décembre, il a promis un « réarmement civique », concept encore flou qui devrait être axé autour des chantiers engagés par M. Attal : détails de l’expérimentation sur l’uniforme, éventuelle généralisation du service national universel (SNU), renforcement de l’enseignement de l’Éducation morale et civique, etc.

Mme Oudéa-Castéra veut poursuivre l’action de M. Attal, « au service de ce que le président de la République a appelé le réarmement civique de notre jeunesse, et qui passera par trois piliers » : « Restaurer l’exigence fondée sur le choc des savoirs et sur l’autorité réaffirmée de nos professeurs », « régénérer le métier d’enseignant à travers une attractivité renforcée et « construire plus que jamais une école de l’épanouissement républicain ».

« Je ne la vois pas faire autre chose que d’essayer d’appliquer ce qui a été annoncé », déclare à l’AFP Vincent Troger, maître de conférence émérite en sciences de l’Éducation à l’université de Nantes. « Ce serait bien d’évaluer les réformes précédentes, mais on ne le fait quasiment jamais », regrette-t-il.

Pour Régis Malet, professeur en sciences de l’éducation à l’université de Bordeaux, les « marges de manœuvre » de la nouvelle ministre « sont pour beaucoup liées à la situation parlementaire ». Il « anticipe des réformes droitières et des manœuvres politiciennes qui vont permettre d’emporter l’adhésion de la droite et de l’extrême droite au Parlement ».

« Le pouvoir en place prend appui sur des mythologies ou des fantasmes de la société par rapport à son école, très éloigné d’un travail de fond pourtant nécessaires », estime-t-il.

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