Le ministère de l’Éducation nationale sauve des postes pour lancer son « choc des savoirs »

Publié le 5 janvier 2024 à 9h00 - par

Le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a obtenu l’annulation de la baisse du nombre d’enseignants prévue par le projet de loi de finances pour 2024.

Le ministère de l’Éducation nationale sauve des postes pour lancer son « choc des savoirs »
© Par Frederica Aban - stock.adobe.com

L’Éducation nationale sera finalement épargnée par la baisse du nombre d’enseignants inscrite initialement dans le projet de loi de finances pour 2024. « Nous faisons donc le choix historique de ne pas restituer d’emplois enseignants au « global », alors que le nombre d’élèves continuera de baisser (- 83 000). Ce choix nous permet de continuer à réduire encore la taille des classes », a déclaré Gabriel Attal, à la veille de Noël.

À l’origine, le projet de budget pour l’enseignement scolaire prévoyait, en effet, près de 2 200 suppressions de postes d’enseignants – 1 709 restitutions d’emplois dans le premier degré et 484 restitutions d’emplois dans le second degré, précise le ministre -, justifiées par une nouvelle baisse de la démographie scolaire prévue en 2024. Il n’en sera donc rien. Lors des derniers arbitrages, Gabriel Attal a obtenu de limiter à 650 le nombre de suppressions de postes dans le 1er degré (dont 150 en réserve) et même la création de 574 nouveaux postes dans le secondaire (dont 206 en réserve) pour accompagner sa réforme dite du « choc des savoirs ».

Le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a ainsi pu présenter aux membres du Comité social d’administration ministériel de l’Éducation nationale (CSAMEN), réunis le jeudi 21 décembre 2023, l’ensemble des mesures nouvelles prévues pour la rentrée scolaire 2024, s’appuyant sur « des moyens renforcés », et leur répartition par académie. Premier budget de la Nation, le budget 2024 de l’Éducation nationale et de la Jeunesse s’élève à 63,8 milliards d’euros, en hausse de 4,1 milliards d’euros par rapport au budget inscrit en loi de finances initiale pour 2023 (+ 6,8 %).

L’année scolaire 2024-2025 sera marquée par une nouvelle diminution forte du nombre d’élèves, de l’ordre de – 83 000 comme l’a mentionné le ministre, poursuivant une tendance démographique observée depuis plusieurs années. On constate ainsi une baisse de plus de 77 000 élèves dans le premier degré public à la rentrée 2023. Cette baisse démographique est moins significative dans le second degré public, mais s’élève à 2 700 élèves en moins à la rentrée 2023.

Dans le premier degré, un nombre d’élèves par classe au plus bas

Compte tenu de la baisse très importante du nombre d’élèves prévue à la rentrée scolaire 2024, la suppression de 650 postes d’enseignants dans le premier degré public permettra néanmoins de poursuivre l’amélioration des taux d’encadrement et d’atteindre un niveau inédit, avec 6,03 professeurs pour 100 élèves à la rentrée scolaire 2024, contre 6,00 à la rentrée 2023 et 5,46 à la rentrée 2017.

La baisse du nombre d’enseignants la plus importante concerne l’Académie de Lille (- 219 postes). À l’inverse, les Académies de Versailles et de Créteil connaîtront le plus grand nombre de création de postes en métropole (respectivement 200 et 130). Outre-mer, la Guyane (+ 115), La Réunion (+ 55) et surtout Mayotte (+ 190) verront croître leurs effectifs d’enseignants.

Exprimé en nombre d’élèves par classe, l’enseignement primaire accueillait 23,2 élèves par classe en moyenne en 2017, contre 21,5 en 2023. « Ce chiffre devrait encore diminuer à la rentrée 2024 pour atteindre son plus bas niveau historique depuis que cet indicateur est mesuré », se félicite le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse.

Cette évolution doit permettre de répondre aux priorités du ministre pour l’école primaire :

  • Achèvement du dédoublement des grandes sections de maternelle en éducation prioritaire à la rentrée 2024 ;
  • Progression de la scolarisation en très petite section des enfants de 2 ans dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville ;
  • Accompagnement de l’école inclusive avec la création de nouvelles unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS), d’unités d’enseignement autisme et des pôles d’appui à la scolarité ;
  • Pérennisation des contrats locaux d’accompagnement et poursuite du déploiement des territoires éducatifs ruraux.

En outre, le budget 2024 permettra de financer l’achat de manuels certifiés en lecture et mathématiques en classes de CP et CE1 à hauteur de 30 millions d’euros, alors que près de 60 % des élèves de CP ne disposent pas aujourd’hui d’un manuel de référence, indique le ministère.

Dans le second degré, priorité au « choc des savoirs »

Alors que les collèges et lycées (post-bac compris) ont accueilli 2 700 élèves de moins à la rentrée 2023 qu’à la rentrée 2022, le second degré public devrait connaître une nouvelle baisse de 7 800 élèves à la rentrée 2024. Malgré cette baisse du nombre d’élèves, le schéma de rentrée 2024 prévoit des créations d’emplois dans le second degré, « pour la première fois depuis 2017 », à hauteur de + 574 postes d’enseignants. Si l’Académie de Paris perdra 128 postes, de nombreuses autres seront gagnantes : Versailles (+ 245), Créteil (+ 225), Mayotte (+ 160), Nice (+ 105), Guyane (+ 100), Montpellier (+ 100).

Ces moyens supplémentaires doivent permettre la mise en œuvre du « choc des savoirs » annoncé par Gabriel Attal, le 5 décembre 2023, « afin d’élever le niveau des élèves. » Le dispositif qui sera déployé à la rentrée 2024 prévoit les mesures suivantes :

  • La mise en place de groupes de niveaux pour l’enseignement des mathématiques et du français pour les élèves de 6e et de 5e, afin de mieux gérer l’hétérogénéité des élèves au collège et faire progresser tous les élèves (avec des groupes limités à 15 élèves pour les plus en difficulté) ;
  • Le renforcement des enseignements généraux de mathématiques, de français et d’histoire-géographie au lycée professionnel ;
  • La création de classes « prépa-lycée ».

Les créations d’emplois permettront également de financer les priorités suivantes :

  • Prise en compte de la couverture de la démographie pour les académies qui vont connaître une évolution positive ;
  • Poursuite de l’effort de création d’ULIS et de places pour accueillir les élèves souffrant de troubles du spectre autistique et de troubles du neuro-développement ;
  • Création de pôles d’appui à la scolarité pour mieux accompagner les enfants à besoins particuliers et leur famille.

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