« Globalement, la mesure n’apparaît pas comme unanimement convaincante » et « divise fortement les équipes », constate ce rapport de l’Inspection générale de l’Éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR).
Au ministère, on indique que la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne attend « le bilan définitif de la première année » qui sera dressé « à l’automne (…) pour prendre éventuellement les décisions pour la suite ».
Le rapport préconise de « renforcer l’autonomie des chefs d’établissement en les mettant en situation de définir avec leurs équipes une stratégie de réussite propre à chaque collège ».
Groupes de besoins ou groupes de niveau ?
Ces groupes en effectifs réduits, d’abord appelés groupes de niveau avant d’être rebaptisés, avaient été créés par l’ex-ministre de l’Éducation Gabriel Attal dans le cadre de son « choc des savoirs ». Il s’agissait de lutter contre un niveau jugé en perte de vitesse chez les élèves en français et mathématiques. La ministre actuelle Élisabeth Borne avait maintenu ce dispositif, mais annoncé une première évaluation « en juin ».
Une mesure précipitée, déconnectée des contraintes du terrain
Ces groupes ont été mis en place de manière hétérogène selon les établissements avec un impact sur les résultats scolaires encore non évalué, même si le travail en effectifs réduits est plébiscité, observe le rapport.
La formation des groupes de besoin s’est aussi heurtée à des réalités de terrain : manque de locaux, d’enseignants ou de remplaçants, difficultés de construction des emplois du temps, détaille l’IGESR.
Le rapport observe aussi un immobilisme dans l’année sur la composition de ces groupes, alors qu’à l’origine les élèves étaient sensés pouvoir passer d’un groupe à l’autre selon leurs progrès.
Dans les faits, « la majorité des enseignants rencontrés fait part d’un certain attachement aux groupes constitués » et constatent que les groupes sont restés trop hétérogènes pour être brassés à nouveau, relève le rapport.
Point positif : le dialogue facilité et apaisé en effectif réduit entre enseignants et élèves, ceux qui éprouvent des difficultés dans l’une des matières osant plus participer, poser des questions et reprenant confiance.
« Les équipes qui semblent le mieux réussir sont aussi celles qui ont cherché à s’approprier la mesure pour proposer une organisation spécifique et adaptée à leur contexte », précise le rapport, mentionnant aussi un grand appétit de stabilisation des dispositifs chez les enseignants.
Côté élèves, l’accueil a été bon lorsque les groupes ont été présentés comme des dispositifs « d’entraide », mais très mauvais lorsqu’il s’est agi de groupes de niveau, avec à la clé démobilisation, incompréhension, colère, et dévalorisation pour ceux qui se sont sentis stigmatisés dans des groupes étiquetés comme faibles.
Pour Sophie Venetitay, secrétaire générale du syndicat SNES FSU, le rapport « confirme toutes nos analyses sur les effets délétères des groupes de niveaux ».
« Il montre qu’il n’y a eu aucun bénéfice pour les élèves en difficulté et des effets contrastés pour les autres avec un risque de creusement des inégalités », et pointe aussi une « désorganisation ».
Elle parle d’un « échec cinglant » et demande « un coup d’arrêt définitif au choc des savoirs ».