Des inquiétudes pour le service public d’éducation

Publié le 1 septembre 2010 à 2h00 - par

Les perspectives sont préoccupantes sur le front de l’éducation. Si certaines initiatives comme les états généraux sur la sécurité à l’école sont apparues intéressantes, le pilotage gouvernemental est inquiétant à bien des égards…

Des inquiétudes pour le service public d’éducation

Le budget de l’Education nationale va stagner en 2011 malgré l’inflation et plus de 16.000 postes d’enseignants vont être supprimés, comme l’a confirmé le ministre du budget le 07 juillet, ce qui va réduire le périmètre du service public d’éducation.

La réforme de la formation des maîtres aboutit à propulser à temps complet dans les établissements des étudiants quasiment sans formation, ce qui est surprenant : dans une période où l’on professionnalise partout la formation des enseignants, la France fait l’inverse…
De nombreux jeunes professeurs débuteront, désormais sur des services complets, dans des établissements difficiles, sans être armés pour faire face aux situations qu’ils vont y rencontrer. Cela promet de beaux jours, pour eux, mais aussi pour les CPE et les personnels de direction qui devront les aider…

La réforme du lycée comporte des points posi¬tifs : qui s’opposerait au tutorat ou à l’accompagnement personnalisé ? Mais son architecture laisse à penser qu’elle dépendra surtout de la bonne volonté des personnels.

La réforme du bac pro aurait pu être porteuse de valorisation de la voie professionnelle. Elle a été gérée dans l’extrême précipitation et aboutit à de nombreuses incohérences.

Alors que l’on demande aux collèges de mobiliser autour du socle commun, de mettre en place l’histoire des arts pour tous, ou encore de développer l’accompagnement éducatif, on réduit leurs moyens.

Les réformes sur fond de réduction drastique des dépenses donnent le sentiment d’un pilotage comptable, qui ne place guère les personnels en posture de mobilisation pour les mettre en œuvre.
Faut-il rappeler  que pendant que la France réduit la dépense d’éducation et les ambitions de l’école, l’Allemagne fait l’inverse en débloquant 12 milliards supplémentaires pour préparer l’avenir ?

Fait exceptionnel, le Syndicat des inspecteurs d’académie (SIA), habituellement discret, déclarait dans un communiqué de presse le 16 juin : « Les réformes engagées (…) interrogent les responsables du système éducatif (…), qui sont en difficulté pour défendre (…) les décisions ministérielles ». Il alertait sur « les risques de dégradation du service public d’éducation dont les conséquences, à l’heure de la mondialisation, se mesureront à terme sur les performances et la compétitivité de la France ».

Le secrétaire général du SIA concluait ainsi : cette politique « ne trace pas les contours du grand dessein pour l’école dont le pays a besoin ».

On ne peut que souscrire à ces propos. Car si les moyens ne font pas tout, on ne peut guère agir sans moyens…


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