L’éducation est-elle encore un investissement ?

Publié le 6 juillet 2010 à 2h00 - par

Augmentation du nombre d’élèves par classe au collège et fermeture des petits établissements, rationalisation de l’offre de formation au lycée, réduction à la portion congrue de la formation des maîtres, suppressions massives de postes : l’éducation est-elle encore un investissement ?

L’éducation est-elle encore un investissement ?

« L’optimisation des moyens consacrés à l’éducation ne peut pas être le simple résultat d’opérations comptables », indiquait dans un communiqué du 11 juin 2010 le secrétaire général de l’enseignement catholique, pourtant habituellement discret. Car si les moyens ne garantissent pas la qualité, on voit mal comment améliorer cette dernière avec de telles saignées.

« Il n’est pas démontré que la taille des classes ait un effet probant sur la réussite des élèves », affirme Luc Chatel. Certes, les chercheurs ont montré qu’il n’y a pas d’automaticité. Cependant notre ministre omet d’ajouter que ces mêmes chercheurs notent toutefois des corrélations. Par ailleurs, peut-on à la fois demander aux professeurs d’individualiser leur enseignement et leur en ôter les moyens ?

Il est question de fermer les petits établissements de moins de 200 – voire moins de 300 – élèves. Va-t-on supprimer des collèges en montagne ou en zone rurale, et obliger ainsi les élèves à de longs temps de transport ? Va-t-on dévitaliser un peu plus les zones isolées ?

La « rationalisation » de la carte des formations est à l’ordre du jour dans les filières professionnelles, par le biais du regroupement des divisions à effectif réduit et augmentation de leur taille. Va-t-on supprimer des formations peu prisées des jeunes, même lorsqu’elles sont porteuses ? Fermer des divisions de CAP, comme c’est envisagé, alors que l’on affirme vouloir qualifier 100 % des jeunes ?

À peine vient-on de réformer le lycée qu’il est déjà question de « rationnaliser » les moyens. Il y aurait « mise en réseau » des établissements pour certains enseignements. Cela veut-il dire par exemple que l’on mutualisera le latin, l’italien ou certains enseignements d’exploration, obligeant à les positionner en fin de journée ou le mercredi après-midi, ce qui est le meilleur moyen de les faire disparaître ?

Enfin, une « rationalisation des moyens » est également en marche pour « les fonctions administratives des EPLE ». Ceci laisse présager une disponibilité encore plus importante des personnels de direction pour le pilotage pédagogique…

L’Allemagne vient d’annoncer qu’elle allait augmenter son budget en faveur de l’éducation de 12 milliards d’euros d’ici à 2013, estimant, comme l’a affirmé  la ministre fédérale de l’Éducation et de la Recherche Annette Schavan,  que « les coupes budgétaires dans l’éducation coûteraient plus cher qu’elles ne rapporteraient ». Dans le même temps, la France adopte une position inverse. Force est donc de constater que les projets gouvernementaux dessinent un tableau de l’Éducation nationale bien peu ambitieux où la vision comptable prime sur l’intérêt pédagogique, où l’éducation n’est plus un investissement, mais une charge.


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