Chômeurs en fin de droits : fin de l’ASS au profit du RSA, quelles conséquences ?

Publié le 31 janvier 2024 à 8h00 - par

Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé mardi 30 janvier 2024 la suppression de l’allocation spécifique de solidarité (ASS) pour les chômeurs en fin de droits, qui basculeront au revenu de solidarité active (RSA). Qu’est-ce que ça change ?

Chômeurs en fin de droits : fin de l'ASS au profit du RSA, quelles conséquences ?
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L’ASS, qu’est-ce que c’est ?

Gérée par France Travail (ex-Pôle emploi) et financée par l’État, l’ASS est une allocation créée en 1984 destinée à des demandeurs d’emploi ayant épuisé leurs droits à l’assurance chômage. Un demandeur d’emploi de plus de 50 ans peut aussi choisir l’ASS plutôt que l’indemnisation chômage classique si elle lui est plus favorable.

Pour en bénéficier, il faut être à la recherche effective d’un emploi, justifier de cinq ans d’activité salariée dans les 10 ans précédant la fin du contrat de travail et ne pas dépasser un plafond de ressources mensuelles.

Au 1er avril 2023, ce plafond était de 1 271,90 euros pour une personne seule (1 998,70 euros pour un couple).

Le montant de l’allocation est de 18,17 euros par jour (545,10 euros par mois). L’ASS est versée pendant six mois, renouvelables. Il faut pour cela continuer de remplir les conditions (ressources, inscription, recherche effective d’un emploi…).

Il ne s’agit pas du dispositif dit des préretraites Unédic qui permet aux seniors de plus de 62 ans de garder leurs droits à l’assurance chômage jusqu’à leur départ en retraite à taux plein.

Qui est concerné ?

Fin 2021, l’ASS était perçue par 321 900 bénéficiaires, selon un document publié en septembre 2023 par le service statistique des ministères sociaux (Drees). À titre de comparaison, le RSA concernait 2,1 millions de personnes fin 2022, selon la même source.

Plus d’un allocataire sur deux (57 %) est âgé de 50 ans ou plus, une proportion qui s’explique par les conditions d’accès à l’ASS, selon des données de fin 2019. Ce sont majoritairement des hommes (55 %). Et deux allocataires sur trois (65 %) sont des personnes seules.

L’ASS étant une prestation destinée aux chômeurs de très longue durée, 75 % des allocataires sont inscrits comme demandeurs d’emploi depuis au moins trois ans et 54 % depuis au moins cinq ans. 33 % des allocataires ont rejoint le dispositif depuis au moins cinq ans.

Quelle différence par rapport au RSA ?

Le montant de l’ASS est légèrement inférieur au niveau du RSA pour une personne seule (environ 608 euros). Mais la grande différence est que les bénéficiaires de l’ASS continuent à acquérir des trimestres pour le calcul de leur retraite, ce qui n’est pas le cas avec le RSA.

L’ASS permet aussi le cumul avec d’autres revenus, à condition de ne pas dépasser le plafond de ressources mensuel de 1 998,70 € pour un couple.

Le plafond de ressources pour un couple éligible au RSA est lui plus de deux fois inférieur (911,63 euros). « On va avoir des hommes et surtout des femmes qui vont se retrouver à avoir rien du tout (…) parce qu’il y a par exemple un SMIC chez le conjoint », pointe Denis Gravouil, de la CGT.

Pour le président du syndicat des cadres CFE-CGC François Hommeril, le gouvernement « décroche petit à petit les dispositions qui existent et permettent aux gens qui sont en situation de précarité momentanée dans leur carrière d’acquérir quand même des droits à la retraite ». « Vous allez pouvoir survivre, mais ce qu’il y a de bien, c’est que quand vous serez en retraite vous serez encore plus pauvre », ironise M. Hommeril.

En « supprimant l’ASS, on enlève au demandeur d’emploi la validation de trimestres pour la retraite de base et l’obtention de points pour la retraite complémentaire », relève de son côté Michel Beaugas, de Force ouvrière.

Les départements, qui financent le RSA, ont quant à eux dénoncé un « manque de concertation », et redoutent un transfert de charge de l’ordre de « 2,1 milliards d’euros » auquel ils ne pourront « faire face ».

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