Attentats : les enseignants mobilisés pour une journée particulière dans les écoles lundi

Publié le 16 novembre 2015 à 13h26 - par

Rassurer, expliquer, organiser une minute de silence, l’école se mobilise pour accueillir lundi des élèves parfois choqués ou désorientés par la masse d’informations ou de rumeurs liées aux attentats du début du week-end.

Attentats et école

« La première chose que j’ai faite samedi en me levant, c’est préparer un cours pour les 3e, expliquant ce qui se passe au Proche-Orient et pourquoi ça nous impacte », déclare Cécile Cres, professeur d’histoire et géographie au collège Robespierre d’Épinay-sur-Seine, au nord-est de Paris. « En revanche, pour les plus jeunes, les 6e et les 5e, je suis plus embêtée car ils ne sont pas en mesure de comprendre la complexité de la situation. » Deux écueils à éviter selon elle : une schématisation qui peut laisser prise à la théorie du complot, un discours qui provoque paranoïa et angoisse profonde. Comme d’autres enseignants, elle va donc tâcher de répondre aux questions, en s’appuyant le plus possible sur les faits, et expliquer ce qu’est le terrorisme. Teddy Gandel, professeur de sciences économiques et sociales (SES) à Bezons, au nord de Paris, dans un lycée en zone d’éducation prioritaire, va « d’abord laisser la parole aux élèves », et s’efforcer de recadrer si le besoin s’en fait sentir.

La minute de silence, dont la perturbation dans certaines classes avait effrayé les adultes et remis en cause l’esprit d’unité après les attentats de janvier dernier – quelque 200 cas recensés, pour des milliers d’établissements -, est prévue pour lundi midi, dans les établissements. « Je vais leur expliquer qu’elle représente plus qu’un soutien aux victimes. C’est aussi une façon de marquer notre attachement profond à la République », indique le professeur de 25 ans. Il explique les incidents de janvier par la colère d’adolescents vis-à-vis de l’école, « moyen de sélection sociale et non d’ascension sociale » dans les quartiers défavorisés. Prévoit-il de nouvelles perturbations ? « Sans doute, à la marge. Les ados aiment se faire remarquer. Surtout lorsqu’ils savent que les médias vont tout de suite s’en emparer ! »

Terrorisme, guerre, état d’urgence

Le ministère de l’Éducation indique laisser « le soin aux équipes pédagogiques d’adapter ce moment de recueillement à l’âge des élèves ». Pour les enfants les plus jeunes, Sébastien Sihr, du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, préconise « un moment d’expression plutôt que le silence ». « Il faut aussi que l’école rassure, à travers les paroles de l’enseignant et en continuant à fonctionner normalement. On peut ensuite réfléchir à des gestes de solidarité (dessins, lettres, collectes) car pour aider les enfants, il faut qu’ils soient actifs », ajoute-t-il.

Sur internet, la communauté éducative travaille depuis les attentats de vendredi. Plusieurs sites, connus des enseignants, ont mis en ligne des ressources d’accompagnement. À commencer par Eduscol (http://eduscol.education.fr/), le portail national des professionnels de l’éducation, qui détaille des recommandations en fonction de l’âge des élèves.

Les Cahiers pédagogiques (http://www.cahiers-pedagogiques.com/) propose un panel de documents, synthèse d’un travail effectué dès samedi par un groupe d’enseignants du primaire à l’université.

L’école de demain (https://ecolededemain.wordpress.com/), le blog du syndicat SE-Unsa, inventorie lui aussi les outils disponibles (dessins de presse, vidéos explicatives), de même que le site du Snuipp, dont la page consacrée à la manière d’aborder les attentats en classe affichait 25 000 vues en quelques heures, « signe de la demande très forte » des instituteurs, selon M. Sihr.

La p@sserelle (http://lewebpedagogique.com/lapasserelle/), tenu par un professeur d’histoire et géographie, propose graphiques et explications (« qu’est ce qu’un amalgame? », « attention aux rumeurs » etc). Sur Twitter enfin, les professionnels échangent via le mot-clé #educattentats.

Des ressources abondantes – plus que lors des attentats de janvier – qui ne restent cependant que des outils, souligne Teddy Gandel, du lycée de Bezons. Une fois sorti du cours, l’élève peut « se ré-enfermer dans une représentation du monde qui lui est propre ».

Un combat perdu d’avance ? « Non, notre rôle est de les éduquer, notamment aux médias. Mais c’est un travail de longue haleine, qui doit commencer dès l’école primaire et ne portera ses fruits que sur le long terme », déclare le professeur.

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2015


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Action sociale »

Voir toutes les ressources numériques Action sociale