Hébergement des sans-abri : le gouvernement veut des alternatives à l’hôtel

Publié le 4 février 2015 à 0h00 - par

Ne plus laisser trop longtemps les familles sans abri dans des hôtels mais leur offrir des solutions alternatives et leur permettre d’accéder à un logement : c’est ce qu’a promis mardi 3 février la ministre du Logement Sylvia Pinel d’ici trois ans.

Invitée à la présentation du 20e rapport de la Fondation Abbé Pierre sur le mal-logement, qu’elle a qualifié de « marqueur essentiel de la situation du logement en France », Mme Pinel a annoncé que l’État allait réorienter 105 millions d’euros en trois ans de l’hôtel vers des solutions alternatives mieux adaptées.

De nombreuses familles sans abri sont hébergées chaque soir dans les hôtels, notamment en région parisienne. Près de 40 000 nuitées hôtelières ont été recensées dans toute la France en 2014.

« Ces solutions d’hébergement d’urgence ne sont pas adaptées aux besoins des familles », a-t-elle assuré. « Le recours à l’hôtel doit devenir une exception ».

Insécurité alimentaire, décrochage scolaire, conditions d’hygiène déplorables, difficultés accrues pour accéder à l’emploi : le recours à l’hôtel a des conséquences néfastes pour ces familles, a révélé en 2014 le Samu social de Paris.

Pour remplacer ces nuitées hôtelières, le gouvernement prévoit, d’ici 2017, de créer 13 000 places dans des dispositifs alternatifs « réellement capables de répondre aux difficultés des personnes accueillies », en réorientant pour cela « les crédits destinés à financer 10 000 nouvelles nuitées hôtelières », soit 66 millions d’euros sur trois ans.

Cela passera par 9 000 places en intermédiation locative (avec des dispositifs comme Solibail), 1 500 places en pensions de familles ou maisons-relais et 2 500 places d’hébergement dans des centres dédiés aux familles ou dans des logements sociaux vacants.

L’intermédiation locative permet de louer à moindre coût des logements vides dans le parc privé, via une association qui garantie aux propriétaires le loyer et la remise en état de leur appartement.

De même, le gouvernement réorientera 38,7 millions d’euros sur trois ans pour proposer des prises en charge alternatives, dans « des structures spécialisées », aux 6 000 demandeurs d’asile actuellement hébergés à l’hôtel.

Cet « effet de substitution » d’un dispositif à un autre « est possible dans la mesure où les dispositifs alternatifs coûtent globalement moins chers que les nuitées hôtelières », précise le ministère. Le coût moyen quotidien d’une place à l’hôtel s’établit à 17 euros, contre 6,65 euros pour l’intermédiation locative, 15 euros pour le logement adapté.

Le Samu Social de Paris, qui dénonce depuis longtemps l’explosion des nuitées hôtelières, s’est dit « plutôt satisfait » de ces mesures, même si l’intermédiation locative exclut de fait « les familles les plus fragiles », celles qui sont sans papier.

Également « satisfaite » du plan, la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale regrette cependant qu’il n’y ait « aucune assurance sur le maintien, au delà du 31 mars, des places d’hébergement ouvertes pour l’hiver ».

Et comme la Fondation Abbé Pierre, elle déplore l’absence d’« annonces fortes » sur la production de logements très sociaux (à plus faibles loyers), qui sont « la solution de logements pérennes réellement accessibles aux plus démunis ».

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