Portraits d'acteurs

Lyndia Desnoues, Directrice Générale des Services de la ville de Viry-Chatillon en Essonne

Lyndia Desnoues

Directrice Générale des Services de la ville de Viry-Chatillon en Essonne

« Je crois intimement que quand on est nourri par l'envie de contribuer, il n'y a pas de champs qui soient plus propices que d'autres pour innover, construire en partage. »

Quelles sont vos fonctions actuelles ?

Lyndia Desnoues : Je suis Directrice Générale des Services de la ville de Viry-Chatillon en Essonne. La commune de 32 000 habitants est la porte sud de la Métropole du Grand Paris et est membre du Grand Orly-Seine Bièvre (Établissement Public Territorial de près de 700 000 habitants).

Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Lyndia Desnoues : J’ai commencé par être chargée de TD de Droit Public à l’Université en parallèle de mes dernières années d’études et concomitamment à ma première prise de fonctions en qualité de Directrice du Service Juridique d’une commune du Val-de-Marne.

J’ai ensuite eu l’opportunité d’occuper des postes de Directrice Générale Adjointe (d’abord chargée des services à la Population, du Secrétariat Général et des Relations Publiques auxquels se sont ajoutés un certain nombre d’autres secteurs allant de la dynamique sociale aux services de proximité et à la communication).

Cette étendue de soutien des actions/projets a été particulièrement structurante et formatrice, m’amenant assez naturellement à me diriger vers des fonctions de DGS en Essonne où j’ai pleinement pu savourer la formidable chance de parcours enthousiasmants que la Fonction publique territoriale nous offre. Alignement des astres ou très heureux hasards, j’ai toujours eu le bonheur d’intégrer des administrations ouvertes où la confiance et le partage ont été très stimulants.

Citez le projet qui vous a le plus marquée et dont vous êtes le plus fière ?

Lyndia Desnoues : Je crois intimement que quand on est nourri par l’envie de contribuer, il n’y a pas de champs qui soient plus propices que d’autres pour innover, construire en partage.

Alors, assez spontanément, je dirais qu’il y en a beaucoup. Ce que j’en retiens, ce sont surtout les rencontres, les multiples apports individuels comme collectifs et si je devais vraiment en tirer fierté, je dirais que participer à ces élans voire les initier est la plus belle dignité.

Bon... je vois bien que la réponse ne satisfait pas votre attente et que des exemples plus concrets sont espérés...

Je citerai donc le plus récent à savoir la transformation du Collectif de Direction en une instance plus dynamique et collaborative. Ce Codir 2.0 (c’est comme ça qu’on l’appelle en interne) bénéficie d’une présidence tournante et d’ordres du jour partagés (et portés par le Président du jour). Les réunions se nourrissent d’interactions enrichissantes et parfois étonnantes (échauffements sportifs, découvertes culturelles, lieux innovants…). Le co-développement et autres méthodes agiles y sont très largement développés selon les appétences et affinités des membres eux-mêmes initiateurs d’expérimentations aux desseins avoués d’essaimages dans leurs directions respectives.

L’autre projet, qui me vient spontanément, est celui de la mise en œuvre du télétravail dès 2013 avec la construction partagée de méthodes, d’outils et d’expérimentations ad’hoc qui ont permis de modéliser notre approche.

Je pourrais aisément rajouter l’usage du design de service public pour l’évolution de nos équipements sportifs ou encore les midis-sports et midis zen à l’attention du personnel communal mais je serai alors bien trop prolixe pour être arrêtée.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Lyndia Desnoues : Je vis déjà un rêve quotidien, celui de contribuer au sens public, à l’utilité et à la marche vers le progrès partagé. Je ne dis pas que c’est tous les jours formidable mais ça l’est souvent, et à tout le moins riche de ce sens donné par le service public.

Alors, oui j’aimerais aussi à ma modeste mesure, comme tout un chacun, contribuer à quelque chose d’encore plus grand comme la transition écologique et sociale, sinon de façon éclatantes/déterminantes au moins en avancées concrètes quotidiennes.

Je m’efforce donc de tenir cet objectif à chaque fois que c’est possible ou souhaitable.

Comment décririez-vous votre engagement personnel en tant qu’acteur public ?

Lyndia Desnoues : L’accélération et l’instantanéité avec en corollaire l’urgence irriguent nos pratiques quotidiennes et mettent en tension nos organisations.

Nous devons réinventer de nouvelles modalités d’accompagnement aux transitions et développer la résilience de nos administrations.

La dynamique collective peut accompagner efficacement ces transformations en faisant notamment confiance à nos agents et c’est justement dans cet horizon que j’entends agir.

C’est un engagement quotidien et surtout partagé avec des équipes qui sont mobilisées et motivées. Un engagement aussi empreint de pragmatisme, de recherche d’objectivation, de bienveillance et d’exigence dans la posture managériale.

Augmenter le pouvoir d‘agir, soutenir les initiatives, les relayer et enfin accompagner et/ou proposer des projets enthousiasmants et porteurs d’engagement sont les objectifs que je m’assigne avec l’intention permanente de donner du sens à l’action et de rendre explicites les attendus et les résultats.

Mon engagement personnel, c’est aussi la volonté de partager les projets, de mutualiser les expériences et surtout d’apprendre aussi des autres.

Pour ce faire, je suis membre active de réseaux professionnels auxquels j’ajoute des réseaux plus informels (ex-collègues, rencontres, personnes antérieurement accompagnées notamment pour des préparations aux concours ou lors de suivis de projets...) avec en filigrane la mise en œuvre d’un cercle vertueux de soutiens en cascades qui se tisse naturellement.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Lyndia Desnoues : Chacun peut décliner à l’infini les attendus du poste mais ceux-ci sont le plus souvent inhérents aux contextes, latitudes en présence et interactions générées.

In fine, il me semble néanmoins que deux pré-requis s’imposent : l’ouverture aux autres et le sens de l’adaptabilité.

Sur ces fondements élémentaires, en complément des orientations instillées par les élus, là où le DGS doit aménager la possibilité d’innover, d’évoluer tout en étant coordonnateur des temps : ceux de l’action, de l’ingestion, de la réflexion et de l’anticipation.

Bref, tout à la fois pragmatique et humble mais aussi mobilisant et rassembleur, il ou elle ne doit pas perdre de vue la réalisation des objectifs.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marquée dans votre carrière ?

Lyndia Desnoues : J'ai eu l’honneur de faire nombre de rencontres professionnelles et personnelles marquantes et j’espère avoir eu la présence d’esprit de savoir les remercier à chaque fois que l’occasion s’est présentée.

Des collègues, qui par leur engagement et leur finesse d’esprit, me donnaient l’envie d’être meilleure ; aux élus qui m’ont fait confiance tout en m’insufflant l’envie d’aller plus loin, tous m’ont fait grandir...

Mais, si vous me le permettez, j’aimerais mettre en lumière l’une de ces rencontres aux apparences anodines que l’on oublie trop souvent et qui pourtant sont marquantes.

Entre deux épreuves d’un examen et à la faveur d’une organisation institutionnelle de dernière minute, je me suis retrouvée dans l’escalier d’un lycée à réviser, au milieu du passage, mes fiches-mémoire. Attentive, là où la foule ambiante était naturellement indifférente, une dame de ménage m’a gentiment ouvert une salle allant même jusqu’à aller me chercher du pain et de quoi boire à la cantine de l’établissement pour me permettre « de ne pas avoir le ventre vide » pendant mon épreuve. Malgré le caractère un peu chaotique de l’organisation, l’examen a été obtenu.

Cela peut paraître anecdotique et sans doute assez incongru, mais cette gentillesse non intéressée qui est intervenue justement là, au moment où le recours à la détermination était le plus requis, a été d’une précieuse aide.

C’est sans doute un peu désuet et extrapolé mais j’y vois l’un de ces petits plus qui au quotidien comme dans l’adversité nous accompagnent... sans projecteurs et grands discours, c’est cette bienveillance du service public au quotidien que j’espère permettre voire favoriser.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Lyndia Desnoues : Je dirais en premier lieu la propension de nos sociétés a désormais vouloir devancer le probable. De principes de précaution à un relatif déterminisme supposé, nous sommes progressivement appelés à garantir l’avenir.

L’anticipation destinée à répondre à une certaine prévisibilité est de plus en plus requise allant parfois jusqu’à obérer l’expression ou la lecture positive de signaux faibles et à émousser la confiance en la capacité de réaction.

Il me semble que parfois, à vouloir sécuriser à outrance, nous prenons le risque de ne pas assez tenter, expérimenter, adapter...

Heureusement, nombre de possibles s’ouvrent et de réseaux sociaux en lectures plus traditionnelles, l’avènement du partage global des initiatives inspire et favorise le rayonnement. Avec de la curiosité et le sens de l’échange beaucoup de choses sont possibles...

Plus prosaïquement, je soulignerais comme fait important à ma seule échelle, la reprise d’études qui m’ont amené à l’obtention d’un Master II d’Urbanisme en complément de mon parcours plus traditionnel. Cette remise en perspective de l’action publique à mi-carrière était très enrichissante et ô combien vectrice d’émulation.

Voir tous les portraits