Portraits d'acteurs

Véronique Robitaillie

Véronique Robitaillie

Directrice générale des services de Dinan Agglomération

« La fonction publique territoriale permet de s'engager dans des territoires que l'on finit par connaître intimement du fait des compétences des collectivités, et qui pour moi ont toujours abouti à un attachement sincère. »

Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Véronique Robitaillie : Après une formation en sciences politiques, j'ai complété mon cursus avec un troisième cycle de gestion des entreprises. Je travaille pour les collectivités locales depuis 1995 après ma réussite au concours d'attaché territorial. Après une première expérience dans les marchés publics, j'ai rejoint la communauté urbaine de Lille auprès du directeur général des services et ai passé le concours d'administrateur territorial par concours interne. À la sortie de l'INET, j'ai exercé 7 ans au Conseil départemental du Finistère, comme directrice des territoires d'action sociale puis comme DGA ressources. J'ai ensuite été 5 ans directrice générale des services du département des Côtes d'Armor avant d'exercer comme directrice de l'INET et DGA du CNFPT. Je suis à présent directrice générale des services de Dinan Agglomération depuis avril 2021.

Si vous deviez décrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?

Véronique Robitaillie : Proximité, réactivité, pilotage.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Véronique Robitaillie : Anticipation, cohérence, communication. Au-delà de la gestion qui monopolise le quotidien, il est attendu de la directrice générale des services de préparer la collectivité aux défis auxquels elle devra faire face : repérer les attendus de service public à moyen terme, veiller à la coordination des échéances, préparer l'organisation aux crises. Il faut donc savoir se détacher de la pression quotidienne pour rester disponible pour cette anticipation.

En matière managériale, je retiendrais deux points de vigilance dans ma fonction : veiller à la cohérence des décisions prises et apporter une grande attention à la communication interne. En effet, les équipes ont besoin d'agir dans un environnement clair pour qu'il ne soit pas anxiogène et rester concentrées sur leurs missions. La directrice générale, comme tout encadrant, doit ainsi veiller à être elle-même cohérente dans les décisions prises et travailler la qualité de sa communication qui est facteur de cohésion dans l'organisation.

Qu'est ce qui vous fait lever chaque matin ?

Véronique Robitaillie : La conviction que mon travail participe à une mission fondamentale pour la cohésion sociale, avec un impact pour modifier notre modèle de développement néfaste au vivant. Et d'un point de vue relationnel, la confiance que m'accorde mon président, et la motivation de mes collègues pour faire avancer les projets.

J'habite sur le port de Dinan, au bord de la Rance, et tous les matins, je pars au travail avec un réel plaisir en parcourant cette ville moyenâgeuse magnifique. La fonction publique territoriale permet de s'engager dans des territoires que l'on finit par connaître intimement du fait des compétences des collectivités, et qui pour moi ont toujours abouti à un attachement sincère.

Quel est le projet qui vous a le plus marquée et dont vous êtes la plus fière ?

Véronique Robitaillie : J'en citerais deux :

  • au département du Finistère, avoir favorisé la reconnaissance des équipes sociales territorialisées par le reste de la collectivité départementale ;
  • à l'INET, avoir impulsé la mise en œuvre d'une formation d'intégration qui articule les trois filières de la Haute fonction publique territoriale : administrateurs, conservateurs de bibliothèque, ingénieurs en chef.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Véronique Robitaillie : J'ai conscience du modèle parfois délétère des grandes organisations de travail. Je rêverais de participer à l'émergence de nouvelles méthodes managériales plus respectueuses de l'humain. Les administrations me semblent avoir une responsabilité particulière sur ce plan au regard de leur mission générale de cohésion sociale et territoriale.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marquée dans votre carrière ?

Véronique Robitaillie : Du point de vue de ma façon d'appréhender les dossiers, les travailleurs sociaux m'ont appris à beaucoup travailler sur le sens de l'action au-delà des impératifs de gestion et de mesurer l'importance des fractures sociales dans la société. Plus récemment, la lecture des scientifiques du GIEC m'ont fait prendre conscience de l'impératif du changement de modèle qui est une responsabilité à la fois collective et individuelle, notamment quand on occupe une fonction qui peut faire effet de levier sur les décisions.

Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?

Véronique Robitaillie : « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme ». Cette remarque ancienne de Rabelais aurait pu nous inspirer un peu plus lors de la révolution industrielle, et aujourd'hui encore avec l'émergence de l'intelligence artificielle, elle me semble tout à fait d'actualité. Elle est aussi très pertinente quand nous devons nous interroger sur la capacité des milieux naturels à supporter notre développement, alors qu'à chaque obstacle surgissent de possibles solutions techniques qui pourraient nous permettre de nous exonérer de cette limite.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Véronique Robitaillie : J'ai eu la chance de commencer ma carrière à un moment où il y avait une plus forte ouverture à la prise de responsabilité des femmes dans les grandes collectivités. Nous sommes sur un chemin qu'il faut poursuivre car il y a encore des freins et des discriminations dans nos organisations qui sont le miroir de stéréotypes présents dans la société.

L'autre élément que je citerais est la place du numérique. Il y a une vraie différence dans la façon de travailler et de communiquer entre le moment où j'ai commencé ma carrière et aujourd'hui. Le numérique a changé la nature du management, faisant passer l'encadrant d'une fonction de diffusion de l'information à une fonction de mise en perspective. Le champ des possibilités de mobilité et des relations professionnelles s'est énormément élargi, permettant des communautés de métiers d'échelle nationale voire internationale. En parallèle, ce nouvel environnement impose de maîtriser la charge mentale qu'il implique, pour soi, comme pour ses équipes.

 

Propos recueillis par Hugues Perinel

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