- La passation des tests doit être réalisée par du personnel formé.
- Le dépistage et le diagnostic de la dépression doivent être réalisés par des médecins.
- Une consultation spécialisée s’avère souvent utile afin de faire la part d’une tristesse légitime et d’une dépression caractérisée relevant d’un traitement antidépresseur.
- Un accompagnement psychologique s’impose.
La dépression chez le sujet âgé : définition, diagnostic et traitements
Qu’est-ce que la dépression ?
Définition
La dépression est le diagnostic psychiatrique le plus fréquemment posé chez la personne âgée.
Elle constitue un problème sérieux entraînant la souffrance et l’isolement social, un taux élevé de suicide, une augmentation de la morbidité et de la mortalité. Non traitée, elle peut diminuer l’espérance de vie ou porter atteinte au bien-être et à la qualité de vie du malade et de ses proches.
La dépression est sous-diagnostiquée et sous-traitée chez la personne âgée. En effet, certains symptômes dépressifs peuvent être confondus avec des changements fonctionnels associés à l’âge ou avec des symptômes de maladie physique. L’état dépressif est trop souvent considéré comme une conséquence normale du vieillissement.
De plus, sa présentation clinique parfois atypique, ses formes masquées par des plaintes somatiques ou sa coexistence avec des symptômes organiques compliquent le diagnostic. Un grand nombre de personnes âgées ne reçoivent pas les soins psychiatriques nécessaires à leur condition ; elles consultent peu et sous-utilisent les services psychologiques.
Facteurs de risque de la dépression du sujet âgé
Il s’agit d’une maladie complexe faisant intervenir plusieurs facteurs liés à l’hérédité, à la biologie, aux événements de la vie ainsi qu’au milieu et aux habitudes de vie.
De nombreux facteurs psychosociaux de stress favorisent la survenue de la dépression chez le sujet âgé :
- des antécédents personnels et familiaux de dépression ;
- un isolement social ;
- l’atteinte des fonctions supérieures et les perturbations mnésiques ;
- la baisse des performances cognitives ;
- la réduction de la mobilité ;
- l’apparition d’une surdité et de problèmes visuels ;
- la diminution des activités sociales ;
- des difficultés matérielles (économiques) ;
- des conditions d’existences difficiles ;
- le veuvage ;
- la perte des relations sociales ;
- la séparation des enfants ;
- des événements de vie et un enchaînement de ruptures occasionnant une situation de stress.
Des facteurs biologiques et somatiques interviennent également :
- un risque accru de dépression lors de maladies somatiques invalidantes et/ou chroniques (désordre thyroïdien, infection virale ou bactérienne, lymphome ou autre pathologie cancéreuse…) ;
- les atteintes cérébrales organiques :
- certains traitements médicamenteux dépressiogènes.
Les critères de diagnostic chez les sujets âgés
Des tableaux cliniques variés mais des symptômes fondamentaux
- Humeur dépressive : douleur morale, tristesse vitale, découragement ou émoussement émotionnelle.
- Ralentissement idéo-moteur.
- Asthénie.
- Anxiété et plaintes somatiques.
- Perte de goût et d’intérêt.
- Anhédonie.
- Perturbations et trouble du sommeil.
- Pensées suicidaires et suicide.
Les particularités des symptômes de la dépression majeure chez les sujets âgés
Il faut savoir que seulement 10 % des dépressions chez les personnes âgées rencontrent les critères de définition de la dépression majeure selon le DSM IV. En effet, la dépression chez la personne âgée est souvent camouflée derrière d’autres symptômes, ce qui rend la tâche particulièrement difficile. Pour mieux comprendre et diagnostiquer la dépression chez la personne âgée, il est donc nécessaire de connaître la particularité des symptômes.
Chez le sujet âgé, l’humeur dépressive est souvent moins marquée, et il en est peu conscient.
Il est plutôt anxieux et irritable. Il se plaint de fatigue, de perte d’énergie, de perte d’intérêt ou de plaisir. Il présente parfois des difficultés d’attention, de concentration ou de mémoire récente. Ces atteintes cognitives réversibles sont souvent confondues avec un début de processus démentiel.
La perte d’autonomie et la présence de maladies physiques favorisent la centration des plaintes au niveau corporel. De plus, de par sa culture, la personne âgée trouve souvent plus acceptable d’exprimer sa souffrance morale par des plaintes somatiques.
L’évaluation met souvent en évidence une diminution de l’estime de soi, un sentiment d’inutilité et d’infériorité, plus rarement de la culpabilité ou des autoaccusations. La personne exprime une certaine honte de sa dépendance accrue et du sentiment d’être un embarras pour sa famille.
La dépression peut entraîner un désengagement reflété par un rétrécissement de la vie affective, cognitive et sociale. Cette apathie occasionne parfois des manifestations comportementales régressives telles que la négligence de l’hygiène corporelle, l’incontinence et la dépendance excessive envers les autres pour les tâches de la vie quotidienne.
A noter
- Les symptômes dépressifs sont manifestement plus fréquents avec l’avancée en âge. La dépression touche plus fréquemment la femme que l’homme.
- Parmi les dépressions du sujet âgé, 10 à 30 % tendent à devenir chroniques.
- Dans 40 % des cas, il y a persistance d’une symptomatologie résiduelle.
Prévention, traitements et prise en charge des dépressions du sujet âgé
Comment prévenir la dépression du sujet âgé ?
Lors de l’avancée en âge, de nombreux retours sur le passé ont lieu. Ainsi, lorsque la personne n’a pas pu réaliser certains deuils ou un travail de réparation, le passé a tendance à ressurgir (dans des rêves, sous formes d’hallucinations…), avec son lot de regrets et de remords.
Avec la réduction du réseau social, les personnes âgées se retrouvent souvent plus isolées et ont alors tendance à ruminer, à ressasser avec nostalgie ces éléments du passé sans pouvoir trouver d’issue positive.
Afin d’éviter ce cercle de pensées négatives, il faut essayer d’aller de l’avant et d’investir de nouvelles activités : faire du sport, rencontrer de nouvelles personnes, s’investir dans des projets… Ces investissements sont des « tuteurs de développement ».
En effet, à tout âge, la personne a besoin de s’épanouir dans de nouveaux domaines. Ainsi, Anna Freud comparait la vie à une partie d’échecs : « Les premiers coups sont très importants, mais tant que la partie n’est pas terminée, il reste de jolis coups à jouer. »
Les traitements médicamenteux
Les antidépresseurs sont efficaces mais lents, et ils présentent des effets secondaires non négligeables : chutes, confusions, constipation.
L’instauration d’un traitement antidépresseur chez le sujet âgé est soumise aux mêmes règles que chez le sujet plus jeune, avec néanmoins quelques spécificités :
- Le délai d’action est plus long chez le sujet âgé.
- Le traitement devra être maintenu suffisamment longtemps (trois semaines au minimum) avant d’évaluer son efficacité.
- Il faut initier le traitement à demi-dose et augmenter par paliers.
- Un suivi attentif de la tolérance et de l’efficacité est nécessaire.
L’approche non médicamenteuse
La psychothérapie a prouvé une efficacité équivalente aux antidépresseurs mais plus durable. Elle présente moins de risques de rechute si elle est associée aux médicaments. Elle ne peut pas être utilisée si la personne a des troubles cognitifs sévères ou une altération de la conscience.
Un suivi psychologique doit être proposé, qui complétera efficacement le traitement médicamenteux. Il s’agira le plus souvent d’une psychothérapie de soutien qui aidera la personne à mieux comprendre sa maladie.
A noter
- La psychothérapie aide les gens à traverser les événements stressants de la vie de tous les jours et à soulager la solitude que l’on ressent pendant une dépression.
- La thérapie cognitive et comportementale permet de transformer ses pensées négatives en pensées positives et d’apprendre à mieux surmonter les épreuves de la vie. Elle est l’une des méthodes les plus efficaces contre la dépression, à court terme.
- Les groupes de soutien permettent de mettre en relation des personnes qui connaissent les mêmes problèmes. Il est en effet souvent plus facile de discuter avec des gens qui savent ce que l’on endure pour partager des expériences, des conseils ou des encouragements.
Notre conseil
Évitez les erreurs
Il faut s’abstenir de minimiser la souffrance de la personne dépressive avec des phrases telles que :
- « Tout ça, c’est dans votre tête que ça se passe. »
- « Nous connaissons tous la même chose à un moment ou un autre. »
- « Ça va s’arranger, arrêtez de vous inquiéter. »
- « Regardez le bon côté des choses. »
- « Il vous reste tellement de choses à vivre, pourquoi voulez-vous mourir ? »
- « Je ne peux rien y faire. »
- « Arrêtez d’agir bêtement ! »
- « C’est quoi votre problème ? »
- « Vous ne devriez pas commencer à vous sentir mieux depuis le temps ? »
Faq
Quelle prise en charge est la mieux adaptée pour la personne âgée ?
La prise en charge de la personne âgée nécessite une bonne communication entre médecins généralistes, gériatres et psychiatres.
Pourquoi la dépression est-elle souvent sous-diagnostiquée chez les seniors ?
La dépression est fréquemment sous-diagnostiquée chez les personnes âgées en raison de symptômes qui se confondent avec des troubles liés au vieillissement, et à cause de présentations atypiques masquées par des plaintes somatiques ou des pathologies organiques.
Quels sont les principaux facteurs de risque de dépression chez les personnes âgées ?
Ils incluent des antécédents de dépression, un isolement social, des limitations cognitives et motrices, des maladies chroniques, ainsi que des événements de vie stressants (deuils, difficultés financières).
Comment se manifeste la dépression chez les seniors par rapport aux plus jeunes ?
Chez les personnes âgées, la dépression est souvent marquée par l’irritabilité, la fatigue et des plaintes somatiques, tandis que les symptômes d’humeur dépressive sont moins évidents et peuvent imiter des troubles cognitifs.
Quels types de traitements sont recommandés pour la dépression chez les seniors ?
Les traitements incluent les antidépresseurs à faible dose avec surveillance, des psychothérapies de soutien et cognitivo-comportementales, ainsi que des activités sociales pour limiter l’isolement.
Pourquoi est-il important de surveiller le discours des soignants envers les résidents dépressifs ?
Les remarques maladroites peuvent aggraver la souffrance. Il est essentiel d’éviter de minimiser les ressentis des résidents et d’adopter une écoute empathique pour éviter toute détérioration de leur état mental.
Aller plus loin
Bibliographie
- Henri Lôo et Thierry Gallarda, Troubles dépressifs et personnes âgées, John Libbey Eurotext, coll. « Pathologie-Science », 2000
- Lucette Lacomblez et Florence Mahieux-Laurent, Les Démences du sujet âgé, John Libbey Eurotext, coll. « Pathologie-Science », 2003
- Gilbert Ferrey et Gérard Le Gouès, Psychopathologie du sujet âgé, Masson, coll. « Les âges de la vie », 2008
Sites Internet
- www.psychiatriemed.com : Sur le site PsychiatrieMed, vous pouvez lire l’article du Dr Fabrice Lorin, « Gérontopsychiatrie : la dépression et la douleur du sujet âgé » (catégorie « Textes »).
- www.passeportsante.net : Le site Passeport santé propose un dossier sur la dépression (catégorie « Maladie », à la lettre « D »).
- www.camh.net/fr : Le site du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH), organisme canadien, possède une fiche de conseil sur l’approche par les soignants des personnes âgées dépressives (menu « Publications », catégorie « Ressources pour les professionnels », dossier « Quelle approche adopter envers les personnes âgées confrontées à des problèmes de toxicomanie, de santé mentale et de jeu », choisir « Dépression » dans la table des matières).
- www.masef.com : Les Médecins auteurs de sharewares et freewares (MASEF) présentent Médimento, « un logiciel qui rassemble des centaines de tableaux diagnostiques, étiologiques, cliniques, différentiels » (menu « Auteurs » puis « Freewares médicaux », dans la liste du Dr Bernardin Gérald).
Publié le 31/10/2024
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