La création du réseau remonte à 2010, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en étant à l’origine. « Il a pour visée d’accompagner les territoires dans l’adaptation de leur environnement aux besoins des personnes âgées », explique Pierre-Olivier Lefebvre, directeur général de la déclinaison francophone du réseau, initiée de son côté en 2013. Il compte à ce jour 300 adhérents, « des communes qui, chaque fois qu’elles réalisent des aménagements, s’interrogent sur le fait de savoir s’ils correspondent aux attentes des séniors », poursuit-il. « En juillet 2021, nous avons lancé un label qui permet aux communes de mettre en œuvre cette volonté d’accompagnement des personnes âgées ». Ce label est accordé à partir du moment où les communes s’engagent à adapter leur politique aux aînés à partir des huit leviers suivants :
- culture et loisirs ;
- lien social et solidarité ;
- participation citoyenne et emploi ;
- autonomie, services et soins ;
- information et communication ;
- transport et mobilité ;
- espaces extérieurs et bâtiments ;
- habitat
Plusieurs degrés de labellisation sont accordés à partir de 5 étapes à franchir. « C’est un label exigeant, que l’on n’accorde pas seulement à partir de la simple volonté d’un élu d’aller dans ce sens. Il faut que les élus mettent concrètement en place des dispositifs ». Notamment pour obtenir un financement du CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) qui a lancé en 2021 le Fonds d’appui pour des territoires innovants seniors, soutenant 300 collectivités en pointe sur les enjeux de longévité de la population. Le CNSA abonde le Fonds d’appui pour des territoires innovants seniors (FATIS), porté et coordonné par le Réseau francophone des villes amies des aînés (RFVAA), doté de 6 millions d’euros pour la période 2025-2026.
Bancs publics, habitat intergénérationnel, l’accès à l’information…
Le congrès de Saint-Quentin a été aussi l’occasion de publier le baromètre du réseau, pragmatiquement présenté ainsi : « Ce que veulent les vieux ». 7 031 habitants répartis équitablement sur l’ensemble du pays ont été consultés, 70,74 % de femmes et 29,26 % d’hommes. Un top 30 des besoins les plus souvent exprimés par les séniors a été arrêté : par ordre décroissant, tous territoires confondus, 70,18 % souhaitent plus d’activités intergénérationnelles, 68,75 % une instance de consultation des aînés, 66,67 % des actions et dispositifs de prévention, 60,78 % des formations pour utiliser de nouvelles technologies, 56,52 % être orienté grâce à un interlocuteur unique en cas de problème de santé.
« Les attentes ne sont pas les mêmes selon la taille des territoires sondés », explique le DG. « Dans les petites communes (Ndlr, de moins de 20 000 habitants), les initiatives prioritaires pour les aînés se concentrent sur le confort quotidien et l’accessibilité. L’installation de bancs et d’assis-debout adaptés, la facilitation de l’accès à l’information concernant les aides pour l’adaptation du logement, ainsi que l’amélioration de l’accessibilité des transports en commun sont des mesures clés », peut-on lire dans le baromètre. De même, dans les communes comprises entre 20 000 et 100 000 habitants, « les préoccupations les plus sollicitées par les aînés dans les zones moyennement peuplées comprennent l’amélioration de l’accessibilité financière à divers services, la mise à disposition de toilettes publiques adaptées et l’augmentation de la sécurité dans les espaces publics ». Enfin, au-delà de 100 000 habitants, « le besoin d’initiatives ciblées qui facilitent l’intégration sociale, l’autonomie et la mobilité sécurisée », comme « les activités intergénérationnelles, les services de conciergerie pour les petits dépannages et l’amélioration de l’accessibilité des voies piétonnes et des trottoirs ».
Multiplier les initiatives
Le baromètre recense les expériences qui mériteraient d’être dupliquées ailleurs, comme l’organisation d’olympiades intergénérationnelles à Château-Thierry, un café philosophique à Clamart ou encore « la cocréation du coffret multisensoriel stimulateur de perception ‘souvenirs du futur’ » à Dijon. À Périgueux, les bancs publics, suffisamment hauts, sont adaptés aux séniors. À Arras, le dispositif « Un toit à partager » permet à des séniors de mettre une chambre à disposition d’un jeune, le temps de ses études. « Nous réalisons ce baromètre en interne. C’est une grosse mobilisation de l’équipe. C’est une manière pour nous d’inciter les communes à répondre justement à ces attentes. Nous proposons d’ailleurs aux communes des plans d’action pour déployer les solutions sur leur territoire. Nous sommes d’ailleurs sur le point de signer une convention avec le Cerema pour aller plus en avant dans les descriptifs opérationnels. Car d’une certaine manière, adapter une commune aux personnes âgées, c’est améliorer le cadre de vie de l’ensemble de la population », conclut Pierre-Olivier Lefebvre.
Stéphane Menu