L’action des centres-bourgs face au vieillissement de la population

Publié le 23 juin 2017 à 16h06 - par

Pour mieux prendre en compte le vieillissement de leur population, les centres-bourgs doivent réinterroger leur action publique.

L’action des centres-bourgs face au vieillissement de la population

Dans le cadre du programme expérimental pour la revitalisation des centres-bourgs, lancé au début de l’été 2014 par le gouvernement, le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET), rattaché au Premier ministre, a ausculté leur action pour répondre à l’enjeu du vieillissement de la population. Publiée en avril 2017, son étude s’appuie sur l’analyse, « nécessairement partielle », de 25 dossiers de candidature au programme national de revitalisation.

Premier constat de l’étude : derrière le terme « personnes âgées », les centres-bourgs regroupent des populations de tranches d’âge assez différentes. Pour certains, il s’agit des plus de 75 ans, pour d’autres des plus de 60 ans ou encore « des jeunes retraités et des seniors ». Le CGET observe également que la part de cette « population âgée » est très variable d’un bourg à l’autre. Ainsi, si l’on retient comme définition des personnes âgées les plus de 75 ans, elles représentent 15 % à 35 % de la population. Par comparaison, la moyenne en France s’élève à 9,1 % de la population.

L’analyse des dossiers des bourgs montre que ceux-ci s’inscrivent dans une approche « classique » du vieillissement, c’est-à-dire centrée sur les questions de santé et de services. Les opportunités économiques –  consommation locale, nouvelles activités pour les artisans en matière de domotique…- sont rarement évoquées. De même, les opportunités sociales liées au vieillissement de la population sont très peu mentionnées. Ainsi, si la quasi-totalité des bourgs met en avant la richesse de son tissu associatif, aucun d’eux ne l’associe à la présence des plus âgés sur le territoire, souvent porteurs et moteurs de ces associations.

Les centres-bourgs conduisent, néanmoins, une diversité d’actions en faveur du vieillissement. Principalement autour de quatre priorités.

Habitat

La majorité des actions portées par les bourgs en faveur du vieillissement concerne l’habitat. Celles-ci concernent la diversification des offres d’habitat publiques – résidence senior, établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD)…- et l’adaptation des logements sociaux et privés, afin de favoriser le maintien à domicile.

Services et santé

Le vieillissement de la population exige une offre de services et de santé, notamment pour favoriser le maintien à domicile. L’étude observe que les bourgs veillent à l’existence d’une offre quantitativement satisfaisante, mais s’assurent également de la qualité de service et du potentiel de développement économique. En revanche, peu de bourgs anticipent l’impact des départs massifs en retraite des générations du baby-boom, notamment les professionnels de santé, sur l’emploi et l’activité.

Accessibilité physique et numérique

Le vieillissement de la population induit des enjeux en termes d’accessibilité des personnes aux équipements, aux services, aux commerces… Cette accessibilité peut être facilitée par une offre de mobilité et des espaces publics adaptés. Or, les caractéristiques géographiques (par exemple, ville haute/ville basse) et patrimoniales (par exemple, exiguïté des espaces et des cheminements) de certains bourgs peuvent la compliquer. Toutefois, si l’accessibilité physique est appréhendée par l’ensemble des centres-bourgs étudiés, les opportunités liées à l’accessibilité numérique des personnes âgées – par exemple, dématérialisation des démarches, télémédecine… – sont peu envisagées. De même, l’accessibilité des commerces et des services en termes d’horaires d’ouverture, par exemple, est rarement abordée.

Mixité générationnelle

Pour lutter contre l’isolement des plus âgés, les bourgs entendent favoriser la mixité générationnelle. Deux principales pistes sont explorées pour contribuer à la rencontre des différentes tranches d’âge de la population :

  • L’organisation d’événements et la création d’équipements ou encore la réalisation d’aménagements ouverts à tous
  • La mobilisation des savoirs et des expériences des plus âgés au profit du reste de la population.

« La prise en compte du vieillissement de la population conduit à réinterroger l’action publique, plaide le CGET. Il s’agit de concevoir des politiques répondant aux besoins de tous, plutôt que des politiques réservées à des publics cibles. » Son analyse sur les candidatures au programme de revitalisation des centres-bourgs met en lumière plusieurs principes méthodologiques qui lui semblent « essentiels pour formaliser une démarche ambitieuse en matière de prise en compte du vieillissement. » À savoir :

  • Reconnaître et connaître la diversité des besoins des personnes âgées et anticiper l’évolution de ces besoins à moyen terme (par exemple, départs en retraite). Et, si possible, sur le long terme
  • Développer une approche en termes d’opportunités de développement et mettre en valeur la richesse existante sur le territoire liée aux engagements et aux activités des personnes âgées (par exemple, associations, transmission des savoirs)
  • Conduire une approche intégrée donc multithématique
  • Articuler sa stratégie et ses actions aux autres niveaux de collectivités (par exemple, la région pour le développement économique, le département pour l’habitat)
  • Montrer qu’un projet de territoire intégrant les enjeux liés au vieillissement bénéficie à l’ensemble de la population (par exemple, en termes d’accessibilité).

Source : L’action des bourgs face à l’enjeu du vieillissement de la population, CGET, avril 2017


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Action sociale »

Voir toutes les ressources numériques Action sociale