Les mutations sociétales modifieront l’attractivité touristique dans dix ans

Publié le 7 juin 2023 à 14h50 - par

Développement durable, préservation de la planète, crise énergétique… Que sera le tourisme dans dix ans ? L’association nationale des élus des territoires touristiques (Anett), la Banque des territoires et l’Ifop ont sondé les Français et les professionnels du tourisme, pour aider les élus à faire évoluer leur offre selon les attentes.

Les mutations sociétales modifieront l'attractivité touristique dans dix ans
© Image par user32212 de Pixabay

Sortie de Covid, contexte socio-économique, transition écologique et énergétique…, autant de facteurs qui modifient les attentes des Français face aux vacances. Les élus doivent en tenir compte pour affiner leur stratégie d’attractivité touristique. Ils peuvent s’appuyer sur la seconde édition du baromètre du tourisme, réalisé par l’association nationale des élus des territoires touristiques (Anett), en partenariat avec la Banque des territoires et l’Ifop. L’Anett présentera les résultats de cet observatoire qui projette les mutations du tourisme dans dix ans lors de son congrès annuel, les 8 et 9 juin 2023 à Pornic (Loire-Atlantique).

« Ce baromètre permet d’apprécier la compatibilité entre les besoins des touristes et les réponses des élus, a expliqué Philippe Sueur, président de l’Anett et maire d’Enghien-les-Bains, le 5 juin 2023 à Paris. Il y a deux ans, nous nous sommes aperçus qu’en matière de tourisme, les élus étaient trop en avance et les Français plus conservateurs. C’est pourquoi nous avons eu besoin de cette seconde édition qui sonde aussi les professionnels du tourisme. »

Cet été, six personnes sur dix partiront en vacances, de préférence au bord de la mer pour 59 % d’entre elles. « Mais la frontière entre les vacances et le lieu de résidence tend à s’estomper avec le télétravail et on voit apparaître des bi-résidences, en particulier sur le littoral Atlantique », a précisé Jérôme Fourquet, directeur du département opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop. En deux ans, si autant de gens pensent partir en vacances qu’en 2021, ce sera sûrement moins loin, moins longtemps et moins souvent. « Une part croissante des Français sont dans une logique d’arbitrage, car leur pouvoir d’achat est contraint par l’inflation, poursuit Jérôme Fourquet. Toutefois, certains postes de dépenses sont sanctuarisés, comme le budget vacances ». En effet, certaines personnes font des efforts tout au long de l’année sur l’alimentation pour maintenir leur budget dédié aux vacances. Quant à ceux qui partent plusieurs fois par an, ils étaient 40 % en 2021 en raison du Covid et ne sont plus que 31 % en 2023. L’inflation touche aussi les professionnels du tourisme : les trois quarts estiment que leur activité est impactée, en particulier par la hausse de l’énergie ainsi que par la conjoncture nationale et internationale.

Les réponses prospectives des Français et des professionnels diffèrent. Dans dix ans, le coût et le confort de l’hébergement seront les principaux critères de choix du lieu de vacances des Français. Alors que 38 % souhaitent aussi une proximité avec la nature, les professionnels surestiment cette dernière tendance qu’ils citent à 50 %. La proximité des activités touristiques, qui attirerait 37 % des sondés, est citée à 44 % par les professionnels. Une autre différence notable concerne la capacité de la commune touristique à  proposer des services et des commerces de proximité, plus importante pour le grand public (30 %) que dans l’esprit des professionnels (11 %).

La location d’hébergement chez des particuliers séduirait un quart des Français, dont presque autant souhaiteraient résider à l’hôtel. Pour leur part, les professionnels ont tendance à surestimer l’intervention future des plateformes (35 %), sans doute par crainte de la concurrence. Ils s’attendent également à une montée en puissance des modes d’hébergement itinérant (15 %), contrairement au grand public qui ne l’envisage qu’à 4 %.

Si 82 % des Français pensent qu’ils adopteront dans dix ans un mode de vacances plus responsable, la moitié le fera seulement si cela n’implique pas de concessions de leur part.

Mais attention : maintenir une attractivité touristique de la commune se travaille, notamment avec les professionnels du secteur. Ainsi que l’a souligné Philippe Sueur, depuis une dizaine d’années, les élus l’ont compris. Pendant longtemps, ils ont considéré que c’était un peu une « économie de cueillette », mais ils sont désormais dans une posture d’attractivité, pas uniquement par la promotion, mais par l’invention.

Une nouvelle vague de l’observatoire sera réalisée en 2025.

Martine Courgnaud – Del Ry


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