Analyse des offres: quelles sont les limites aux demandes de précision sur la teneur des offres?

Publié le 9 février 2012 à 0h00 - par

En  procédure d’appel d’offres, en l’absence de négociation possible, le code des marchés publics autorise simplement les pouvoirs adjudicateurs de demander aux candidats des précisions ou des compléments sur la teneur de leur offre (art. 59-I du code des marchés publics).

Cependant, au nom du principe d’intangibilité des offres, les demandes de précision sur le prix proposé par les candidats doivent constituer de simples rectifications d’erreurs matérielles et ne pas permettre la proposition de prix nouveau. C’est ce que vient de rappeler le Conseil d’Etat en confirmant la décision d’un pouvoir adjudicateur qui avait écarté l’offre d’une entreprise qui avait modifié ses conditions financières suite à une demande de précisions sur la teneur de son offre (Conseil d’État, 16 janvier 2012, Département de l’Essonne, req. n°353629).

Un principe strict…

Le principe d’intangibilité des offres interdit d’assimiler une demande de précisions à une demande de dépôt d’une nouvelle offre. La demande ne doit pas non plus s’apparenter à une négociation avec le candidat. Au nom de ce principe, il convient d’apprécier si le candidat a correctement répondu aux précisions demandées. Dans le cas contraire son offre doit être rejetée comme irrégulière.

Dans l’affaire du 16 janvier 2012, sur un marché de coordination, un des candidats avait chiffré son offre de prix sur un prix journalier alors que la collectivité exigeait un coût horaire. Face à cette erreur matérielle, une demande de précision avait été adressée à l’entreprise. Dans sa réponse, le candidat ne s’est pas contenté de transformer son prix journalier en coût horaire, mais a formulé de nouvelles conditions financières.

Selon le Conseil d’Etat, en proposant ces nouveaux coûts, la société n’a  pas procédé à la rectification d’une erreur purement matérielle mais a modifié le montant de son offre, en méconnaissance du principe d’intangibilité de l’offre. L’offre devait être rejetée comme ne répondant pas au cadre de réponse imposée par l’administration.

… qui s’apprécie au cas par cas

Dans une autre affaire récente portant également sur une erreur matérielle sur le prix proposé, le Conseil d’Etat autorise la prise en compte d’une rectification si l’erreur apparaissait d’une nature telle que nul n’aurait pu s’en prévaloir de bonne foi dans l’hypothèse où l’offre de la société aurait été retenue (CE, 21 septembre 2011, Département des Hauts-de-Seine, req. n° 349149).

On comprend que  la réponse à chaque demande de complément doit être étudiée de manière sérieuse afin de déceler si la réponse du candidat ne recèle pas une nouvelle offre cachée.

Dominique Niay


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