Prisons : « Le recours aux opérateurs privés permet de se recentrer sur les missions premières »

Publié le 5 novembre 2012 à 0h00 - par

Entretien avec Cyril Grenon, chef de la mission gestion déléguée des établissements pénitentiaires au ministère de la Justice.

Weka : En quoi consiste la tâche de la mission gestion déléguée ?

Cyril Grenon : Nous pilotons les contrats concernant la gestion des établissements pénitentiaires en gestion déléguée, c’est-à-dire tous les contrats d’externalisation des fonctions support à l’exploitation pénitentiaire (maintenance, nettoyage, restauration des détenus, hôtellerie, buanderie…).

Nous sommes huit personnes regroupant des expertises technique, financière ou encore juridique, pour gérer une quinzaine de contrats représentant 400 millions d’euros, en s’appuyant sur un réseau régional et local, au niveau des établissements.

Il s’agit donc de manager l’ensemble des contrats de partenariats/marchés publics des 51 établissements en gestion déléguée (sur environ 190), mais qui représente 50% des places. Nos interlocuteurs sont donc de groupes d’envergure nationale et internationale.

Weka : Quelles difficultés implique la gestion déléguée ?

Cyril Grenon : Principalement le contrôle de la bonne exécution de la prestation définie dans le cadre des contrats. Ces contrôles sont aujourd’hui opérés au niveau régional et local par les personnels de l’administration et ponctuellement par des cabinets extérieurs selon la nature ou la technicité du service concerné.

Weka : Et quels en sont les avantages ?

Cyril Grenon : Le recours aux opérateurs privés permet à la direction des établissements de se recentrer sur leurs missions premières : la surveillance et la réinsertion. L’autre avantage, c’est qu’en externalisant la prestation, on externalise les risques, et on décharge ainsi le directeur de certaines responsabilités.

Concernant les coûts, ils sont à peu près équivalents à ceux des établissements en gestion publique, même si il est très difficile d’établir des comparaisons : les établissements en gestion déléguée sont souvent neufs, grands, et de haute-technologie, et ceux en gestion publique généralement plus anciens, plus petits, et ne répondant pas aux mêmes normes techniques.

Le recours à l’externalisation permet en outre de bénéficier de compétences étendues et spécialisées dans des domaines nécessitant d’une part, une technicité ou un savoir-faire particulier, et d’autre part, une forte capacité à maintenir lesdits savoir-faire et compétences en adéquation avec les évolutions, normatives, techniques et technologiques ; de bénéficier d’une meilleure flexibilité en matière de gestion des organisations et des ressources, lui permettant de s’adapter plus facilement aux aléas et aux évolutions de l’exploitation pénitentiaire.

Weka : Quel avenir pour ce mode de gestion ?

Cyril Grenon : Deux contrats de partenariats relatifs à la conception, la construction et l’exploitation de 4 établissements pénitentiaires sont actuellement en cours de signature. L’avenir de ce type de contrat est aujourd’hui beaucoup discuté. Il est probable que le recours à ce type de contrat connaisse un certain ralentissement.

Weka : Vous animez parallèlement chez Weka la formation Répondre efficacement à un marché public. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet ?

Cyril Grenon : Elle s’adresse aux opérateurs privés souhaitant améliorer leurs connaissances de la réglementation, mais aussi comprendre comment fonctionne l’administration, son processus de décision. Les stagiaires sont généralement issus de petites entreprises souhaitant être mieux armées pour répondre aux marchés publics.

On commence par rappeler les grands principes de la commande publique et les différentes procédures, dont certaines peu connues : le code des marchés publics permet beaucoup de choses, dont beaucoup sont peu mises en œuvre. On identifie les écueils, les éléments d’optimisation de l’offre, ainsi que les modalités de jugement des offres. Petit à petit, on traite de points de plus en plus précis, selon le niveau des participants, leurs expériences personnelles.

Cela leur permet de comprendre et d’anticiper les réactions de l’administration. L’objectif n’est pas de leur donner une formule magique, mais une bonne compréhension des règles, de supprimer l’aspect anxiogène des marchés publics, de les désacraliser, de faire comprendre les réactions de l’administration, qui peuvent parfois sembler irrationnelles, mais obéissent à des obligations réglementaires insoupçonnées.

 

Propos recueillis par Bruno Decottignies

Prochaines sessions de la formation Répondre efficacement à un marché public les 29 et 30 novembre 2012 et les 28 et 29 mars 2013, à Paris. Renseignements et inscriptions au 01 53 35 20 25 ou à [email protected]

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